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Bible Darby 1885/Lamentations

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Collectif
Traduction par John Nelson Darby.
Édouard Laügt ; Guignard (p. 557-560).

LES LAMENTATIONS DE JÉRÉMIE


I.[1] Comment est-elle assise solitaire, la ville si peuplée ! Celle qui était grande entre les nations est devenue comme veuve ; la princesse parmi les provinces est devenue tributaire.

2Elle pleure, elle pleure pendant la nuit, et ses larmes sont sur ses joues ; de tous ses amants, il n’en est pas un qui la console ; tous ses amis ont agi perfidement envers elle, ils sont pour elle des ennemis.

3Juda est allé en captivité à cause de [son] affliction et de la grandeur de [son] esclavage ; il habite parmi les nations, il n’a pas trouvé de repos ; tous ses persécuteurs l’ont atteint dans [ses] lieux resserrés.

4Les chemins de Sion mènent deuil de ce qu’il n’y a personne qui vienne aux fêtes ; toutes ses portes sont désolées ; ses sacrificateurs gémissent, ses vierges sont dans la détresse ; elle-même est dans l’amertume.

5Ses adversaires dominent[2], ses ennemis prospèrent ; car l’Éternel l’a affligée à cause de la multitude de ses transgressions ; ses petits enfants ont marché captifs devant l’adversaire.

6Et toute la magnificence de la fille de Sion s’est retirée d’elle. Ses princes sont comme des cerfs qui ne trouvent pas de pâture, et ils s’en sont allés sans force devant celui qui les poursuit.

7Jérusalem, dans les jours de son affliction et de son bannissement[3], lorsque son peuple tombait dans[4] la main de l’ennemi et qu’il n’y avait personne qui lui aidât, s’est souvenue de toutes les choses désirables qu’elle avait dans les jours d’autrefois ; les adversaires l’ont vue, ils se sont moqués de sa ruine[5].

8Jérusalem a grièvement péché, c’est pourquoi elle est [rejetée] comme une impureté ; tous ceux qui l’honoraient l’ont méprisée, car ils ont vu sa nudité : elle aussi gémit et s’est retournée en arrière.

9Son impureté était aux pans de sa robe, elle ne s’est pas souvenue de sa fin ; elle est descendue prodigieusement ; il n’y a personne qui la console ! Regarde, ô Éternel, mon affliction, car l’ennemi s’est élevé avec orgueil.

10L’ennemi a étendu sa main sur toutes ses choses désirables ; car elle a vu entrer dans son sanctuaire les nations, au sujet desquelles tu avais commandé qu’elles n’entreraient point dans ta congrégation.

11Tout son peuple gémit ; ils cherchent du pain ; ils ont donné leurs choses désirables contre des aliments pour restaurer [leur] âme. Regarde, Éternel, et contemple, car je suis devenue vile.

12﹡ N’est-ce rien pour vous tous qui passez par le chemin ? Contemplez, et voyez s’il est une douleur comme ma douleur qui m’est survenue, à moi que l’Éternel a affligée au jour de l’ardeur de sa colère.

13D’en haut il a envoyé dans mes os un feu qui les a maîtrisés ; il a tendu un filet pour mes pieds, il m’a fait retourner en arrière ; il m’a mise dans la désolation, dans la langueur, tout le jour.

14Le joug de mes transgressions est lié par sa main ; elles sont entrelacées, elles montent sur mon cou ; il a fait défaillir ma force ; le Seigneur m’a livrée en des mains d’où je ne puis me relever.

15Le Seigneur a abattu tous mes hommes forts au milieu de moi ; il a convoqué contre moi une assemblée pour écraser mes jeunes gens. Le Seigneur a foulé comme au pressoir la vierge, fille de Juda.

16À cause de ces choses je pleure ; mon œil, mon œil se fond en eau ; car il est loin de moi, le consolateur qui restaurerait mon âme. Mes fils sont péris, car l’ennemi a été le plus fort.

17Sion étend ses mains, il n’y a personne qui la console. L’Éternel a commandé au sujet de Jacob que ses adversaires l’entourent ; Jérusalem est devenue au milieu d’eux une impureté.

18﹡ L’Éternel est juste ; car je me suis rebellée contre son commandement. Écoutez, je vous prie, vous tous les peuples, et voyez ma douleur : mes vierges et mes jeunes gens sont allés en captivité.

19J’ai appelé mes amants : ils m’ont trompée. Mes sacrificateurs et mes anciens ont expiré dans la ville, alors qu’ils se sont cherché de la nourriture afin de restaurer leur âme.

