Causeries, deuxième série/Bâtons rompus

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Hachette (2p. 100-114).

BÂTONS ROMPUS.

N’ayez pas peur, sensibles abonnés : je ne veux rien casser sur le dos de personne. La campagne adoucit les mœurs comme la musique. N’est-elle pas un concert perpétuel ? J’entends d’ici le vent qui souffle dans la forêt, une petite chute d’eau qui rebondit sur la pierre, une poule qui pond, un chien qui jappe, un paon qui annonce la pluie, un cygne effaré qui patine en fouettant le bassin de ses ailes ; et tous ces bruits, qui feraient une cacophonie épouvantable entre la Seine et les boulevards, remplissent mes oreilles et mon cœur de la plus douce harmonie.

Lorsqu’en lisant mes journaux, à huit heures du matin, je vois des hommes de talent s’entr’égorger à coups de plume, je me reporte au temps, au jeune temps, où j’étais fou comme eux, et je me ris un peu de moi-même. Que restera-t-il dans dix ans de toutes ces querelles ? Qu’en restera-t-il dans dix jours ? Un peu de rancune par-ci, un peu d’orgueil par-là, un bruit vague dans quelques coins, pas un atome de besogne faite. Or, la postérité se souciera peu de savoir avec qui nous nous sommes empoignés de notre vivant. Mais, en revanche, si nous avons fait prévaloir une idée utile, ou laissé un beau petit livre, gros seulement comme Paul et Virginie, elle redira nos noms avec reconnaissance. C’est pourquoi regardons en avant et suivons notre route sans retourner la tête contre les malheureux qui nous visent au talon.

Les estaminets contemporains s’amusent de ces querelles. Ils trouvent fort plaisant que leurs supérieurs s’injurient ou même se battent devant eux. Nous serions de grands sots, nous qui valons un peu mieux que les buveurs d’absinthe, si nous nous détournions de notre ouvrage pour distraire ces abrutis. L’honneur nous commande-t-il de rendre injures pour injures ? J’en doute d’autant plus qu’il me paraît difficile de lutter avec les malotrus sans descendre à leur niveau. On partage son honneur et sa célébrité, si l’on en a quelqu’une, avec l’individu qu’on prend à bras-le-corps. Qu’un homme emploie son temps à faire le bien qu’il peut et à publier les vérités qu’il sait : à ce prix, la postérité le placera en bon lieu et les contemporains sensés (nous en avons encore plus d’un) lui rendront tôt ou tard justice.

La solitude la plus absolue et les mœurs les plus inoffensives ne nous protègent pas, je le sais, contre les calomnies, les noirceurs et les petites infamies de la basse presse. Mais j’ai inventé pour mon repos un système préservatif que je recommande à tous les piocheurs de ma sorte. Vous croyez peut-être qu’il s’agit de jeter les journaux au feu sans les lire, dès qu’on y a flairé la haine ou l’injustice ? Non ; lisez tout : il y a quelquefois des vérités utiles dans les grossièretés du plus indigne ennemi. Mais aussitôt après avoir lu, mettez-vous bravement à l’ouvrage : le remède est souverain, j’en use depuis plusieurs années, et c’est pourquoi les agressions les plus hargneuses ne m’ébranlent plus.

J’ai lu dans les journaux de la semaine dernière le compte rendu d’un doublé baptême qui m’a vivement interessé. Il ne s’agit pourtant ni de filles ni de garçons, mais de deux cloches dont la plus lourde avait M. de la Vallette pour parrain. L’autre est filleule de M. le comte Boudet, député. Elles parlent français et latin, ces deux cloches. Elles disent en français (suivez l’ordre des préséances, et instruisez-vous, bonnes gens !) : « Je date de 1865 ; Pie IX, pape ; Napoléon III, empereur ; Nicolas Joseph Dabert, évêque ; Justin Macerouze, curé ; Ernest Monteil, maire, etc. » Dans l’inscription latine, elles se vantent l’une et l’autre de dissiper les orages et d’émietter la foudre : Fulgura frango, dit l’une ; Nimbum fugo, dit l’autre.

