Bigot et sa bande/75

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Alexandre-Robert de Saint-Hilaire de la Rochette


M. de la Rochette vint dans la Nouvelle-France en qualité de secrétaire de M. Doreil, commissaire de guerre, en 1755. Si c’est le secrétaire qui rédigea les importantes lettres envoyées par M. Doreil au ministre de la marine et au ministre de la guerre de 1755 à 1760, on ne peut s’empêcher de reconnaître que le commissaire des guerres avait un secrétaire de première valeur. Ces lettres sont l’œuvre d’un maître de la plume.[1]

Au départ de M. Imbert pour la France en 1758, l’intendant Bigot qui, on le comprend, avait tout intérêt à ménager M. Doreil, réussit à faire nommer M. Rochette trésorier de la marine. Cette charge était probablement la plus importante de toute l’administration canadienne, après celles de gouverneur et d’intendant.

Bigot et sa bande avaient commis tant d’excès que le peuple se faisait à l’idée que tous les gens en place ne valaient pas mieux qu’eux. C’est probablement ce qui a fait naître la légende que M. de La Rochette était comme ceux qui l’entouraient. On a pourtant aucune preuve que M. de La Rochette ait profité de sa charge pour s’enrichir. Le sieur de C. qui avait travaillé sous les ordres de M. de La Rochette lui rend même un témoignage qui, sous la plume de ce mécontent continuel, a une valeur incontestable. « Il était dit-il, un jeune homme sage, discret et modéré, mais que le peu de temps qu’il fut dans son emploi ne donne pas le temps de pénétrer son caractère.

M. de La Rochette, avant de retourner en France, épousa à Montréal, le 21 septembre 1760, Marie-Anne Levasseur, fille de René-Nicolas Levasseur, ancien chef de construction des vaisseaux du Roi.

La meilleure preuve de l’honnêteté de M. de La Rochette c’est qu’après son retour en France, pendant que la plupart des anciens officiers de la colonie étaient tenus en suspicion et même jetés à la Bastille, il fut choisi par le ministre pour faire un relevé de toutes les dépenses occasionnées en France par les prisonniers du Canada.[2] & [3]

  1. Les lettres de M. Doreil ont été publiées dans le Rapport de l’Archiviste de la province de Québec, 1944-1945.
  2. Bulletin des Recherches Historiques, 1920. p. 637.
  3. Sur la Rochette, voir Lettres de Lévis, p. 215.