Bible Segond 1899/1 Timothée

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Collectif
Traduction par Louis Segond.
Delessert (p. 279-284).

PREMIÈRE ÉPÎTRE DE PAUL
À TIMOTHÉE.


Adresse et salutation.

1 Paul, apôtre de Jésus-Christ, par ordre de Dieu notre Sauveur et de Jésus-Christ notre espérance, 2à Timothée[1], mon enfant légitime en la foi : que la grâce, la miséricorde et la paix, te soient données de la part de Dieu le Père et de Jésus-Christ notre Seigneur !

Les fausses doctrines et l’Évangile de grâce. Combattre le bon combat.

3Je te rappelle l’exhortation que je te fis, à mon départ pour la Macédoine, lorsque je t’engageai à rester à Éphèse, afin de recommander à certaines personnes de ne pas enseigner d’autres doctrines, 4et de ne pas s’attacher à des fables et à des généalogies sans fin, qui produisent des discussions plutôt qu’elles n’avancent l’œuvre de Dieu dans la foi.

5Le but du commandement, c’est une charité venant d’un cœur pur, d’une bonne conscience, et d’une foi sincère. 6Quelques-uns, s’étant détournés de ces choses, se sont égarés dans de vains discours ; 7ils veulent être docteurs de la loi, et ils ne comprennent ni ce qu’ils disent, ni ce qu’ils affirment. 8Nous n’ignorons pas que la loi est bonne, pourvu qu’on en fasse un usage légitime, 9sachant bien que la loi n’est pas faite pour le juste, mais pour les méchants et les rebelles, les impies et les pécheurs, les irréligieux et les profanes, les parricides, les meurtriers, 10les impudiques, les infâmes, les voleurs d’hommes, les menteurs, et tout ce qui est contraire à la saine doctrine,—11conformément à l’Évangile de la gloire du Dieu bienheureux, Évangile qui m’a été confié.

12Je rends grâces à celui qui m’a fortifié, à Jésus-Christ notre Seigneur, de ce qu’il m’a jugé fidèle, en m’établissant dans le ministère, 13moi qui étais auparavant un blasphémateur, un persécuteur, un homme violent. Mais j’ai obtenu miséricorde, parce que j’agissais par ignorance, dans l’incrédulité ; 14et la grâce de notre Seigneur a surabondé, avec la foi et la charité qui est en Jésus-Christ. 15C’est une parole certaine et entièrement digne d’être reçue, que Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs, dont je suis le premier. 16Mais j’ai obtenu miséricorde, afin que Jésus-Christ fît voir en moi le premier toute sa longanimité, pour que je servisse d’exemple à ceux qui croiraient en lui pour la vie éternelle. 17Au roi des siècles, immortel, invisible, seul Dieu, soient honneur et gloire, aux siècles des siècles ! Amen !

18Le commandement que je t’adresse, Timothée, mon enfant, selon les prophéties faites précédemment à ton sujet, c’est que, d’après elles, tu combattes le bon combat, 19en gardant la foi et une bonne conscience. Cette conscience, quelques-uns l’ont perdue, et ils ont fait naufrage par rapport à la foi. 20De ce nombre sont Hyménée et Alexandre, que j’ai livrés à Satan, afin qu’ils apprennent à ne pas blasphémer.

La prière pour tous. Les devoirs des femmes.

2 J’exhorte donc, avant toutes choses, à faire des prières, des supplications, des requêtes, des actions de grâces, pour tous les hommes, 2pour les rois et pour tous ceux qui sont élevés en dignité, afin que nous menions une vie paisible et tranquille, en toute piété et honnêteté. 3Cela est bon et agréable devant Dieu notre Sauveur, 4qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. 5Car il y a un seul Dieu, et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme, 6qui s’est donné lui-même en rançon pour tous. C’est là le témoignage rendu en son propre temps, 7et pour lequel j’ai été établi prédicateur et apôtre,—je dis la vérité, je ne mens pas,—chargé d’instruire les païens dans la foi et la vérité.

8Je veux donc que les hommes prient en tout lieu, en élevant des mains pures, sans colère ni mauvaises pensées.

