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Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850/J

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I Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850 K


général, président des État-Unis. Le général Jackson, fils d’un Irlandais, naquit Américain, le 15 mars 1767.

Son père, forcé de s’expatrier en 1765, avec sa femme et-ses deux fils, vint s’établir dans le canton de Vaxsaw, à d5 lieues de Cambden, dans la Caroline du Sud, et y mourut peu de temps après sa naissance de son troisième fils Andrew. Destiné par sa mère à l’état ecclésiastique, Andrew Jackson sortit du collège à 15 ans (1782) pour s’enrôler sous les drapeaux : de l’indépendance, avec ses deux frères qui périrent dans cette campagne ; lui-même fut blessé grièvement et fait prisonnier par les Anglais. Sa mère mourut de chagrin.

Rendu à ses études, après l’expulsion des Anglais, reçu avocat au barreau de Salisburg (1784), puis nommé avocat général de district à Nashville, dans le Tenessée, où il transporta sa résidence (1788), le magistrat Jackson fit son début dans les commandements militaires, à la tête de quelques milices, contre les sauvages qu’il repoussa loin des frontières.

Lorsque l’état de Tenessée fut admis à faire partie de l’Union, ce fut le jurisconsulte Jackson que la Convention, dont il était membre, chargea de rédiger la Constitution du nouvel État.

Élu représentant du Tenessée au Congrès général (1796), et Sénateur l’année suivante, il donna sa démission et revint dans ses foyers. Nommé juge de la Cour suprême et commandant en chef de la milice de son État, il ne conserva que ce dernier titre (1799), et, retiré à la campagne, il s’était, depuis 1<4 ans, consacré aux travaux de l’agriculture, lorsque les hostilités qui éclatèrent en 1812, entre les États-Unis et l’Angleterre, en ouvrant à l’armée nationale américaine une brillante carrière, firent de Jackson, ancien magistrat, législateur et laboureur, le premier homme de guerre de l’Union, ou, selon l’expression emphatique adoptée par les Anglais, le lion de l’Amérique du Nord.

Élevé au grade de major général des milices, et chargé de conduire sur le Mississipi, en décembre 1812, un corps d’élite entièrement composé de volontaires, Jackson, en résistant aux ordres contradictoires et injustes d’un employé du gouvernement central, acheva de gagner l’affection des miliciens. Sa difficile, et périlleuse campagne contre les Indiens Creeks(1813) se termina par un coup de vigueur qui fait époque dans les Annales militaires de l’Union. Jackson est informé que les Creeks, réfugiés dans les Florides, possession de l’Espagne, sont armés et excités à la guerre par le gouverneur espagnol de Pensacola, en violation ouverte de sa neutralité. Sans attendre l’autorisation qu’il demande à son gouvernement, Jackson pénètre dans les Florides. Deux espions anglais qu’il fait juger par une cour martiale, sont pendus. La place de Pensacola est emportée de vive force ; le gouverneur espagnol, les sauvages et les Anglais sont châtiés et Jackson se retire. On lui donne pour récompense le grade de major général dans l’armée régulière, et la Nouvelle-Orléans, capitale de la Louisiane, à défendre contre les Anglais ; il est forcé d’y proclamer la loi martiale, et n’a que 3,700 miliciens à opposer à 10,000 hommes de troupes anglaises qui ont fait les campagnes de France contre Napoléon. Mais son artillerie, commandée par d’anciens officiers français, et sa courageuse infanterie, rivalisant d’ardeur (8 janvier 1814), mettent, en moins d’une heure, 2,600 ennemis hors de combat, et remportent l’une des victoires les plus décisives dont l’histoire fournisse l’exemple. Les Anglais regagnent leurs vaisseaux. Jackson est proclamé libérateur et second sauveur de la patrie ; il est ensuite condamné à une amende de 1,000 dollars, par un juge qu’il a fait arrêter et éloigner de la ville, pour s’être opposé à ses ordres. Jackson paie l’amende ; mais une souscription de 1,000 des principaux citoyens lui restitue cette somme dans le jour même. Le général, au sortir du tribunal, est porté en triomphe. Il se retira de nouveau à la campagne, et l’on peut remarquer que c’est après y avoir passé encore quatorze ans, comme cultivateur, qu’il fut élevé par les suffrages de ses concitoyens à la suprême magistrature (4 mars 1829). Pendant le cours de son administration, il se montra hostile à la banque nationale, et tenta, sans succès, d’établir un système monétaire général. Il soutint avec énergie la réclamation des 25 millions, élevée par le gouvernement des États-Unis auprès du cabinet français.

En 1837, M. Van Buren succéda à Jackson qui reprit ses habitudes pénibles de vie agricole.

vice-amiral, né à Tonnai (Charente) en 1768. Il était lieutenant à bord du vaisseau le Ça ira à l’âge de 26 ans, et se distingua dans les deux glorieux combats que ce bâtiment soutint le 13 et le 14 mars 1795. Jacob fui alors nommé capitaine de frégate, en vertu d’un décret du Directoire qui accorda un grade supérieur à tous les officiers du Ça ira ; la Bellone qu’on lui confia fit partie de l’expédition d’Irlande et de celle de Saint-Domingue. Il fut, au retour de cette dernière charge, de la construction d’une flottille, et l’activité qu’il déploya en cette occasion lui valut le grade de capitaine de vaisseau.

Devenu commandant de la marine, il s’établit à Grandville, où il inventa les systèmes sémaphoriques. Il était en 1806 préfet maritime au service du roi de Naples. Rentré dans le service actif, il commanda en 1811 l’escadre de l’île d’Aix et fut promu au grade de contre-amiral le 1er mai 1812. Ce fut lui qui défendit Rochefort, lors des désastres de 1814.

Inactif pendant les premières années de la Restauration, il fut chargé en 1820 d’une mission à Naples, puis d’une autre à la Martinique, et en 1823, il fut nommé gouverneur de la Guadeloupe. Les colons, reconnaissants, le choisirent, à son départ en 1826, pour leur délégué auprès de la métropole. Vice-amiral en 1826 et préfet maritime de Toulon l’année suivante, il fut appelé en 1830, avant l’expédition d’Alger, au conseil de la marine.