Supposez que ces deux monuments se retrouvent en 1965 dans les ruines de Bergerac, que diront les archéologues ? Ne seront-ils presque autorisés à croire qu’en 1865 la France plaçait le pape au-dessus de l’Empereur et le curé au-dessus du maire ? Mais ce n’est pas le pis : ils iront jusqu’à dire que de nos jours, deux cents ans après la fondation de l’Académie des sciences la France croyait encore à la vertu magique d’un instrument de tapage. Fulgura frango ! On nous comparera aux Chinois, qui frappent sur leurs chaudrons pendant les éclipses pour effrayer le dragon qui mange le soleil. Nimbum fugo.

Nous qui sommes les contemporains, nous n’accuserons pas le marquis de la Valette de ranger l’Empereur à la suite du pape ; il a fait son choix en public, et même avec un certain éclat. Nous n’accuserons pas un esprit si moderne et si vivant de contre-signer en latin les préjugés absurdes d’un autre âge. Un parrain n’est pas responsable des difformités physiques ou morales de son filleul ; mais il est clair que, pour les bonnes gens qui mettent le spirituel au-dessus du temporel, les découvertes les plus éclatantes de la science moderne seront toujours considérées comme non avenues. Voilà ce qu’on apprend à écouter le langage des cloches.

Mais les cloches auront beau dire : la science va son train. Je vous parlais il y a quelques mois d’un vivier très coûteux que M. Coste a fait construire au bout du monde, dans les rochers granitiques de Concarneau. Pour le voyageur superficiel, cet établissement n’est guère que la boutique à poisson d’un brave homme appelé maître Guillou. Mais notre argent qu’on a dépensé là sans compter ne sert pas seulement à enrichir un marchand : les viviers de Concarneau sont d’abord une école de pisciculture maritime et surtout un puits de science où tous les observateurs du monde sont admis à remplir leur tonneau. M. Gerbe, un savant modeste, y a découvert les métamorphoses féeriques de la langouste ; M. Charles Robin vient d’y trouver l’appareil électrique de la raie. Le plus grand philosophe de la zoologie moderne, Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, avait dit :

« La raie ressemble trop à la torpille pour n’avoir pas un appareil électrique, au moins rudimentaire : l’unité de plan le veut aussi. »

Là-dessus on s’était mis en quête, et l’on n’avait pas trouvé. Charles Robin arrive il y a vingt ans avec son microscope ; il dissèque les raies de la halle aux poissons et découvre l’appareil, mais inerte, comme bien vous pensez. La raie n’arrive pas vivante à Paris ; il est presque impossible de l’apporter en vie jusqu’à terre. Cependant le microscope avait constaté sur les côtés de la queue un tissu identique à celui de la torpille, une pile gélatineuse dont tous les éléments correspondaient d’un côté avec les nerfs, de l’autre avec les vaisseaux sanguins. Robin ajoute son affirmation à celle de Geoffroy Saint-Hilaire, mais il était hors d’état d’expérimenter sur le vif : le vivier de Concarneau manquait à la science, et d’ailleurs le pauvre savant gagnait son pain en donnant des leçons particulières : le besoin le clouait à Paris.

Deux naturalistes étrangers cherchent des raies vivantes, font l’expérience, la manquent, et décident que Geoffroy et Robin se sont trompés l’un après l’autre. Pensez-vous que Robin se tienne pour battu ? Pas plus que M. le Verrier si tous les étrangers avaient cherché sa planète sans la voir, et que lui-même eût été trop pauvre pour acheter un télescope.

Un vrai savant qui a trouvé la vérité a priori attendra toute une vie, s’il le faut, pour appeler l’expérience à son aide. Robin n’a attendu que vingt ans. Il est allé à Concarneau, il a trouvé des raies vivantes sous sa main, ce qui était à peu près impossible avant la création du vivier Guillou, et il a fait fonctionner leur appareil électrique. Ce succès est fertile en enseignements, si je ne me trompe. Il vérifie une fois de plus la grande théorie de Geoffroy Saint-Hilaire ; il justifie une fois de plus la création du vivier par M. Coste ; il montrerait, s’il en était besoin, que le microscope est bon à quelque chose ; il prouve que M. Duruy n’a pas mal fait de donner à Charles Robin une chaire qui le fait vivre ; il décidera peut-être l’Académie des sciences à recevoir un chercheur de premier ordre, sans billet de confession.