9Je veux aussi que les femmes, vêtues d’une manière décente, avec pudeur et modestie, ne se parent ni de tresses, ni d’or, ni de perles, ni d’habits somptueux, 10mais qu’elles se parent de bonnes œuvres, comme il convient à des femmes qui font profession de servir Dieu. 11Que la femme écoute l’instruction en silence, avec une entière soumission. 12Je ne permets pas à la femme d’enseigner, ni de prendre de l’autorité sur l’homme ; mais elle doit demeurer dans le silence. 13Car Adam a été formé le premier, Ève ensuite ; 14et ce n’est pas Adam qui a été séduit, c’est la femme qui, séduite, s’est rendue coupable de transgression. 15Elle sera néanmoins sauvée par l’enfantement, si elle persévère avec modestie dans la foi, dans la charité, et dans la sainteté.

Les devoirs des évêques et des diacres.

3 Cette parole est certaine : Si quelqu’un aspire à la charge d’évêque[2], il désire une œuvre excellente. 2Il faut donc que l’évêque soit irréprochable, mari d’une seule femme, sobre, circonspect, réglé dans sa conduite, hospitalier, propre à l’enseignement. 3Il faut qu’il ne soit ni adonné au vin, ni violent, mais indulgent, pacifique, désintéressé. 4Il faut qu’il dirige bien sa propre maison, et qu’il tienne ses enfants dans la soumission et dans une parfaite honnêteté ; 5car si quelqu’un ne sait pas diriger sa propre maison, comment prendra-t-il soin de l’Église de Dieu ? 6Il ne faut pas qu’il soit un nouveau converti, de peur qu’enflé d’orgueil il ne tombe sous le jugement du diable. 7Il faut aussi qu’il reçoive un bon témoignage de ceux du dehors, afin de ne pas tomber dans l’opprobre et dans les pièges du diable.

8Les diacres aussi doivent être honnêtes, éloignés de la duplicité, des excès du vin, d’un gain sordide, 9conservant le mystère de la foi dans une conscience pure. 10Qu’on les éprouve d’abord, et qu’ils exercent ensuite leur ministère, s’ils sont sans reproche. 11Les femmes, de même, doivent être honnêtes, non médisantes, sobres, fidèles en toutes choses. 12Les diacres doivent être maris d’une seule femme, et diriger bien leurs enfants et leurs propres maisons ; 13car ceux qui remplissent convenablement leur ministère s’acquièrent un rang honorable, et une grande assurance dans la foi en Jésus-Christ.

14Je t’écris ces choses, avec l’espérance d’aller bientôt vers toi, 15mais afin que tu saches, si je tarde, comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’Église du Dieu vivant, la colonne et l’appui de la vérité. 16Et, sans contredit, le mystère de la piété est grand : celui qui a été manifesté en chair, justifié par l’Esprit, vu des anges, prêché parmi les nations, cru dans le monde, élevé dans la gloire.

Recommandations à Timothée au sujet des faux docteurs, de sa conduite dans l’exercice du ministère, et de la correction fraternelle.

4 Mais l’Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, quelques-uns abandonneront la foi, pour s’attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines de démons, 2par l’hypocrisie de faux docteurs portant la marque de la flétrissure dans leur propre conscience, 3prescrivant de ne pas se marier, et de s’abstenir d’aliments que Dieu a créés pour qu’ils soient pris avec actions de grâces par ceux qui sont fidèles et qui ont connu la vérité. 4Car tout ce que Dieu a créé est bon, et rien ne doit être rejeté, pourvu qu’on le prenne avec actions de grâces, 5parce que tout est sanctifié par la parole de Dieu et par la prière.

6En exposant ces choses aux frères, tu seras un bon ministre de Jésus-Christ, nourri des paroles de la foi et de la bonne doctrine que tu as exactement suivie. 7Repousse les contes profanes et absurdes[3]. 8Exerce-toi à la piété ; car l’exercice corporel est utile à peu de chose, tandis que la piété est utile à tout, ayant la promesse de la vie présente et de celle qui est à venir. 9C’est là une parole certaine et entièrement digne d’être reçue. 10Nous travaillons, en effet, et nous combattons, parce que nous mettons notre espérance dans le Dieu vivant, qui est le Sauveur de tous les hommes, principalement des croyants.