Pair de France en 1831, il fut ministre de la marine le 19 mai 1834 au 10 août de la même année.

né à Melun le 3 août 1772, il fit ses études à l’École militaire de Pont-à-Mousson, et entra au service en 1791 comme lieutenant au 1er bataillon des volontaires de la Meurthe ; sous-lieutenant dans le 1er régiment des chasseurs à cheval en 1793, lieutenant en 1795 et aide-de-camp du général en chef Beurnonville. Il était capitaine au combat d’Herbach près d’Ulm, et fut nommé chef d’escadron sur le champ de bataille. En l’absence du colonel Montbrun, Jacquinot commanda le 1er chasseurs à la bataille de Hohenlinden, il y fut blessé en pénétrant, à la tête de son régiment, sur les derrières de


La division Jacquinot se distingua à la bataille de Bar-sur-Aube et au combat de Saint-Dizier. En 1814, le général Jacquinot fut envoyé à Vienne pour hâter la délivrance des prisonniers de guerre. Il fut nomme à son retour grand officier de la Légion-d’Honneur et ensuite commandeur de l’ordre de Léopold d’Autriche.

En 1815, le général Jacquinot commandait à Waterloo deux divisions.-celles du général Subervic (1er et 2e lanciers et 11e chasseurs), et la sienne composée dés. 3e et 4e lanciers, 3e chasseurs et 7e hussards. Elles s’y distinguèrent dans des charges exécutées contre la brigade anglaise Ponsomby. Après la seconde Restauration, il resta quelque temps sans activité, et eut plus tardune inspection générale de cavalerie. Il commanda le camp de cuirassiers en 1833, à Lunéville, et celui des dragons en 1834.

En 1835, le général Jacquinot commandait la 3e division militaire à Metz, il passa au cadre de non-activité en 1837, conformément à l’ordonnance du 28 août 1836.

Élevé à la dignité de Pair de France le 3 octobre 18375, le général Jacquinot fit partie de la 2’ section du cadre.de l’état-major général, en vertu de la loi du 4 août 1839. Une ordonnance du 14 avril 1844 le nomma grand-croix de la Légion-d’Honneur. Il est mort à Metz, le 25 avril 1848. Son nom est inscrit sur la partie Est de l’arc de l’Étoile.

naquit le 17 mai 1775 à Louvigné (Ille-et-Vilaine). Sous-lieutenant le 17 juin 1792, au 9e régiment de cavalerie à l’armée du Nord, lieutenant le 16 floréal an III, il passa, en l’an IV, à l’armée de Sambre-et-Meuse, où il fit la


l’armée ennemie ; il commandait encore ce régiment aux combats de Schwan-stadt et de Vogelabruck, où deux généraux autrichiens furent faits prisonniers. Le chef d’escadron Jacquinot passa, avec ce grade, au 5e chasseurs. A Au-sterlitz, il était aide-de-camp du général Duroc qui y commandait un corps de grenadiers. Il était colonel du 11e chasseurs à Iéna, où il reçut plusieurs coups de sabre dans une charge, et général de brigade à l’ouverture de la campagne de 1809. Sa brigade, composée des 1er et 2e chasseurs, se distingua au combat d’A-bensberg, où elle fit prisonnier un régiment d’infanterie, prit ses deux dra-paux, plusieurs pièces de canon et exécuta une charge brillante contre les dragons de Dawencher et les hussards de OU. Une division du premier de ces régiments fut presque détruite. La brigade Jacquinot se trouva aussi aux batailles de Raab et de Wagram. Dans la campagne de Russie, il commanda une brigade composée du 7e hussards et du 9e lanciers, et se distingua aux combats d’Ostrowno, Witepsk, Smo-lensk, et à la bataille de la Moskowa. Cette brigade, appuyée seulement sur ses deux flancs par un régiment polonais, soutint de pied ferme et sans perdre un • seul homme, près de Mosaïsk, plusieurs charges du corps de Platow, qui finit par se retirer. Le général Jacquinot fut blessé à la bataille de Dennewitz, dans une charge de’deux escadrons du 5e chasseurs sur un bataillon suédois, et fut nommé général de division après la bataille de Leipzig. L’ennemi ayant passé le Rhin près de Goblentz, un détachement d’infanterie commandé par le général Albert et un du 5° chasseurs, commandé par le général Jacquinot, firent prisonnier près de Zinzig un bataillon russe et prirent une pièce de canon.


reur à Fontainebleau, où il resta jusqu’au moment de l’abdication.

Maintenu comme major aux cuirassiers de France le 24 novembre, et nommé officier de la Légion-d’honneur le 14 février 1815,.il rentra dans les grenadiers à cheval de la Garde impériale à la réorganisation du 14 avril et fut tué à mont Saint-Jean le 18 juin, en chargeant sur les pièces qui soutenaient les carrés de l’infanterie anglaise.

Son nom figure en lettres d’or sur les tables de bronze du palais de Versailles.

naquit le 20 mai 1772, à Villecloye (Meuse).

Volontaire le 14 septembre 1791 dans le 17e bataillon d’infanterie légère, amalgamé le 21 ventôse an Il dans la 13e demi-brigade de même arme, devenue25"demi-brigade à l’organisation de l’an IV, et 25e régiment d’infanterie légère à celle de l’an IX, il fut- nommé sergent-major le 19 du même mois, lieutenant le 21 janvier 1792 ; capitaine par le choix unanime de sa compagnie le 1er mai suivant, il fit les campagnes de 1792 et 1793 aux armées des Ardeniies et de la Meuse.

Il servit pendant l’an II au déblocus de Landau et aux deux batailles de Fleurus sous Jourdan, et pendant les ans III et IV, aux armées de Sambre-et-Meuse et de Mayence, il passa le Rhin à l’avant-gardede la division Lefebvre les 21 et 22 fructidor an III.

Employé à l’armée du Danube pendant les ans V et VI, le capitaine Jamin, lors de la retraite de cette armée sur le Rhin, formait l’arrière-garde avec quatre compagnies ; vivement harcelé et chargé pendant plus de deux lieues par les hussards de Barco et de Blankeinsten, qui l’avaient séparé de la division Lefebvre, obligée elle-même de combattre vigou-


guerre jusqu’à la fin de la campagne de l’an VI.

Aide-de-camp du général Nansouty à l’armée du Rhin le 22 fructidor an VII, il fut promu, par le général Moreau, au grade de capitaine le 13 fructidor an VIII, et entra comme titulaire de ce grade au 8e régiment de cavalerie le 1" floréal an IX.

