Autant en emporte le vent (Moréas)/Ombre de casemate

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Autant en Emporte le Vent (1886-1887)Léon Vanier, libraire-éditeur (p. 29-30).




XIII





Ombre de casemate
Que roussit un vestige de falots,
Lacs sereins, frondants coteaux
Au déclin du char d’Hécate,
Corbeaux
Amis des gibets : noirs cheveux qui raffolez
De pierreries,
Vous n’êtes pas les cheveux de ma Dame.

Ils ne sont pas, non plus, ses cheveux, fin
Or : Aurores,
Bel Arcturus, fulves couchants,
Sur les champs
Javelles, votre orgueil m’est vain
Et vaines vos métaphores.

Fragrante cargaison de nefs
D’Arabie, mais qu’ils me sont soëfs
Les nobles cheveux châtains de ma Dame.
Soit que sa main les apprête
En bandeaux modestes sur sa tête,
Soit qu’ils l’encourtinent déliés, quand amène
Elle se fait à ma peine.