11Déclare ces choses, et enseigne-les. 12Que personne ne méprise ta jeunesse ; mais sois un modèle pour les fidèles, en parole, en conduite, en charité, en foi, en pureté.

13Jusqu’à ce que je vienne, applique-toi à la lecture, à l’exhortation, à l’enseignement. 14Ne néglige pas le don qui est en toi, et qui t’a été donné par prophétie avec l’imposition des mains de l’assemblée des anciens. 15Occupe-toi de ces choses, donne-toi tout entier à elles, afin que tes progrès soient évidents pour tous. 16Veille sur toi-même et sur ton enseignement ; persévère dans ces choses, car, en agissant ainsi, tu te sauveras toi-même, et tu sauveras ceux qui t’écoutent.

5 Ne réprimande pas rudement le vieillard, mais exhorte-le comme un père ; exhorte les jeunes gens comme des frères, 2les femmes âgées comme des mères, celles qui sont jeunes comme des sœurs, en toute pureté.

Directions au sujet des veuves, des anciens, des serviteurs.

3Honore les veuves qui sont véritablement veuves. 4Si une veuve a des enfants ou des petits-enfants, qu’ils apprennent avant tout à exercer la piété envers leur propre famille, et à rendre à leurs parents ce qu’ils ont reçu d’eux ; car cela est agréable à Dieu. 5Celle qui est véritablement veuve, et qui est demeurée dans l’isolement, met son espérance en Dieu et persévère nuit et jour dans les supplications et les prières. 6Mais celle qui vit dans les plaisirs est morte, quoique vivante. 7Déclare-leur ces choses, afin qu’elles soient irréprochables. 8Si quelqu’un n’a pas soin des siens, et principalement de ceux de sa famille, il a renié la foi, et il est pire qu’un infidèle. 9Qu’une veuve, pour être inscrite sur le rôle, n’ait pas moins de soixante ans, qu’elle ait été femme d’un seul mari, 10qu’elle soit recommandable par de bonnes œuvres, ayant élevé des enfants, exercé l’hospitalité, lavé les pieds des saints, secouru les malheureux, pratiqué toute espèce de bonne œuvre. 11Mais refuse les jeunes veuves ; car, lorsque la volupté les détache du Christ, elles veulent se marier, 12et se rendent coupables en ce qu’elles violent leur premier engagement. 13Avec cela, étant oisives, elles apprennent à aller de maison en maison ; et non seulement elles sont oisives, mais encore causeuses et intrigantes, disant ce qu’il ne faut pas dire. 14Je veux donc que les jeunes se marient, qu’elles aient des enfants, qu’elles dirigent leur maison, qu’elles ne donnent à l’adversaire aucune occasion de médire ; 15car déjà quelques-unes se sont détournées pour suivre Satan. 16Si quelque fidèle, homme ou femme, a des veuves[4], qu’il les assiste, et que l’Église n’en soit point chargée, afin qu’elle puisse assister celles qui sont véritablement veuves.

17Que les anciens qui dirigent bien soient jugés dignes d’un double honneur, surtout ceux qui travaillent à la prédication et à l’enseignement. 18Car l’Écriture dit : Tu n’emmuselleras point le bœuf quand il foule le grain. Et l’ouvrier mérite son salaire. 19Ne reçois point d’accusation contre un ancien, si ce n’est sur la déposition de deux ou de trois témoins. 20Ceux qui pèchent, reprends-les devant tous, afin que les autres aussi éprouvent de la crainte. 21Je te conjure devant Dieu, devant Jésus-Christ, et devant les anges élus, d’observer ces choses sans prévention, et de ne rien faire par faveur. 22N’impose les mains à personne avec précipitation, et ne participe pas aux péchés d’autrui ; toi-même, conserve-toi pur. 23Ne continue pas à ne boire que de l’eau ; mais fais usage d’un peu de vin, à cause de ton estomac et de tes fréquentes indispositions. 24Les péchés de certains hommes sont manifestes, même avant qu’on les juge, tandis que chez d’autres, ils ne se découvrent que dans la suite. 25De même, les bonnes œuvres sont manifestes, et celles qui ne le sont pas ne peuvent rester cachées.