Chef d’escadron le 1" pluviôse an X, et membre de laLégion-d’Honneur le 25 prairial an XII, en Italie en l’an XIV comme aide-de-camp de Masséna,ilse distingua au combat de Saint-Pierre en s’élançant sur l’ennemi à la tête de la cavalerie et se rendit à Naples en 1806 en qualité d’aide-de-camp du roi Joseph, qui le fit commandeur de l’Ordre royal des Deux-Siciles, et le nomma, le 26 juillet de la même année major des che-vau-légers de la garde napolitaine.

Colonel de ce régiment le 30 octobre 1807, il le conduisit en Espagne à la suite du roi en 1808. Nommé maréchal de camp et chevalier de l’Ordre royal d’Espagne le 19 novembre 1810, il reçut le titre de marquis de Bermuy, et prit, au.mois de février 18H, le commandement des deux régiments de cavalerie et de hussards de la Garde royale, à la tête desquels il combattit, le 21 juin 1813, à la malheureuse bataille de Vittoria.

Arrivé au quartier général du duc de Dalmatie, ce dernier lui confia le commandement provisoire de la brigade de la Garde royale espagnole, qu’il conserva jusqu’au moment du désarmement de ces troupes, exécuté en vertu du décret du 25 novembre.

Réadmis au service de France le 20 janvier 1814, il fit presque toute la campagne de Champagne à la tête d’une brigade de cavalerie légère du 2e corps, fut nommé major des grenadiers à cheval de la Garde le 16 mars, et suivit l’Emoe-


reusement l’ennemi, dont les colonnes lui avaient coupé la retraite sur la Lahn, il fut assez heureux pour repousser, sans se laisser entamer, toutes les tentatives de la cavalerie autrichienne, et lui fit éprouver des pertes assez considérables.

Au combat de Liebtingen, en Souabe, chargé de débusquer un corps autrichien des bois qu’il occupait, il mit tant de vigueur et de promptitude dans son attaque, que la position fut enlevée en un instant, ce qui contribua beaucoup au succès de la journée.

Passé en l’an VIII à l’armée d’Helvétie, il se trouva à labatailledeZurich, et passa laLimath au-dessus du lac avecl’avant-garde de la 25e légère, en face de Schœnis, où fut tué le général autrichien Hotze.

Envoyé en l’an IX à l’armée d’Italie et au siège de Gênes, il eut, le 17 germinal, lors d’une sortie que fit la garnison, la cuisse droite traversée d’une balle, et son frère, sous-officier dans sa compagnie, y reçut un coup de. feu au travers du corps.

La belle conduite du capitaine Jamin dans cette journée lui valut le grade de chef de bataillon le 28 thermidor de la même année.

Lors du passage du Mincio, son bataillon, faisant tête de colonne, il tourna et enleva une partie des redoutes qui défendaient le passage du fleuve, et quoique blessé d’un coup de feu à la jambe droite, il ne voulut pointquitterle champ de bataille.

Après la paix de Lunéville, il tint garnison à Montmédy pendant les ans X et XI, fut nommé major du 12° régiment d’infanterie légère le 20 brumaire anXII, et membre de la Légion-d’Honneur le 4 germinal suivant.

Appelé au commandement du 1" régiment de grenadiers réunis de la division Oudinot le 22 septembre 1806, il se trouva avec ce corps à la bataille d’Iéna.

Le 16 février 1807, à la bataille d’Os-trolenka, avec son régiment de grenadiers et une compagnie de sapeurs du génie, il repoussa les efforts des Russes qui marchaient sur la ville, les força à battre en retraite, et dégagea le parc d’artillerie ainsi qu’une brigade du corps du général Savary, dont le commandant en chef venait d’être tué.

Pendant le siège de Dantzig, il mérita la décoration d’officier de la Légion-d’Honneur, et par un hasard extraordinaire, ce fut lui qui commença la bataille de Friedland.

Envoyé dès le point du jour avec son régiment, une compagnie de sapeurs du génie, deux pièces de canon et quatre escadrons de cuirassiers et de dragons saxons, pour prendre possession du pont, il trouva l’armée russe qui en exécutait le passage, et déjà plus de 20,000 hommes s’étaient formés en deçà.

L’exécution des ordres qu’il avait reçus devenait dès lors impossible, il dut se contenter de se tenir sur la défensive en s’appuyant aux barrières et aux bois qui faisaient face à l’armée russe. Par-décret du 28 juin 1807, l’Empereur le nomma colonel à la suite, et lui confia le commandement du 24e de ligne le 10 novembre suivant.

Lorsqu’il quitta la division de grenadiers réunis pour rejoindre son régiment, le général Oudinot lui écrivit une lettre pour lui exprimer ses regrets de le voir partir et de perdre en lui un officier qui avait donné tant de preuves de moyens et de la bravoure la mieux calculée.

Passé au 1" corps de l’armée d’Espagne, il fit les guerres de 1809, 1810, 1811, et partie de 1812 dans la Péninsule.

Il se distingua aux affaires deReinosa, de Somma-Sierra, et surtout, le 16 janvier 1809, au combat d’Uclès, où son régiment prit vingt-un drapeaux.

Cité en tête du bulletin qui s’exprimait ainsi en parlant des officiers qui s’étaient signalés à cette affaire : Tous officiers dont la bravoure a été éprouvée dans cent combats, il donna de nouvelles preuves de bravoure le 28 juillet, à la bataille de Talaveira de la Reina, et assista ensuite au siège de Cadix, où chaque jour ramenait de nouveaux combats. Les services qu’il y rendit lui valurent le titre de baron de l’Empire avec une dotation et la décoration de commandant de la Légion-d’Honneur le 23 juin 1810.

Le 5 mars 1811, il eut l’épaule droite fracassée d’un coup de feu, ce qui ne l’empêcha pas de soutenir avec deux bataillons de son régiment, les attaques du général Graham, qui, avec les Anglais, les Portugais et les Espagnols réunis, cherchait à s’emparer des positions dé Bavossa II reçut quelque temps après l’ordre d’aller prendre le commandement de l’arrondissement de Ronda, qu’il défendit avec son régiment contre les attaques du général Balesteros.

