Bigot et sa bande/28

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Le nommé Sermet


L’acte d’accusation du Châtelet de Paris désigne ainsi le sieur Sermet : « Sermet, écrivain de la Marine, ci-devant faisant fonctions de commissaire au fort Saint-Frédéric. » L’information est plutôt maigre.

Sous le régime français, le commissaire de la Marine était un fonctionnaire assez important dans la hiérarchie administrative puisqu’il venait immédiatement après l’intendant. Ce dernier avait ses bureaux et sa résidence dans l’édifice qu’on appelait le Palais de l’Intendance, à Québec. Le commissaire de la Marine, lui, était, le suppléant ou subdélégué de l’intendant à Montréal.

Le règlement au sujet des honneurs à être rendus dans les églises aux officiers du Roi signé par Sa Majesté le 27 août 1710 énumère tous les privilèges qu’avaient les commissaires ordinaires non seulement dans les églises mais aussi dans les démonstrations civiles. Le Roi, évidemment, voulait honorer ces hauts officiers de son administration.

Un peu plus tard, le Roi, créa d’autres fonctionnaires commissaires de la Marine mais à titre purement honorifiques. C’est ainsi que le sieur Sermet, simple officier de plume au fort Saint-Frédéric, avait le titre de commissaire ordinaire de la Marine.

Quelles pouvaient être les fonctions de M. Sermet au fort Saint-Frédéric ? Il y avait là un garde-magasin attitré et les officiers de plume n’étaient pas nécessaires dans les forts. Peut-être avait-il été envoyé à Saint-Frédéric pour remplacer le garde-magasin temporairement ou, encore, était-il au fort simplement en tournée d’inspections.

En tout cas, le nom de M. Sermet accolé à celui du fort Saint-Frédéric indique bien que c’est en cet endroit qu’il commit les irrégularités qui lui valurent d’être accusé devant le Châtelet de Paris en 1763.

Quoi qu’il en soit, Sermet ne se présenta pas à la première sommation du Châtelet de Paris. Nous présumons qu’il était encore dans la colonie. Le tribunal décida, le 10 décembre 1763 qu’il serait plus amplement informé contre lui. C’était la formule ordinaire employée contre ceux qui étaient hors du pays ou se cachaient pour ne pas être arrêtés.

En avril 1764, Sermet, de retour en France ou certain qu’il serait acquitté, se constitua prisonnier à la Bastille. Il subit son procès devant le Châtelet et il fut mis hors de cour et déchargé de l’accusation.

Il s’agit maintenant d’identifier le sieur Sermet. La chose n’est pas aisée car nos registres de l’état-civil pas plus que les dossiers publics de l’époque ne mentionnent le sieur Sermet.

Le curé Récher, dans son Journal du siège de Québec en 1759, mentionne un écrivain de la Marine du nom de Cébet ou Sébet. Plusieurs ont cru qu’il avait mal orthographié ce nom et qu’il s’agissait du sieur Sermet. Mais M. Aégidius Fauteux a établi que le nommé Cébet ou Sébet existait réellement. Il avait été dans la Nouvelle-France le commis du munitionnaire Cadet et, pendant l’emprisonnement de ce dernier à la Bastille il fut autorisé à le voir plusieurs fois afin de lui aider à voir clair dans ses livres. Plus tard, Cébet ou Sébet soumit une couple de mémoires sur le Canada et ils sont lisiblement signés « citoyen Cébet ». Il est donc certain que Sermet et Cébet ou Sébet étaient deux personnages différents. Qui identifiera le sieur Sermet ? [1]

  1. Bulletin des Recherches Historiques, 1927. p. 105.