Mon excellent et très-honoré collaborateur, M. Victor Meunier, me pardonnera j’en suis sûr, cette petite incursion sur son domaine. J’ai voulu simplement tirer les conséquences d’un fait qu’il a déjà éclairé de sa lumière et sanctionne de son autorité. Je me sauve et j’arrive à l’Académie des beaux-arts, où M. Jules Pelletier a lu un travail hors ligne sur les voyages diplomatiques de Rubens.

Tous les journaux, c’est une justice à leur rendre, ont publié comme à l’envi cette étude d’un esprit très-juste et très-fin. Mais l’auteur est inconnu d’une grande partie du public ; c’est pourquoi je voudrais esquisser sa figure. Plus d’un de ceux qui me lisent s’est dit assurément : Pelletier, Pelletier ? Qu’est-ce que cet académicien-là ? Il est membre de l’Académie des beaux-arts ; cependant, nous n’avons ni peintre, ni sculpteur, ni graveur, ni compositeur célèbre du nom de Pelletier.

La remarque est fort juste, et je vous étonnerai bien davantage en vous disant que cet académicien, qui porte à peine trente ans sur sa figure, est un grave président de la cour des comptes.

Du temps que M. Fould était ministre d’État, il avait mis près de lui deux jeunes gens parfaitement inconnus, mais d’une grande activité et d’une merveilleuse aptitude aux affaires. L’un s’appelait Jules Pelletier, l’autre Georges de Soubeyran. Le premier ne tarda guère à devenir secrétaire général, et le second, chef du cabinet. La position les mettait en rapport avec une multitude d’écrivains et d’artistes, et comme ils étaient gens d’esprit, comme ils manquaient absolument de cette morgue qui sévit trop souvent dans les ministères, ils se firent presque autant d’amis qu’ils rencontrèrent de visages. L’Académie des beaux-arts n’ouvrit pas seulement ses portes à M. J. Pelletier parce qu’elle voyait en lui un distributeur de commandes, mais surtout parce qu’il joignait l’agréable à l’utile et qu’il était artiste jusqu’au bout des doigts. Il est en outre fort érudit, grand amateur de livres, très-friand de curiosités historiques.

Tandis qu’il paraissait accablé sous un labeur énorme au ministère d’État et depuis au ministère des finances, il préparait une histoire du Père Joseph et dirigeait des recherches fort ingénieuses dans toutes les bibliothèques d’Italie. Ce n’est donc pas seulement une coquetterie légitime, mais un goût naturel qui l’a poussé à faire cette intéressante étude sur Rubens.

Son ami, le baron de Soubeyran, après lui avoir succédé comme secrétaire général, est aujourd’hui député et sous-gouverneur du Crédit foncier, où il déploie de hautes capacités financières. M. Pelletier a préféré le travail plus obscur et plus calme de la cour des comptes ; il est simple en ses goûts, et ce n’est pas sans une affinité secrète qu’il s’est mis à retracer la vie de l’Éminence grise. Quoiqu’il ait occupé des postes considérables, je ne crois pas qu’il se soit fait un ennemi, même parmi l’opposition la plus avancée. Il a le sens trop juste et l’esprit trop aimable pour n’être pas tolérant. Et tenez, puisque le hasard fait qu’il habite la même maison que M. Jules Simon, je crois pouvoir affirmer, sans désobliger ni l’un ni l’autre, que ces deux hommes pourraient être, dans un moment donné, des conciliateurs admirables.