Forcé de prendre un congé pour rétablir sa santé, il reçut, sous la date du 12 janvier 1812, une lettre du major général de l’armée, le maréchal duc de Dalmatie, qui lui exprimait ses regrets de le voir s’éloigner d’un poste si important, et où la présence d’un homme de son mérite était nécessaire.

En rentrant en France, le colonel Jamin fut chargé de la conduite d’un grand convoi qu’il conserva intact malgré les attaques vigoureuses qu’il eut à soutenir contre un ennemi bien supérieur en nombre avant d’arriver à Pan-corvo et à Madrid.

Nommé major commandant du lei régiment de voltigeurs de la Garde impériale le 24 janvier 1813, il réorganisa ce corps et le conduisit à la grande armée d’Allemagne, où il obtint le gracie de


général de brigade, par décret impérial daté d’Erfurth le 27 avril suivant.

Attaché à la division Bonet du 6e corps, il fut blessé le 2 mai à la bataille de Lutzen, et assista à celles de Bautzen et de Wurtchen. Vers la fin de ces deux journées, il enleva le plateau qui formait le centre de l’armée ennemie, en réunissant à ses troupes celles de la brigade du général Coëhorn, qui venait d’être mis hors de combat.

Après la bataille de Leipzig et pendant la retraite de l’armée française au delà du Rhin, il passa le 7 novembre à la •4e division du 2e corps, dont il eut même le commandement en chef pendant l’absence du duc de Bellune.

Employé dans la 2" division de voltigeurs delà Garde impériale le 31 janvier, 1814, il laissa sa brigade en possession de Brienne, dont elle avait su conserver le château malgré les efforts réitérés des troupes russes.

Le 25 mai suivant, au combat de Fère-Champenoise, il tomba au pouvoir de l’ennemi et reçut un coup de sabre sur la tête en protégeant la retraite des ducs de Trévise et de Raguse.

Rentré de captivité après l’abdication de l’Empereur, on le mit en non-activité, et on le nomma chevalier de Saint-Louis le 19 juillet 1814.

Au retour de l’île d’Elbe, il fit la campagne de 1815 avec la 2e brigade de la 9e division d’infanterie du 2e corps de l’armée du Nord.

Rentré dans la position de non-activité après la catastrophe de mont Saint-Jean, et appelé au’ commandement du. département du Lot le 8 juillet 1816, il passa de là à l’inspection générale de l’infanterie le 1" juillet 1818.

Nommé vicomte le 17 août 1822, il fut appelé en mars 1823 au commandement de.la 2’ brigade de la 7e division du 3e corps de l’armée des Pyrénées,

avec laquelle il fit la campagne d’Espagne ; il se signala pendant le blocus et le siège de Pampelune, et eut l’honneur d’être cité dans les bulletins de l’armée.

Nommé lieutenant-général le 3 septembre et décoré de la plaque de 4e classe de l’ordre de Saint-Ferdinand d’Espagne le 23 novembre de la même année, il prit le commandement de la division du haut Èbre, destinée à occuper les provinces du nord de l’Espagne et à y maintenir l’ordre.

Rentré en France en 1824, on l’employa à l’inspection générale des troupes d’infanterie, de 1824 à 1831, époque à laquelle il eut le commandement de la division active sous Givet, devenue 3’ division de l’armée du Nord, sous les ordres du maréchal Gérard, avec lequel il servit au siège d’Anvers en 1832.

Nommé grand officier de la Légion-d’Honneur le 9 janvier 1833, il commanda ensuite le camp de Rocroy, et à la suppression de ljarmée du Nord, on lui confia l’inspection générale des troupes jusqu’en 1839, époque de son admission à la 2e section (réserve) du cadre dé l’état-major général de l’armée, en raison de son âge.

Depuis le 1" mai. 1833 jusqu’en 1848, le général Jamin a représenté à la Chambre des députés l’arrondissement de Montmédy.

Son nom figure sur la partie Nord de l’arc de triomphe de l’Étoile.

Mort en février 1848.

né le 22 février 1769, à Montauban (Ille-et-Vilaine), était en 1791 sous-lieutenant dans le 36e régiment d’infanterie et fit la campagne de 1792 sous les ordres de Custine. Capitaine en 1794, il faisait partie de la 71e demi-brigade au passage de la Roër sous les ordres de Jourdan. Le pont disposé pour le passage des troupes s’étant trouvé trop court fut emporté par le courant ; mais Hamelinaye, suivi d’une cinquantaine de braves, se précipita dans la rivière, et, malgré le feu de l’ennemi, s’empara de la position. Chef d’état-major de la division Souham dans le corps du général Sainte-Suzanne, en 1800, il combattit à Elchingen en 180b, et eut un cheval tué sous lui. En 1807, Bernadotte le choisit pour son premier aide-de-camp et l’emmena avec lui dans son gouvernement des villes Anséatiques, et à la campagne de 1809, il mérita le grade de général de brigade au combat de Lintz. Chargé d’attaquer le village de Wagram avec trois bataillons saxons, il avait pris déjà trois pièces de canon et plusieurs centaines d’Autrichiens, lorsqu’il se trouva placé entre le feu des ennemis qui revenaient sur Wagram et celui d’une seconde brigade saxonne qui, par méprise, vint l’attaquer sur ses derrières, Hamelinaye sut rallier ses troupes avec ordre sous un feu si meurtrier, eut son cheval tué et se retira de cette fatale position avec honneur.

Nommé baron de l’Empire en 1810, il commandait en Calabre une brigade de la division Lamarque. Il eut ensuite le commandement des côtes, depuis Scilla jusqu’à Reggio, de 1810 à 1811, et se défendit avec avantage dans ses cantonnements contre les attaques des flottilles anglaises que vomissait le port de Messine et qu’il força de se retirer. Eu 1811, le général Hamelinaye se distingua en Catalogne et devint chef de l’étàt-major général de cette armée. Le 15 janvier 1814, il fut nommé général de division, et en cette qualité, fit avec gloire la compagne de France. Il était à peine convalescent d’une maladie aiguë qui l’avait forcé de quitter l’armée, que le duc de Feltre, ministre de la guerre, mit sous ses ordres Orléans, où se trouvaient 4,000 hommes de vieilles troupes et 100 pièces de canon.

Il apprit le 10 avril l’abdication de Napoléon et envoya aussitôt son adhésion aux actes du gouvernement provisoire et au rétablissement des Bourbons.