20Regarde, Éternel, car je suis dans la détresse ; mes entrailles sont agitées, mon cœur est bouleversé au dedans de moi, car je me suis grièvement rebellée : au dehors l’épée m’a privée d’enfants ; au dedans, c’est comme la mort.

21Ils m’ont entendue gémir : il n’y a personne qui me console ; tous mes ennemis ont appris mon malheur, ils se sont réjouis de ce que toi tu l’as fait. Tu feras venir le jour que tu as appelé, et ils seront comme moi.

22Que toute leur iniquité vienne devant toi, et fais-leur comme tu m’as fait à cause de toutes mes transgressions ; car mes gémissements sont nombreux, et mon cœur est languissant.

II. — Comment, dans sa colère, le Seigneur a-t-il couvert d’un nuage la fille de Sion ! Il a jeté des cieux sur la terre la beauté d’Israël, et, au jour de sa colère, il ne s’est pas souvenu du marchepied de ses pieds.

2Le Seigneur a englouti, sans épargner, toutes les habitations de Jacob ; il a renversé dans sa fureur les forteresses de la fille de Juda ; il a jeté par terre, il a profané le royaume et ses princes.

3Il a retranché, dans l’ardeur de sa colère, toute la corne d’Israël ; il a retiré sa droite devant l’ennemi, et il a brûlé en Jacob comme un feu flamboyant qui dévore à l’entour.

4Il a bandé son arc comme un ennemi ; il s’est tenu là avec sa droite comme un adversaire, et il a tué tout ce qui était agréable à l’œil dans la tente de la fille de Sion ; il a versé, comme un feu, sa fureur.

5Le Seigneur a été comme un ennemi ; il a englouti Israël ; il a englouti tous ses palais, il a détruit ses forteresses, et il a multiplié chez la fille de Juda le gémissement et la plainte.

6Il a saccagé sa clôture comme un jardin ; il a détruit le lieu de son assemblée. L’Éternel a fait oublier dans Sion jour solennel et sabbat ; et, dans l’indignation de sa colère, il a méprisé roi et sacrificateur.

7Le Seigneur a rejeté son autel, il a répudié son sanctuaire ; il a livré en la main de l’ennemi les murs de ses palais ; on a poussé des cris dans la maison de l’Éternel comme au jour d’une fête solennelle.

8L’Éternel s’est proposé de détruire la muraille de la fille de Sion ; il a étendu le cordeau, il n’a pas retiré sa main pour cesser de détruire[6]; et il fait mener deuil au rempart et à la muraille : ils languissent ensemble.

9Ses portes sont enfoncées dans la terre ; il a détruit et brisé ses barres ; son roi et ses princes sont parmi les nations ; la loi n’est plus ; ses prophètes aussi ne trouvent pas de vision de la part de l’Éternel.

10Les anciens de la fille de Sion sont assis par terre, ils gardent le silence ; ils ont mis de la poussière sur leur tête, ils se sont ceints de sacs ; les vierges de Jérusalem baissent leur tête vers la terre.

11﹡ Mes yeux se consument dans les larmes, mes entrailles sont agitées, mon foie s’est répandu sur la terre, à cause de la ruine de la fille de mon peuple, parce que les enfants et ceux qui tètent défaillent dans les places de la ville.

12Ils disent à leurs mères : Où est le blé et le vin ? — défaillant dans les places de la ville comme des blessés à mort, [et] rendant l’âme sur le sein de leurs mères.

13Quel témoignage t’apporterai-je ? Que comparerai-je à toi, fille de Jérusalem ? Qui est-ce que j’égalerai à toi, afin que je te console, vierge, fille de Sion ? car ta ruine est grande comme la mer : qui te guérira ?

14Tes prophètes ont vu pour toi la vanité et la folie, et ils n’ont pas mis à découvert ton iniquité pour détourner ta captivité ; mais ils ont vu pour toi des oracles de vanité et de séduction[7].

15Tous ceux qui passent par le chemin battent des mains sur toi ; ils sifflent et branlent la tête sur la fille de Jérusalem : Est-ce ici la ville dont on disait : La parfaite en beauté, la joie de toute la terre ?

16Tous tes ennemis ouvrent la bouche sur toi ; ils sifflent et grincent des dents ; ils disent : Nous les avons engloutis ; oui, c’est ici le jour que nous attendions ! Nous l’avons trouvé, nous l’avons vu !

17L’Éternel a fait ce qu’il s’était proposé, il a accompli sa parole qu’il avait commandée[8] dès les jours d’autrefois ; il a renversé et n’a point épargné, et il a fait que l’ennemi s’est réjoui sur toi ; il a élevé la corne de tes adversaires.

