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Au jardin de l’infante/La toison d’or

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Au jardin de l’infanteMercure de FranceŒuvres de Albert Samain, t. 1 (p. 105-106).
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LA TOISON D’OR

Noire dans la nuit bleue, Agrô vogue, rapide.
Les Chefs, au crépuscule évoquant la maison,
Tristes se sont couchés, et dorment. Seul, Jason,
Debout, veille et poursuit son grand rêve intrépide.


La Lyre aux clous de feu brille ; l’ombre est limpide ;
Le silence infini vibre !… Et le fils d’Eson
Emplit de son orgueil immense l’horizon,
Et respire de loin les roses de Colchide.



Or, pendant qu’à la proue il s’enivre, pensif,
Là-bas, Médée en feu, dans le jardin lascif,
Sent sa chair se dissoudre aux tièdes vents d’Asie…


Et déjà, sous l’œil vert du Dragon frémissant,
Le Destin, préparant l’antique frénésie,
Mêle à la Toison d’or l’odeur sombre du sang.