Au mois de juin, il commanda le département de la Mayenne. Au 20 mars, il se trouvait sous les ordres du duc de Bourbon, et n’abandonna pas la cause royale ; il fit même de grands efforts pour retenir ses troupes dans l’obéissance ; mais Napoléon l’emportait, et le 24, Ha-melinaye fit sa soumission. On le laissa d’abord sans emploi. Ce ne fut que le 24 mai qu’il fut envoyé à Tours commander la 22e division. Dès le 12 juillet, il fit reprendre la cocarde blanche aux troupes, et le lendemain, à l’arrivée à Tours d’autres troupes et d’officiers sans emploi, il courut les plus grands dangers, et sa vie fut longtemps menacée. Il’avait tenté de réunir la garde nationale, mais inutilement. Croyant arrêler le désordre, il permit au maréchal de camp Nicolas de reprendre la cocarde tricolore que les troupes n’avaient pas quittée. Le lendemain, il quitta Tours pour se rendre auprès du ministre de la guerre. Le roi approuva sa conduite, et le ministre le renvoya à Tours où il resta jusqu’au 10 novembre et y licencia neuf régiments.

Le général Hamelinaye a exercé depuis plusieurs commandements. Il fut nommé grand officier de laLégion-d’Hon-neur en 1820, et commandeur de Saint-Louis en 1821, puis enfin élevé aux dignités de vicomte et de comte en 1827 et 1829. Resté à Dijon en 1830, le lieutenant-général Jan de La Hamelinaye, classé pour 1831 dans le cadre d’activité fixé par l’ordonnance du 15 septembre 1830, obtint définitivement sa retraite le 2 décembre 1832 et se retira à Contest (Mayenne).

né à Chambéry le 16 septembre 1775, entra au service comme chasseur à cheval au 14° régiment, le 15 septembre 1792, sous-lieutenant en 1793. Zélé, exact et d’une discipline sévère, il avait franchi de trimestre en trimestre les grades subalternes ; il fut moins heureux pour la keu-tenance ; elle se fit attendre pendant sept ans.

En l’an X, il passa avec ce grade dans la gendarmerie d’élite et fut nommé chef d’escadron, avec rang de colonel le 5 décembre 1810. Lorsque Eugène fut nommé vice-roi, M. Janin le suivit à Milan pour y organiser sa garde. Plus tard, il suivit Napoléon en Espagne et en Russie.

Il fut à Moscou membre de la commission instituée pour juger les incendiaires de cette ville. Il fut créé baron-au retour de cette campagne.

En 1814, il escorta Marie-Louise à Blois, et quelques jours plus tard, sans l’ordre de M. de Labouillerie, trésorier général du domaine extraordinaire, il ramena à Paris les fourgons renfermant les trésors et les diamants de la couronne,*-gui furent conduits aux Tuileries, et non pas au trésor.

La gendarmerie d’élite ayant été dissoute, M. Janin entra comme colonel dans la gendarmerie royale, et peu après dans la 1" compagnie des mousquetaires avec le grade d’aide-major. Au 20 mars, il suivit le roi jusqu’à Béthune et revint à Paris. A la deuxième Restauration,, il fut nommé maréchal de camp à la date du 19 mars.

En 1816, il fut fait inspecteur général de gendarmerie et passa en 1823, au commandement de la subdivision militaire de Bayonne. En novembre i 827, il reçut la croix de grand officier. En juillet 4830, il commandait à Bordeaux, et au premier bruit des troubles de Paris, avait tout préparé pour la résis-


jor. Ceux-ci ont à peine le temps de se sauver en toute hâte, un régiment prussien met bas les armes ; par suite de ce coup de main dont le premier corps profita, toute l’armée de Blucher capitula le lendemain et défila prisonnière devant le prince de Pontecorvo.

Le 1er janvier 1807 M. Janin fut nommé capitaine au choix du corps. Après la bataille d’Eylau, il reçut la Croix d’honneur et devint aide-de-camp du général Razout, puis du général Friant. En 1808 il rejoignit de nouveau le général Razout en Espagne et fit partie du troisième corps sous les ordres de Moncey. Il se distingua à l’attaque de Valence, au siège de Saragosse, aux batailles de Tudela et de Saragosse et assista à onze combats partiels en 1809. Janin suivit son général à la grande armée, se trouva à la bataille d’Enzersdorf, et dégagea le général Razout à Wagram, au moment où celui-ci ayant dépassé la ligne de ses tirailleurs se trouvait enveloppé par la cavalerie autrichienne. Il fut nommé alors chef de bataillon, fut envoyé à Châteauroux pour organiser et commander un régiment (3 janvier 1810) et alla rejoindre à Salamanque l’armée de Portugal. Le maréchal Ney lui donna le commandement du 6e bataillon du 82". Il prit le commandement de ce régiment pendant le siège d’Al-meïda à la bataille de Bousaco (27 septembre), le commandant Janin se distingua particulièrement. Pendant la retraite de Portugal, il commanda plusieurs fois l’extrême arrière-garde et y déploya une grande valeur.

Envoyé en France pour réorganiser son bataillon qui avait beaucoup souffert, il fut conservé major (lieutenant-colonel), repartit pour l’Espagne où il arriva le 19 juillet, fut employé à la petite guerre, déjoua les projets du chef el


tance ; mais les événements se précipitèrent, M. Janin accepta le drapeau tricolore avec bonne grâce. Le 20 août 1830, il obtint le grade de lieutenant-général et de commandant la 11e division militaire, d’où il passa à la 6e.