6 Que tous ceux qui sont sous le joug de la servitude regardent leurs maîtres comme dignes de tout honneur, afin que le nom de Dieu et la doctrine ne soient pas blasphémés. 2Et que ceux qui ont des fidèles pour maîtres ne les méprisent pas, sous prétexte qu’ils sont frères ; mais qu’ils les servent d’autant mieux que ceux qui reçoivent leurs bons offices sont des frères et des bien-aimés. Enseigne ces choses et recommande-les.

Les faux docteurs et l’amour des richesses. Conseils à Timothée sur la recherche des biens spirituels et la fidélité à l’Évangile.

3Si quelqu’un enseigne de fausses doctrines, et ne s’attache pas aux saines paroles de notre Seigneur Jésus-Christ et à la doctrine qui est selon la piété, 4il est enflé d’orgueil, il ne sait rien, et il a la maladie des questions oiseuses et des disputes de mots, d’où naissent l’envie, les querelles, les calomnies, les mauvais soupçons, 5les vaines discussions d’hommes corrompus d’entendement, privés de la vérité, et croyant que la piété est une source de gain. 6C’est, en effet, une grande source de gain que la piété avec le contentement ; 7car nous n’avons rien apporté dans le monde, et il est évident que nous n’en pouvons rien emporter ; 8si donc nous avons la nourriture et le vêtement, cela nous suffira. 9Mais ceux qui veulent s’enrichir tombent dans la tentation, dans le piège, et dans beaucoup de désirs insensés et pernicieux qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition. 10Car l’amour de l’argent est une racine de tous les maux ; et quelques-uns, en étant possédés, se sont égarés loin de la foi, et se sont jetés eux-mêmes dans bien des tourments.

11Pour toi, homme de Dieu, fuis ces choses, et recherche la justice, la piété, la foi, la charité, la patience, la douceur. 12Combats le bon combat de la foi, saisis la vie éternelle, à laquelle tu as été appelé, et pour laquelle tu as fait une belle confession en présence d’un grand nombre de témoins. 13Je te recommande, devant Dieu qui donne la vie à toutes choses, et devant Jésus-Christ, qui fit une belle confession devant Ponce Pilate, 14de garder le commandement, et de vivre[5] sans tache, sans reproche, jusqu’à l’apparition de notre Seigneur Jésus-Christ, 15que manifestera en son temps le bienheureux et seul souverain, le roi des rois, et le Seigneur des seigneurs, 16qui seul possède l’immortalité, qui habite une lumière inaccessible, que nul homme n’a vu ni ne peut voir, à qui appartiennent l’honneur et la puissance éternelle. Amen !

17Recommande aux riches du présent siècle de ne pas être orgueilleux, et de ne pas mettre leur espérance dans des richesses incertaines, mais de la mettre en Dieu, qui nous donne avec abondance toutes choses pour que nous en jouissions. 18Recommande-leur de faire du bien, d’être riches en bonnes œuvres, d’avoir de la libéralité, de la générosité, 19et de s’amasser ainsi pour l’avenir un trésor placé sur un fondement solide, afin de saisir la vie véritable.

20Ô Timothée, garde le dépôt, en évitant les discours vains et profanes, 21et les disputes de la fausse science dont font profession quelques-uns, qui se sont ainsi détournés de la foi.

Que la grâce soit avec toi !


  1. Timothée, fils d’un père grec et d’une femme juive fidèle, rencontré pour la première fois par Paul à Lystre (Act. xvi. 1–3), et dès lors l’un des plus dévoués compagnons d’œuvre de l’apôtre.
  2. Évêque, ancien ou pasteur, voy. note sur Act. xx. 28.
  3. Absurdes, grec de vieille femme.
  4. Sous-entendu : “dans sa famille.”
  5. Et de vivre n’est pas dans le texte.