Nul ne peut prévoir aujourd’hui ce que l’avenir nous réserve ; mais il est permis d’espérer que les opinions ne se feront pas toujours une guerre acharnée, que le combat des passions hostiles fera place à la discussion amiable des théories, et que, s’il y a toujours des adversaires en présence sur le terrain de la politique, on n’y verra pas éternellement des ennemis aux prises.

On peut prédire aussi, sans trop de paradoxe, que le pouvoir ne recrutera pas toujours ses principaux agents parmi ces vétérans de la politique dont les rangs s’éclaircissent chaque jour. C’est un jeu monotone que de découvrir Pierre pour couvrir Paul, et de faire circuler de place en place un petit personnel immuable et fatigué. Les jeunes gens auront leur tour, et l’avenir m’excusera peut-être d’en avoir dit si long sur M. Jules Pelletier et son ami le baron de Soubeyran.

Puisque je suis sur ce terrain, laissez-moi faire l’éloge d’un sous-préfet : une fois n’est pas coutume. Un brocanteur ne ferait pas fortune avec les encensoirs que j’ai cassés sur le nez des sous-préfets.

Mais une bonne idée est bonne, d’où qu’elle vienne ; elle paraît même un peu meilleure, si je ne me trompe, lorsqu’elle naît en terrain stérile ou réputé tel. Notre administration, prise en bloc, laisse terriblement à dire. Il y a tout un vieux personnel réactionnaire, effaré, rebelle à tout progrès, hostile à toute nouveauté, même bonne. C’est la vieille poussière de la rue de Poitiers qu’on a secouée sur la France et qui s’est logée un peu partout. Mon Dieu ! je ne dis pas qu’il soit impossible de vivre avec cette administration invalide, mais quant à marcher, c’est différent.

Or, il paraît certain que si un gouvernement tient à rester en place, il ne doit pas s’arrêter une minute. Le pays marche, bon gré, mal gré. Précédez-le, si vous avez de bonnes jambes ; suivez-le en arrière-garde, si vous ne pouvez mieux faire, mais ne vous endormez pas sur la route : tous les gouvernements traînards se sont perdus. Ces idées semblent être admises, non-seulement parmi nous autres gens du peuple, mais encore en assez haut lieu. La résistance se produit dans la région intermédiaire. Essayez-donc de faire démarrer l’homme en place ! Il n’a qu’une idée : rester où il est jusqu’à ce qu’un heureux hasard ou la force inerte de l’ancienneté lui procure un avancement. Il sait qu’on ne le destituera jamais pour avoir maintenu le statu quo autour de lui, mais qu’on s’expose en voulant trop bien faire. En émettant une idée nouvelle, il craindrait de se compromettre ; il est d’ailleurs admis dans cette vieille garde que l’initiative est un luxe interdit aux administrateurs.

Cependant, je vois poindre une nouvelle école. Il s’est glissé quelques jeunes gens dans les sous-préfectures, et ceux-là se lancent volontiers à la chasse du mieux en dépit du dicton : « Qui va à la chasse perd sa place. »

À la tête de cette jeune garde, on commence à signaler le sous-préfet de Saint-Jean-d’Angély. Je ne vous le donne pas pour le plus rassis de nos administrateurs, mais c’est un homme. Simple conseiller de préfecture à Laval, si je ne me trompe, il s’est vu dans la nécessité de maintenir les droits du pouvoir civil : il l’a fait énergiquement à ses risques et périls, et il a eu le bonheur de n’être pas puni. Le voici maintenant dans une petite sous-préfecture, et au lieu de vivoter sur la politique comme tant d’autres, il rêve le progrès social et moral. Il invente une société d’assurance mutuelle contre l’ignorance. « Nous savons tous que l’ignorant est livré sans défense à toutes les tentations du crime ; le peuple des prisons et des bagnes se recrute presque exclusivement parmi les illettrés ; cotisons-nous pour que tous les Français puissent apprendre à lire ; il n’y a de sécurité publique qu’à ce prix. » N’est-il pas original et nouveau de voir un sous-préfet confier la sécurité publique au maître d’école, lorsqu’il a une brigade de gendarmerie à sa porte ?