Il quitta ces dernières fonctions pour entrer dans le cadre de réserve, et se retira à Osseraine (Basses-Pyrénées).

né à Tours le 10 février 1780, faisait ses étu^ des chez les Oratorieiis à l’époque de la Révolution. Il se destina d’abord à la chirurgie. Une expédition pour l’Égypte se préparait sous les ordres de l’amiral Ganteaume, vers la fin de l’an VIII, Janin fut nommé sous-lieutenant, sur sa demande, pour en faire partie et envoyé à Toulon, mais il arriva après le départ de la flotte ; un navire, portant des dépêches, le prit à bord, il fut rencontré par les Anglais qui lui donnaient la chasse et il vint échouer sur la côte de Gênes après avoir soutenu un combat dans lequel Janin fut blessé. Mandé à Paris, il fut ensuite dirigé sur la 10e demi-brigade, qu’il rejoignit en Suisse en septembre 1801.Le 14 prairial anXII il passa lieutenant au 94e de ligne. Il fit la campagne d’Austerlitz avec la première compagnie de voltigeurs du 94e, à l’époque de la création de ces compagnies. Il assista à la bataille d’Iéna en 1806, aux combats de Hall, de Wahren, de Pi-nau ; le 2 novembre la première compagnie des voltigeurs du 94e enleva à la baïonnette le village de Goauzein, deux caissons, une pièce de canon, un drapeau, un major prussien et 200 soldats. Le lendemain 3, dans une nouvelle charge, les voltigeurs du 94e repoussèrent la cavalerie prussienne et dégagèrent le maréchal Bernadotte ; le 6, ils surprennent à Israëldorf, au moment où ils déjeunaient, Blucher et son état-major. Ceux-ci ont à peine le temps de se sauver en toute hâte, un régiment prussien met bas les armes ; par suite de ce coup de main dont le premier corps profita, toute l’armée de Blucher capitula le lendemain et défila prisonnière devant le prince de Pontecorvo.

Le 1er janvier 1807, M. Janin fut nommé capitaine au choix du corps. Après la bataille d’Eylau, il reçut la Croix d’honneur et devint aide-de-camp du général Razout, puis du général Friant. En 1808 il rejoignit de nouveau le général Razout en Espagne et fit partie du troisième corps sous les ordres de Moncey. Il se distingua à l’attaque de Valence, au siège de Saragosse, aux batailles de Tudela et de Saragosse et assista à onze combats partiels en 1809. Janin suivit son général à la Grande Armée, se trouva à la bataille d’Enzersdorf, et dégagea le général Razout à Wagram, au moment où celui-ci ayant dépassé la ligne de ses tirailleurs se trouvait enveloppé par la cavalerie autrichienne. Il fut nommé alors chef de bataillon, fut envoyé à Châteauroux pour organiser et commander un régiment (3 janvier 1810) et alla rejoindre à Salamanque l’armée de Portugal. Le maréchal Ney lui donna le commandement du 6e bataillon du 82e. Il prit le commandement de ce régiment pendant le siège d’Almeida à la bataille de Buçaco (27 septembre), le commandant Janin se distingua particulièrement. Pendant la retraite de Portugal, il commanda plusieurs fois l’extrême arrière-garde et y déploya une grande valeur.

Envoyé en France pour réorganiser son bataillon qui avait beaucoup souffert, il fut conservé major (lieutenant-colonel), repartit pour l’Espagne où il arriva le 19 juillet, fut employé à la petite guerre, déjoua les projets du chef el Pastor (général Jaureguy), rejoignit l’armée de Portugal, commanda provisoirement le 70e de ligne et eut quelques engagements heureux.

A Lutzen (1813) il eut son cheval tué et fut blessé ; à Bautzen il fut de nouveau blessé au commencement de la bataille, n’en resta pas moins à la tête du régiment qui perdit 400 hommes en s’emparant d’une batterie. L’Empereur, témoin de la glorieuse conduite du major Janin, lui donna 23 croix. Cette rare récompense était accordée à des conscrits de trois mois de service. Quant à M. Janin, il fut nommé colonel le 2 août, et le 6 chef de l’état-major de la 45t( division. Le colonel fut fait prisonnier après la capitulation, violée de Dresde, envoyé à-Raab (Hongrie), rentra en France en 1814 et se retira dans ses foyers aux environs de Tours.

Le 15 mai 1815, l’Empereur l’attacha au 6° corps, commandé par le comte Lobau. Le 18 juin, à Waterloo, il eut son cheval tué sous lui, reçut plusieurs blessures, fut fait prisonnier et conduit en Angleterre. Le 26 septembre suivant il rentra en France et se fit agriculteur.

Le 7 août 1830 le colonel Janin fut remis en activité, on lui confia le 13e régiment, et il réussit à calmer les troubles de l’Ouest.. En avril 1831 il fut nommé maréchal de camp, et eut bientôt le commandement du Morbihan, puis du Finistère. Il a été fait commandeur de la Légion-d’Honneur en 1834, et a commandé par intérim la 13" division militaire. Mort dans le mois d’août 1847.

naquit à Angers (Maine-et-Loire), où son père exerçait la profession de voiturier, le 9 février 1759.

Il s’engagea, le 8 décembre 1776, dans le régiment du Vivarais (71’), y devint caporal ’et sergent le 1" février II.

1781 et 17 juin 1789, et sortit de son corps, par congé, le 5 février 1790 ; il retourna alors auprès de son père. Le zèle avec lequel il s’occupa de l’instruction de la garde nationale de sa ville natale depuis le 20 février 1790, le fit nommer adjudant-général de cette milice le 5 août 1791. Lors de l’organisation des forces départementales, en 1792, ses frères d’armes relevèrent, le 19 août, au grade de lieutenant-colonel du 2" bataillon de Maine-et-Loire, avec lequel il fit les campagnes de 1792 et 1793 à l’armée du Nord. Il se distingua à la bataille de Jemmapes, à la prise de Namur, dans les différents combats qui signalèrent la retraite de Dumou-riez, notamment près de Namur, ou le corps qu’il commandait mérita l’honneur d’être mis à l’ordre de l’armée. Le conseil exécutif le fit général de brigade le 3 septembre 1793, et lorsqu’il le nomma général de division, le 29 ventôse an II, il avait eu déjà" sous ses ordres les trois divisions réunies sous Maubeuge. Il concourut aux tentatives qui furent faites pour débloquer le Quesnoy. Le 12 floréal il commandâla division de droite de l’armée du Nord, manœuvrant sur là Sambre. Un arrêté du Comité de salut public, du 13’prairial, le nomma général en chef de l’armée des Ardenhes, grade que les représentants du peuple confirmèrent par leur arrêté du 20 du même mois.

Après la reddition du Luxembourg, il continua de servir à l’armée du Nord jusqu’en l’an V, et passa en l’an VI à l’armée de Batavie. Il’ fut mis en disponibilité le Ie’ vendémiaire an X. En l’an XII le premier Consul le fit membre de la Légion-d’Honneur, et l’envoya au camp de Brest le 8 ventôse, puis devenu Empereur, et voulant récompenser les services de cet officier général, il le créa commandant de l’Ordre


le 25 prairial. Pendant la campagne de l’an XIV il commanda la première divi-sion.du 7° corps de la grande armée, et se fit remarquer par sa bravoure et son intelligence.

