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Au jardin de l’infante/Larmes

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Au jardin de l’infanteMercure de FranceŒuvres de Albert Samain, t. 1 (p. 35-36).
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LARMES

Larmes aux fleurs suspendues,
Larmes de sources perdues
Aux mousses des rochers creux ;


Larmes d’automne épandues,
Larmes de cors entendues
Dans les grands bois douloureux ;


Larmes des cloches latines,
Carmélites, Feuillantines…
Voix des beffrois en ferveur ;



Larmes, chansons argentines
Dans les vasques florentines
Au fond du jardin rêveur ;


Larmes des nuits étoilées,
Larmes de flûtes voilées
Au bleu du parc endormi ;


Larmes aux longs cils perlées,
Larmes d’amante coulées
Jusqu’à l’âme de l’ami ;


Gouttes d’extase, éplorement délicieux,
Tombez des nuits ! Tombez des fleurs ! Tombez des yeux !


Et toi, mon cœur, sois le doux fleuve harmonieux,
Qui, riche du trésor tari des urnes vides,
Roule un grand rêve triste aux mers des soirs languides.