Bigot et sa bande/18

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Nicolas des Méloizes


Bigot et son insatiable suppôt Péan contaminaient tous ceux qui venaient en contact avec eux. Le brave officier des Méloizes était le frère d’Angélique des Méloizes, femme de Péan et grande amie de Bigot. Il n’est donc pas étonnant qu’il ait accepté certaines faveurs de l’intendant.

Nicolas Renaud d’Avesnes des Méloizes appartenait à une famille de bonne noblesse dont les membres avaient fait leur carrière dans l’armée depuis plusieurs générations. Son grand-père, François-Marie Renaud d’Avesnes des Méloizes, était passé dans la Nouvelle-France en 1685 en qualité de capitaine dans les troupes de la marine. Le gouverneur Frontenac le signalait au ministre, un peu plus tard, comme un des meilleurs et des plus sages officiers de la Nouvelle-France. Le père de M. des Méloizes, Nicolas-Marie Renaud d’Avesnes des Méloizes, également officier dans les troupes de la marine, avait perdu une bonne partie de sa fortune, dans une tentative d’établissement de fabrique de tuilerie et de briqueterie à Québec.

Nicolas Renaud d’Avesnes des Méloizes, né à Québec le 21 novembre 1729, fut lui aussi officier dans les troupes de la marine. S’il accepta les faveurs de Bigot, il n’en gagna pas moins ses promotions sur les champs de bataille. Il fit plusieurs campagnes et se distingua en maintes occasions.

Le 1er janvier 1759, M. de Méloizes était fait aide-major des troupes de la marine.

À la bataille de Sainte-Foy, il accomplit des prodiges de valeur et fut blessé à la cuisse d’un éclat de bombe.

Le gouverneur de Vaudreuil, dans sa lettre au ministre Berryer du 3 mai 1760, disait : « M. des Méloizes, capitaine aide-major de nos troupes, attaché à la brigade de la marine, fit des prodiges de valeur ; il eut enlevé deux drapeaux aux ennemis qu’il avait laissé derrière lui, si un faux avis ne lui eut persuadé que ces drapeaux était déjà entre les mains du régiment de Guyenne. »

Le chevalier de Lévis, témoin de sa belle conduite à Sainte-Foy, demanda la croix de Saint-Louis pour M. des Méloizes et elle lui fut accordée le 24 mars 1761.

Quelques mois après son arrivée en France, M. des Méloizes fut incarcéré à la Bastille. Sa proche parenté avec Péan l’avait fait soupçonner d’avoir pris part aux tripotages de Bigot et consors. Mais le procès du Châtelet ne prouva rien ou à peu près rien contre lui, et le jugement de la Commission le déchargea de l’accusation.

Le 11 janvier 1764, le Roi faisait adresser la lettre suivante au duc de Praslin : « M. des Méloizes, ci-devant capitaine aide-major au Canada, ayant, Monsieur le duc, été retenu à la Bastille pour les affaires du Canada dans lesquelles il n’a point eu de part puisqu’il a été déchargé par le jugement de toute accusation, il a besoin de passer dans cette colonie pour aller vaquer à ses affaires et y vendre son bien. Je vous prie de vouloir bien lui obtenir de la cour d’Angleterre par le canal de M. de Guerchy une prolongation de terme d’une année au-delà de celui fixé par le traité, sa détention ayant été plus longue que ce temps-là, afin qu’il puisse jouir dans cette colonie de toutes les facilités promises par le même traité du bénéfice duquel il n’a pu profiter puisqu’il se trouvait détenu. Il compte passer à Québec dans les six premiers mois de cette année.

M. des Méloizes revint donc au Canada, vendit ses seigneuries, régla ses affaires, puis retourna en France où il avait décidé de s’établir.

En 1787, M. des Méloizes siégea à l’assemblée provinciale de l’île de France comme représentant de la noblesse du département de Senlis.

Il décéda à Blois le 11 septembre 1803.

Marié à la fille du marquis de Fresnoy, M. des Méloizes hérita de la fortune et du titre de marquis de son beau-père. Ses fils portèrent le nom de Méloizes-Fresnoy. La famille des Méloizes-Fresnoy existe encore en France. Elle a continué les traditions ancestrales et ses membres servent dans l’armée[1].

  1. Roy. La famille Renaud d’Avennes des Méloizes.