Baal ou la magicienne passionnée/Préface

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PRÉFACE


Que le lecteur consente, en ouvrant ce livre, à admettre un instant l’Au-Delà.

Je ne réclame point une religion provisoire et l’Au-Delà de transcendance absolu serait au delà du mien. Je ne veux que proposer l’hypothèse, admise à la façon du « supposons le problème résolu » mathématique, d’un monde étranger au nôtre, appartenant aux espaces supérieurs, inconcevable seulement à qui croit notre logique la seule logique possible et que hanteraient quelques-unes des passions dont se taraude la moelle des humains.

L’esprit des hommes, situé, ou créé, ou rejeté, ou tendant, en porte à faux sur plusieurs domaines de connaissable, paraît, surtout en matière romanesque, pouvoir suivre facilement mon désir. Peut-être en sera-t-il plus près de la Vérité absolue, mais je ne dogmatise point. Il me suffit qu’on consente à admettre une source vraisemblable à cette chaleur mystérieuse, à cette lumière inconnue, à tant de contacts secrets qui ne sont vraiment pas du monde qu’étudient les chimistes, les biologistes et les physiciens.

J’ai dit que certaines passions animent mon Au-Delà. L’une, surtout, pour honnie qu’elle soit partout (les mots ne savent pas encore résister à la sottise qui les accole) remplit ce livre de sa véhémence âpre et mystique. C’est la passion sur laquelle, dit Platon, règne le premier des fils de l’Absolu : Eros.


Renée Dunan