18﹡ Leur cœur a crié au Seigneur. Muraille de la fille de Sion, laisse couler des larmes jour et nuit, comme un torrent ; ne te donne pas de relâche, que la prunelle de tes yeux ne cesse point !

19Lève-toi, crie de nuit au commencement des veilles ; répands ton cœur comme de l’eau devant la face du Seigneur. Lève tes mains vers lui pour la vie de tes petits enfants qui défaillent de faim au coin de toutes les rues.

20Regarde, Éternel, et considère à qui tu as fait ainsi ! Les femmes dévoreront-elles leur fruit, les petits enfants dont elles prennent soin ? Tuera-t-on le sacrificateur et le prophète dans le sanctuaire du Seigneur ?

21L’enfant et le vieillard sont couchés par terre dans les rues ; mes vierges et mes jeunes hommes sont tombés par l’épée : tu as tué au jour de ta colère, tu as égorgé, tu n’as point épargné !

22Tu as convoqué, comme en un jour de fête solennelle, mes terreurs de toutes parts ; et au jour de la colère de l’Éternel, il n’y a eu ni réchappé, ni reste : ceux dont j’avais pris soin et que j’avais élevés, mon ennemi les a consumés.

* III. — Je suis l’homme qui ai vu l’affliction par la verge de sa fureur. 2Il m’a conduit et amené dans les ténèbres, et non dans la lumière. 3Certes c’est contre moi qu’il a tout le jour tourné et retourné sa main.

4Il a fait vieillir ma chair et ma peau ; il a brisé mes os. 5Il a bâti contre moi, et m’a environné de fiel et de peine. 6Il m’a fait habiter dans des lieux ténébreux, comme ceux qui sont morts depuis longtemps.

7Il a fait une clôture autour de moi, afin que je ne sorte point ; il a appesanti mes chaînes. 8Même quand je crie et que j’élève ma voix, il ferme l’accès à ma prière. 9Il a barré mes chemins avec des pierres de taille ; il a bouleversé mes sentiers.

10Il a été pour moi un ours aux embûches, un lion dans les lieux cachés. 11Il a fait dévier mes chemins et m’a déchiré ; il m’a rendu désolé. 12Il a bandé son arc, et m’a placé comme un but pour la flèche.

13Il a fait entrer dans mes reins les flèches[9] de son carquois. 14Je suis la risée de tout mon peuple, leur chanson tout le jour. 15Il m’a rassasié d’amertumes, il m’a abreuvé d’absinthe.

16Il m’a brisé les dents avec du gravier ; il m’a couvert de cendre. 17Et tu as rejeté mon âme loin de la paix, j’ai oublié le bonheur ; 18et j’ai dit : Ma confiance[10] est périe, et mon espérance en l’Éternel.

19Souviens-toi de mon affliction, et de mon bannissement[11], de l’absinthe et du fiel. 20Mon âme s’en souvient sans cesse, et elle est abattue au dedans de moi. — 21Je rappelle ceci à mon cœur, c’est pourquoi j’ai espérance :

22Ce sont les bontés de l’Éternel que nous ne sommes pas consumés, car ses compassions ne cessent pas ; 23elles sont nouvelles chaque matin ; grande est ta fidélité ! 24L’Éternel est ma portion, dit mon âme ; c’est pourquoi j’espérerai en lui.

25L’Éternel est bon pour ceux qui s’attendent à lui, pour l’âme qui le cherche. 26C’est une chose bonne qu’on attende, et dans le silence, le salut de l’Éternel. 27Il est bon à l’homme de porter le joug dans sa jeunesse :

28Il est assis solitaire, et se tait, parce qu’il l’a pris sur lui ; 29il met sa bouche dans la poussière : peut-être y aura-t-il quelque espoir. 30Il présente la joue à celui qui le frappe, il est rassasié d’opprobres.

31Car le Seigneur ne rejette pas pour toujours ; 32mais, s’il afflige, il a aussi compassion, selon la grandeur de ses bontés ; 33car ce n’est pas volontiers qu’il afflige et contriste les fils des hommes.

34Qu’on écrase sous les pieds tous les prisonniers de la terre, 35qu’on fasse fléchir le droit d’un homme devant la face du Très-haut, 36qu’on fasse tort à un homme dans sa cause, le Seigneur ne le voit-il point[12]?

37Qui est-ce qui dit une chose, et elle arrive, quand le Seigneur ne l’a point commandée ? 38N’est-ce pas de la bouche du Très-haut que viennent les maux et les biens ? 39Pourquoi un homme vivant se plaindrait-il, un homme, à cause de la peine[13] de ses péchés ?

