Bigot et sa bande/80

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François-Marie Picoté de Belestre


De M. de Belestre, le sieur de C. dit peu de choses mais ce peu en dit long. « Celui des commandants des forts qui se distingua le plus en volant le Roi, dit-il, était M. de Belestre au Détroit ».

Aégidius Fauteux donne les précisions suivantes sur M. de Belestre. « Né à Montréal en 1719, il fut fait enseigne en second en 1742, enseigne en pied en 1748, lieutenant en 1751, capitaine en 1759 en même temps que chevalier de Saint-Louis.

M. de Belestre fut, comme le dit le sieur de C., commandant de Détroit et de quelques autres forts. Soldat de valeur, il se distingua en plusieurs occasions. Bibaud fait de M. de Belestre un éloge mérité.

Après la Conquête, M. de Belestre resta au Canada. Le gouvernement anglais apprécia ses services comme le roi de France les avaient récompensés sous l’ancien régime. Il fut conseiller législatif, conseiller exécutif grand-voyer du district de Montréal, etc., etc.

L’honorable M. Picoté de Belestre décéda à Montréal le 8 mai 1793, respecté de tous les éléments de la population.

Que dire de l’accusation du sieur de C. contre M. de Belestre ? Des commandants de forts furent cités devant le Châtelet pour ce qu’on pourrait appeler des peccadilles. Si M. de Belestre avait été le grand voleur dénoncé par le sieur de C. par quelle influence l’aurait-on laissé tranquille en 1763 ? Bibaud raconte qu’au début du régime anglais, M. de Belestre, peu en moyens, labourait ses terres lui-même.[1] S’il avait fait une fortune aux dépens du Roi au Détroit, il en aurait conservé assez pour se payer le luxe de s’engager des hommes de ferme à une époque où la main-d’œuvre était à si bon marché.

Nous voulons bien croire que M. de Belestre, comme la plupart des commandants des forts du régime français, commit des irrégularités, mais nous ne pouvons le qualifier de voleur sans avoir la preuve de ses vols.

  1. Maximilien Bibaud, Le Panthéon Canadien, p. 19.