Bigot et sa bande/45

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Le nommé Laplace


Le sieur Laplace, pour nous, ne fut qu’un oiseau de passage dans la Nouvelle-France. Cadet, munitionnaire général, pouvait employer qui il voulait comme commis, mais il était intéressé à faire plaisir à Bigot. Il donnait donc de l’emploi à ceux que l’intendant lui recommandait. Laplace, probablement un Français de France, fut de ceux-là, croyons-nous.

La liste des accusés devant le Châtelet de Paris dit : « Laplace, ci-devant commis du munitionnaire au fort Machault ».

Il est question du commis Laplace dans un des Mémoires de défense de Bigot. Dans les premiers mois de 1759 la garnison du fort Machault était composée de 20 officiers et d’environ 300 miliciens. L’état des fournitures présenté par Cadet contenait pour ces 300 et quelques hommes 11,988 rations d’officiers et 149,306 rations de miliciens. Le même état comprenait en outre une grande quantité de vivres particuliers, entr’autres 141,176 livres de lard salé, 78,066 livres de tabac, 50 barriques de vin et 2025 veltes d’eau-de-vie. Bref, de quoi nourrir et abreuver tout un régiment pendant un an.

Bigot met toute la faute de ces vols sur le sieur de Lespervanche, commandant intérimaire du fort, du sieur Martel et du commis du munitionnaire, le sieur Laplace. Le Mémoire poursuit :

« Le sieur Bigot interrogea le sieur de Laplace, qui avait été commis du munitionnaire dans le fort Machault. Son interrogatoire est du 19 juillet (1759). Il avoua les prévarications et il y ajouta quelques circonstances. »

Le même Laplace déclara à Bigot que le commandant du fort Machault lui répondrait quand il lui faisait observer que ces officiers signaient des états fictifs que lui, le commandant, « ne pouvait s’en rapporter qu’à la parole de ses officiers ».[1]

Le Dictionnaire généalogique de Mgr Tanguay ne mentionne pas de familles Laplace dans les dernières années du régime français.

Laplace ne comparut pas devant le Châtelet en 1763, et la cour décida qu’il serait plus amplement informé sur son compte. En 1767, Laplace, constatant que la plupart des accusés s’en étaient tirés à bon marché, se livra à la justice. Le procès devant le Châtelet ne fut pas long. Il fut remis en liberté.

  1. Mémoire pour Messire François Bigot, 1ère partie, p. 245.