Bigot et sa bande/23

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Paul Perrault


L’acte d’accusation du Châtelet porte Paul Perreault, mais l’accusé signait continuellement Paul Perrot.

Dans le Journal du siège de Québec en 1759 de Jean-Claude Panet, on lit, à la date du 18 août 1759 :

« Les Anglais font une descente à Deschambault, à la maison de M. Perrot, capitaine du lieu. Cette maison servait de retraite à la belle amazone aventurière. C’est madame Cadet, femme de Joseph Rouffio ».

Louise Cadet, fille du maître boucher Augustin Cadet, était devenue l’épouse de Joseph Rouffio après une série de procès, d’emprisonnements, etc, qui avait défrayé la chronique mondaine de Québec pendant plusieurs mois. Joseph Rouffio était d’une famille riche et bien notée en France. Louise Cadet était belle et intelligente. De plus, Joseph appartenait à la religion réformée et s’était converti pour épouser la belle canadienne.

Mais il ne s’agit pas ici de l’élégante amazone aventurière. Parlons plutôt de Paul Perrot. On a écrit souvent que, sous l’ancien régime, les nobles seuls avaient des chances d’avancement dans l’armée et le service du roi. Perrot fut une exception, dans ce cas. Fils d’un simple habitant, Perrot réussit par son intelligence et son entregent, à obtenir la charge alors très considérée de major général des milices de la colonie.

Perrot, qui habitait Deschambault, était apparenté à Cadet, et c’est probablement le munitionnaire qui le mit en rapport avec Bigot et tous ceux qui avaient des contrats d’approvisionnements. L’histoire de Perrot dans les toutes dernières années du régime français est assez obscure, mais il faut croire qu’elle n’est pas très nette puisqu’à son arrivée en France en avril 1762, il fut arrêté et jeté à la Bastille. Le 10 décembre 1763. il était déchargé de l’accusation portée contre lui. Il avait été vingt mois à la Bastille.

Dans une lettre de M. de Ramezay à sa femme restée au Canada du 14 avril 1764, l’ancien lieutenant de roi de Québec dit que le « petit Perrot » de Deschambaut, se tira assez bien de la grave accusation qui pesait sur sa tête puisque le roi lui accordait six cents livres de pension et qu’il fut fait major des milices de Cayenne avec mille livres d’appointements.

Perrot partit pour Cayenne quelques mois plus tard et il semble qu’il s’établit définitivement dans cette colonie. Du moins, nous le perdons de vue à partir de cette année 1764.