Blessé à la bataille d’Eylau, le 8 février 1807, il mourut le 11, à Lands-berg, des suites de ses blessures. Il est. compris, sous le nom de Desjardins, parmi les braves qui figurent sur l’arc de triomphe de l’Étoile, côté Est.

né à Verviers, pays de’Liége, le 13 février 1768. Lors de la formation des quelques régiments que les. États de Liège levèrent en 1789, Jardon entra dans l’un d’eux en qualité de sous-lieutenant, et fit la campagne de la Campine liégeoise contre les troupes du Cercle de l’empire. L’Autriche ayant envahi la Belgique en 1790, il se réfugia en France. En 1792 il prit du service comme lieutenant dans la légion liégeoise, formée à Givet, et y fut presque immédiatement nommé capitaine.

Promu chef de brigade pendant la retraite de Dumouriez, et peu de temps après général de brigade (an II), il fit à l’armée du Nord les’campagnes des ans II et III. Le représentant du peuple Dubois de Bellegarde voulut’le nommer général dé division,, il refusa. Il commanda le département de la Dyle en l’an IV, et fut mis en réforme en l’an V.

Remis en activité en l’an VII, il contribua à réprimer les troubles de la Belgique, passa à l’armée du Danube, servit pendant les ans VIII et IX en Suisse sousMasséna, et en Souabe sous Moreau, puis dans les Grisons. Après la paix de Lunéville, il ne fut pas compris dans le cadre des généraux en activité, mais quand le premier Consul fit son voyage de Belgique, Jardon lui fut présenté, et il lui donna le commandement du département des Deux-Nèthes. Murât lui offrit

de servir dans l’armée napolitaine avec le grade de général de division, il refusa. En l’an XII il commanda au camp de Boulogne une brigade, sous les ordres de Brune, et fut nommé membre et commandeur de laLégion-d’Honneur les 19 frimaire et 25 prairial. En l’an XIV, il eut le commandement de la 2° division du corps de Gouvion-Saint-Cyr.,

Il suivit l’Empereur en Espagne en 1808 et le maréchal Soult en Portugal. Le général en chef, dans son rapport sur l’affaire de Guimavaens, qui eut lieu le 25 mars 1809, s’exprime ainsi : « Dans cette affaire, le général Jardon qui, avec son courage ordinaire, s’était porté en avant, accompagné seulement d’une douzaine de tirailleurs, reçut une balle à la tête qui le. tua. L’armée fut très-sensible à cette perte ; le général Jardon avait une réputation de valeur, de probité et de délicatesse qui le faisait généralement estimer ; à la bataille de la Corogne, devant le Ferrol, et à Tal-.pierra ; près Baga, il avait ajouté à la gloire qu’il s’était acquise dans les combats. » Son nom est gravé sur l’arc de triomphe de l’Étoile, côté Ouest.

fils d’un avocat de ce nom, naquit le 10 octobre 1764 à Salins (Jura). Après avoir servi comme garde national depuis 1789, il entra, le 18 septembre 1791, avec le grade de sous-lieutenant, dans le 71e régiment d’infanterie (ci-devant Vi-varais), passa lieutenant le 1er juillet 1792, servit à l’armée du Nord en qualité d’adjoint à l’état-major, et fut nommé capitaine le 1" mars 1793, puis adjudant-général chef de bataillon par le général Dampierre le Ie’ avril suivant.

Suspendu le 19 août de la même année pour avoir refusé de déposer contre

le général Custine au tribunal révolutionnaire de Paris, il s’évada de prison, se retira dans sa commune, et fut réintégré, par arrêté des représentants du peuple, le 24 germinal an II. Employé provisoirement dans le grade d’adjudant-général chef de brigade, et en qualité de chef de Fétat-major de la division du IBas-Rhin (général Bourciei1), il fut conservé dans cette position par arrêté du 2o prairial an III, continua à servir à l’arméedu Rhin (devenue Rhin-et-Moselle), fut, le 25 pluviôse an V, maintenu en activité par le général en chef, bien qu’il n’eût pas été compris dans le nombre des officiers attachés à l’état-major de cette armée, et y suivit toutes les opérations militaires jusques et y compris l’an IX.

Nommé, sur sa demande, le 1" vendémiaire an X, adjudant-commandant chef de l’état-major de la 6e division militaire à Besançon, il obtint la croix d’officier de la Légion-d’Honneur le 25 prairial an XII, et, sur la recommandation du maréchal Davoût, passa, par décision de l’Empereur du 10 germinal an XIII, à la réserve des grenadiers Oudinot du camp d’Àrras.

Commandeur de la Légion-d’Honneur le 4 nivôse suivant, et ’dirigé sur Mayence. avec le corps des grenadiers le 23 septembre 1806, il combattit à Iéna, à Ey-laii, et fut élevé au grade de général de brigade par décret du 21 février 1807.

Nommé, le 23 mars suivant, au commandement de la 3e brigade du corps du général Oudinot, il suivit les opérations de la campagne de Pologne, assista au siège de Dantzig, fut nommé commandant supérieur à Neu-Fhavwalser à la suite de la reddition de Dantzig, et conduisit à Pilau la garnison prussienne qui avait soutenu le siège.

Rentré en France au mois de janvier 1808, pour se rétablir des fatigues de la guerre, il alla, le 14 octobre de la même année, reprendre le commandement dé la brigade qu’il avait précédemment dans la division Oudinot.

Employé au 2e corps de l’armée d’Allemagne pendant la campagne de 1809 contre l’Autriche, il combattit aux batailles d’Essling et de Wagram, fut nommé chevalier de l’ordre de la Couronne de Fer le 10 juillet, et baron de l’Empire le 15 août suivant, et alla, au mois de février 1810, commander en Espagne une brigade du 9e corps, puis revint à Paris au mois de mars. 1811.

Désigné, le 24 août 1812, pour être employé’dans son grade à la 31e division d’infanterie, qui fit partie du 14’ corpsà la grande armée de Russie, il fit, à son retour de Moscou, la campagne de 1813 en Saxe, à la 32e division du 7e corps, et fut nommé, le 25 décembre, commandant supérieur de la place de Juliers.