40Recherchons nos voies, et scrutons-les, et retournons jusqu’à l’Éternel. 41Élevons nos cœurs avec nos mains vers *Dieu dans les cieux. 42Nous avons désobéi et nous avons été rebelles ; tu n’as pas pardonné.

43Tu t’es enveloppé de colère et tu nous as poursuivis ; tu as tué, tu n’as point épargné. 44Tu t’es enveloppé d’un nuage, de manière à ce que la prière ne passât point. 45Tu nous as faits la balayure et le rebut au milieu des peuples.

46Tous nos ennemis ont ouvert la bouche sur nous. 47La frayeur et la fosse sont venues sur nous, la destruction et la ruine. 48Des ruisseaux d’eaux coulent de mes yeux à cause de la ruine de la fille de mon peuple.

49Mon œil se fond en eau, il ne cesse pas et n’a point de relâche, 50jusqu’à ce que l’Éternel regarde et voie des cieux. 51Mon œil afflige mon âme à cause de toutes les filles de ma ville.

52Ceux qui sont mes ennemis sans cause m’ont donné la chasse comme à l’oiseau. 53Ils m’ont ôté la vie dans une fosse, et ont jeté des pierres[14] sur moi. 54Les eaux ont coulé par-dessus ma tête ; j’ai dit : Je suis retranché !

55J’ai invoqué ton nom, ô Éternel ! de la fosse des abîmes. 56Tu as entendu ma voix ; ne cache point ton oreille à mon soupir, à mon cri. 57Tu t’es approché au jour que je t’ai invoqué ; tu as dit : Ne crains pas.

58Seigneur, tu as pris en main la cause[15] de mon âme, tu as racheté ma vie. 59Tu as vu, Éternel, le tort qu’on me fait ; juge ma cause. 60Tu as vu toute leur vengeance, toutes leurs machinations contre moi.

61Tu as entendu leurs outrages, ô Éternel ! toutes leurs machinations contre moi, 62les lèvres de ceux qui s’élèvent contre moi, et ce qu’ils se proposent contre moi tout le jour. 63Regarde quand ils s’asseyent et quand ils se lèvent : je suis leur chanson.

64Rends-leur une récompense, ô Éternel ! selon l’ouvrage de leurs mains. 65Donne-leur un cœur cuirassé ; ta malédiction soit sur eux ! Poursuis-les dans ta colère et détruis-les de dessous les cieux de l’Éternel.

* IV. — Comment l’or est-il devenu obscur, et l’or fin a-t-il été changé ! [Comment] les pierres du lieu saint sont-elles répandues au coin de toutes les rues !

2Les fils de Sion, si précieux, estimés à l’égal de l’or fin, comment sont-ils réputés des vases de terre, ouvrage des mains d’un potier ?

3Les chacals même présentent la mamelle, allaitent leurs petits ; la fille de mon peuple est devenue cruelle comme les autruches du désert.

4La langue de celui qui tétait se colle par la soif à son palais ; les petits enfants demandent demandent du pain, personne ne le rompt pour eux.

5Ceux qui mangeaient des mets délicats sont là, périssant dans les rues ; ceux qui étaient élevés sur l’écarlate embrassent le fumier.

6Et la peine de l’iniquité de la fille de mon peuple est plus grande que la peine du péché de Sodome, qui fut renversée comme en un moment sans qu’on ait porté les mains sur elle.

7﹡ Ses nazaréens étaient plus purs que la neige, plus blancs que le lait ; leur corps était plus vermeil que des rubis[16], leur taille un saphir.

8Leur figure est plus sombre que le noir, on ne les connaît pas dans les rues ; leur peau s’attache à leurs os, elle est sèche comme du bois.

9Ceux qui ont été tués par l’épée ont été plus heureux que ceux qui sont morts par la famine ; parce que ceux-ci ont dépéri, consumés[17] par le manque du produit des champs.

10Les mains de femmes tendres ont cuit leurs enfants, ils ont été leur viande dans la ruine de la fille de mon peuple.

11﹡ L’Éternel a accompli sa fureur, il a versé l’ardeur de sa colère et a allumé dans Sion un feu qui en a dévoré les fondements.

12Les rois de la terre et tous les habitants du monde n’eussent pas cru que l’adversaire et l’ennemi entreraient dans les portes de Jérusalem.

13C’est à cause des péchés de ses prophètes, des iniquités de ses sacrificateurs, qui versaient au milieu d’elle le sang des justes.

14Ils erraient aveugles par les rues, ils étaient souillés de sang, de sorte qu’on ne pouvait toucher leurs vêtements.