Le plus beau de l’affaire, c’est que l’appel de M. Dugué de la Fauconnerie a été entendu de ses administrés. Il a fondé ce qu’il voulait ; les pièces de cinq francs sont tombées chez lui comme une pluie. Voilà un impôt repoussé par la Chambre et ressuscité sous forme de cotisation volontaire, à la voix d’un sous-préfet qui n’a pas trente ans. Que tous les sous-préfets imitent leur jeune collègue, que les maires se mettent de la partie, l’impôt de l’instruction primaire se trouvera voté directement par la nation. N’est-ce pas curieux, et, dans tous les cas, méritoire ?

Mais tandis qu’on s’agite là-bas pour le bien, je pourrais vous citer tel département où l’administration et le clergé s’entendent fraternellement pour repousser les bibliothèques populaires, confisquer les conférences publiques et arrêter le développement d’un fléau qui s’appelle… devinez ! la propagation de la langue française chez le paysan français.

Dans le Haut-Rhin, c’est autre chose. Mon ami Jean Macé est un vrai diable, un bon. Tout le département est possédé de son esprit honnêtement diabolique. C’est à qui fondera des bibliothèques ; il y en aura bientôt dans les hameaux de six maisons, dans les chaumières isolées, dans les maisons forestières. Et tout le monde se met à lire, et quand les Alsaciens ont lu, comme ils sont d’un sang calme et d’un esprit méditatif, ils se mettent à penser. Et quand ils ont pris l’habitude de penser ils ne sont que meilleurs, ils payent mieux leurs impôts, ils vont moins au cabaret, ils se querellent moins entre eux ; que dis-je ? Ils se mettent à s’entr’aider, les scélérats ! et de la façon la plus évangélique s’il vous plaît. C’est une chose incroyable : l’évêque de Saverne, à qui je l’ai contée, s’est écrié que je me moquais de lui.

Savez-vous ce qu’ils font, ces paysans de Beblenheim ? Ils fondent une société de crédit mutuel. Le capital est fait : moyennant vingt-cinq francs versés en bloc ou par à-comptes, comme à la caisse d’épargnes, le premier honnête homme venu devient sociétaire. Chaque sociétaire peut emprunter pour lui-même ou pour un ami le double de ce qu’il a versé. La banque paye 3 pour 100 à ses créanciers ; elle prête à 6, sur parole, sur signature ou sur produits consignés à domicile, suivant le cas. Je viens de lire les statuts ; ils sont d’une simplicité et d’une droiture admirables, mais non sans malice. Il y a notamment un article 53 que je recommande à mon ami Sauvestre : « Ne pourra pas faire partie de la Société quiconque n’enverra pas régulièrement ses enfants à l’école. » Vous lirez bientôt ces statuts, mon cher Sauvestre, et vous en serez aussi content que si vous les aviez rédigés vous-même ; car si l’idée d’une banque si utile et si démocratique n’avait pas germé dans le cœur de Jean Macé, vous l’auriez trouvée dans le vôtre.

Je suis trop proche voisin de Nancy pour ne pas dire un mot du fameux manifeste que mes compatriotes de Lorraine ont lancé dans le public. Rien n’est plus désirable, à mon avis, que la décentralisation administrative. Je la réclame à cor et à cri depuis que je connais un peu l’organisation de la France. Donc je suis désolé de l’imprudence qu’on a faite en mettant une idée simple, juste, inoffensive, sous le patronage d’une coalition. Demandez-vous la décentralisation pour l’obtenir, ou simplement pour vous la faire refuser et crier ensuite ? Si c’est un « oui » que vous voulez, faites tout ce qu’il faut pour prouver au gouvernement que vous ne cherchez pas des bâtons pour le battre. Cette salade d’adhésions qui jurent ensemble le met nécessairement en défense : elle lui montre un danger dans un progrès qui le rendrait plus fort en le laissant plus libre. Il désirait peut-être hier ce que vous lui demandez aujourd’hui ; il n’en voudra plus demain ; et pourquoi ? Parce que vous mettez sous le patronage d’une opposition trop connue une question de ménage.


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