Autant en emporte le vent (Moréas)/C’était comme le champ de Pharsale

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Autant en Emporte le Vent (1886-1887)Léon Vanier, libraire-éditeur (p. 43-44).
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XX


Psyché, mon âme.
Edgar Poe.



C’était comme le champ de Pharsale : des blessés
Hideux
Mouraient sur le bord des fossés ; —
Là, où nous revînmes tous deux,
Avec Psyché, mon âme.

Et je lui dis « N’est-ce pas ? » Et je lui dis
« Ces arcs comme ils s’écroulent, et ces butins quels oripeaux !
Ah, maudites étaient nos armes, et maudits
Nos drapeaux !
 :Psyché, mon âme ! »


C’était comme un Purgatoire, où des ombres aux abois !
Levaient des fronts honteux,
Et se tordaient les doigts ; —
Là, où nous revînmes tous deux,
Avec Psyché, mon âme.

Et je lui dis « N’est-ce pas ? » Et je lui dis
« Ah, ces damnés que chasse le regret,
En fleurs bénignes de Paradis
Qui jamais les mettrait,
 :Psyché, mon âme ! »