15Retirez-vous ! un impur ! leur criait-on ; retirez-vous, retirez-vous, ne touchez pas !… Quand ils se sont enfuis, ils ont erré çà et là ; on a dit parmi les nations : Ils n’auront plus leur demeure !

16La face de l’Éternel les a coupés en deux[18]; il ne veut plus les regarder. Ils n’ont pas respecté la face des sacrificateurs, ils n’ont pas usé de grâce envers les vieillards.

17Pour nous, nos yeux se consumaient après un secours de vanité ; nous avons attendu continuellement une nation qui ne sauvait pas.

18Ils ont fait la chasse à nos pas, de manière que nous ne pouvions pas marcher sur nos places : notre fin est proche, nos jours sont accomplis ; notre fin est venue !

19Ceux qui nous poursuivaient ont été plus rapides que les gypaëtes des cieux, ils nous ont donné la chasse sur les montagnes, ils nous ont tendu des embûches dans le désert.

20Le souffle de nos narines, l’oint de l’Éternel, a été pris dans leurs fosses, celui dont nous disions : Nous vivrons sous son ombre parmi les nations.

21﹡ Sois dans l’allégresse et réjouis-toi, fille d’Édom, qui habites dans le pays d’Uts ! La coupe passera aussi vers toi ; tu en seras enivrée, et tu te mettras à nu !

22La peine de ton iniquité a pris fin, fille de Sion ; il ne te mènera plus captive. Il visitera ton iniquité, fille d’Édom ; il découvrira tes péchés.

V. — Souviens-toi, ô Éternel ! de ce qui nous est arrivé. Regarde, et vois notre opprobre.

2Notre héritage est dévolu à des étrangers, nos maisons, à des forains.

3Nous sommes des orphelins, sans père ; nos mères sont comme des veuves.

4Nous buvons notre eau à prix d’argent ; notre bois nous vient par achat.

5Ceux qui nous poursuivent sont sur notre cou ; nous nous fatiguons, pas de repos pour nous !

6Nous avons tendu la main vers l’Égypte, vers l’Assyrie, pour être rassasiés de pain.

7Nos pères ont péché, ils ne sont plus, et nous portons la peine de leurs iniquités.

8Des serviteurs dominent sur nous ; personne ne nous délivre de leur main.

9Nous recueillons notre pain au [péril de] notre vie, à cause de l’épée du désert.

10Notre peau brûle comme un four, à cause de l’ardeur de la faim.

11Ils ont humilié les femmes dans Sion, les vierges dans les villes de Juda.

12Des princes ont été pendus par leur main ; la personne des vieillards n’a pas été honorée.

13Les jeunes gens ont porté les meules, et les jeunes garçons ont trébuché sous le bois.

14Les vieillards ne sont plus assis dans[19] la porte, les jeunes gens n’[y] chantent plus.

15Notre cœur a cessé de se réjouir ; notre danse est changée en deuil.

16La couronne de notre tête est tombée. Malheur à nous, car nous avons péché.

17À cause de cela notre cœur est abattu ; à cause de ces choses nos yeux sont obscurcis,

18À cause de la montagne de Sion qui est désolée : les renards s’y promènent.

19﹡ Toi, ô Éternel ! tu demeures à toujours, ton trône est de génération en génération.

20Pourquoi nous oublies-tu à jamais, nous abandonnes-tu pour de longs jours ?

21Fais-nous revenir à toi, ô Éternel ! et nous reviendrons ; renouvelle nos jours comme [ils étaient] autrefois !

22Ou bien, nous aurais-tu entièrement rejetés ? Serais-tu extrêmement courroucé contre nous ?


  1. La lettre hébraïque initiale de chacun des versets des chap. I, II, et IV, suit l’odre alphabétique ; au chap. III il en est de même pour chaque paragraphe de trois versets, la lettre initiale de chacun de ceux-ci restant la même.
  2. litt. : sont à la tête.
  3. ou : sa misère.
  4. ou : par.
  5. ou : ses [jours de] repos.
  6. litt. : d’engloutir.
  7. ou : de cause d’exil.
  8. c. à d. commandé [aux prophètes de dire].
  9. litt. : fils.
  10. ou : force.
  11. ou : ma misère.
  12. selon qqs. : le Seigneur ne le voit pas [avec complaisance].
  13. ou : plaindrait-il ? Qu’un homme [se plaigne] à cause.
  14. litt. : [une] pierre.
  15. litt. : les causes.
  16. ou : du corail.
  17. litt. : transpercés.
  18. ou : divisés, dispersés.
  19. litt. : ont cessé de.