En activité sous la première Restauration, et nommé, le 18 juin, commandant du département du Jura,’il obtint la croix de Saint-Louis le 5 octobre suivant, fut conservé par l’Empereur, pendant les CenUJours, dans le même département. Disponible le 28 juillet, il reçut l’ordre de venir à Paris rendre compte de sa conduite, et témoigner dans le procès du maréchal Ney.

Renvoyé, le 1er septembre, à Lons-le-Saulnier, pbur y reprendre son ancien commandement, il fut remplacé et mis eu non-activité le 31 décembre, et compris, à compter du 1" janvier 1819, dans le cadre de l’état-major général de l’armée.

Le général Jarry est mort le 23 janvier 1819 à Saint-Lamain (Jura).

naquit le 21 janvier 1771 à Laneria (Jura).

Lieutenant le-o août 1792 dans le 10’ bataillon des volontaires de son département ( par amalgame des ans II et IV, 170e et 69e demi-brigades d’infanterie de ligne), il fit les campagnes de 1792 à l’an III, à l’armée du Rhin, et se distingua notamment, le 22 vendémiaire an II, à la reprise des lignes de Weissembourg où, se détachant spontanément, il prit en flanc un régiment ennemi, le foudroya par un feu de mitraille, le mit en pleine déroute, et obtint lecommandement provisoire de la compagnie de canonniers du bataillon.

Le 7 frimaire suivant, au combat de Brumpt, il arrêta, avec sa compagnie de canonniers, une colonne ennemie forte de 10 à 11,000 hommes, et défendit le passage du pont avec la plus grande opiniâtreté. Nommé capitaine de canonniers dans la 170° demi-brigade de ligne, le 10 brumaire an IFI, et employé dans l’armée expéditionnaire d’Égypte,il combattit à la bataille des Pyramides et à celle de Che-breiss la même année, et passa capitaine titulaire à la 69° demi-brigade le 1" pluviôse an VII. A cette époque, faisant partie de l’expédition dirigée contre la Syrie, il attaqua, dans la nuit du 17 floréal, avec deux compagnies de sa demi-brigade, un des retranchements de la place de Saint-Jean-d’Acre, l’enleva à la baïonnette, égorgeant la plus grande partie des Turcs qui se défendaient à outrance : peu d’instants après, Jeanin fut atteint, à/la ré-> gion maxillaire gauche, d’un biscaïen parti d’une des chaloupes’ canonnières anglaises dont le feu enfilait le retranchement.

Il assista à la bataille d’Aboukir le 7 thermidor de la même année, combattit à Héliopolis avec le général Kléber, passa au commandement de la compagnie des grenadiers delà 69e demi-brigade le let germinal an IX, et revint en France par suite de la capitulation d’Alexandrie.

Le 10 ventôse an X, admis comme capitaine dans les chasseurs à pied de la garde des consuls (depuis Garde impériale), il fut nommé chef de bataillon le 10 pluviôse an XII, reçut au camp de Boulogne, le 25 prairial suivant, la croix d’officier de la Légion-d’Honneur, et passa dans la ligne avec le grade de colonel du 12e régiment d^infanterie légère le 3 fructidor an XIÏÏ.

Il fit partie de la grande armée pendant les deux campagnes de l’an XIV (vendémiaire et frimaire), en Autriche, et celles de 1806 et 1807 en Prusse et en Pologne, et reçut un- coup de mitraille, au combat d’Heilsberg, le -10 juin 1807.

En Espagne en 1808, il s’y distingua par une grande bravoure et fut nommé par l’Empereur commandant de la Légion-d’Honneur le 16 novembre, puis général de brigade, à la revue de Burgos, le 19 du même mois ; mais, cette dernière nomination n’ayant pas été expédiée, Jeanin continua de commander le 12e régiment en Espagne jusqu’au mois de mai 1809, époque à laquelle il revint en France pour cause de santé, réclamant son grade, qu’il obtint sur un rapport à l’Empereur.

Retourné en Espagne pendant les années 1809, 1810 et 1811, le généralJea-nin se distingua dans différentes rencontres avec les guérillas, et fut nommé baron le 15 août de cette dernière année. Rentré en France comme disponible le 24 décembre 1811, il fut appelé au commandement de la 14e brigade de garde nationale le 11 novembre 1812, et envoyé dans les provinces Illyriennes le 3 mai 1813, il vint commander une brigade de la division Marcognet, à l’armée d’Italie, au mois de juillet suivant.

Resté à la division Marcognet pendant les campagnes de 1814, le général Jeanin donna de nouvelles preuves de courage, et servit sous les ordres du vice-roi jusqu’ au mois d’avril de la même année. Nommé chevalier de Saint-Louis par ordonnance du 13 août suivant, et mis en non-activité le 1" septembre, le roi le nomma lieutenant-général le 20 janvier 1815.

Employé au 6e corps d’observation le 23 avril, il fit la campagne des Cent-Jours à l’armée du Nord (2e corps), et rentra en non-activité le 1er septembre de la même année.

Disponible le 1er avril 1820,. le lieutenant-général Jeanin fut mis à la retraite par ordonnance du 1" décembre 1824, et mourut à Saulieu (Côte-d’Or), le 2 mai 1830.

né le 31 décembre 1772 à Paris, entra comme cavalier dans le régiment de Champagne (9e de l’armée), le 6 octobre 1790, rejoignit l’armée de la Moselle au commencement de 1792, et fut fait prisonnier de guerre par les Prussiens, au combat de Fontenoy, le 19 août, après avoir reçu sept coups de sabre sur les mains et à l’épaule gauche.

Échangé bientôt après, il se trouva, le 8 messidor an II, à la bataille deFleurus. où il reçut un coup de feu dans la jambe gauche, entra le 9 messidor an III dans la cavalerie de la légion de police, et passa le 1" nivôse an V dans les grenadiers à cheval du Directoire, où il. fut nommé brigadier-fourrier le 27 vendémiaire an VIL

Compris avec le grade de rriaréchal-des-logis dans l’organisation des grenadiers à cheval de la Garde des Consuls, le 13 nivôse an VIII, il fit la campagne de Marengo, fût fait adjudant sous-lieutenant dans les chasseurs à cheval, le 13 thermidor an IX, membre de la Légion-d’Honneur le 25 prairial an XII, et lieutenant en premier le 1" vendémiaire an XIII.

Il se trouva aux batailles d’Austeilitz et d’Iéna, fut blessé grièvement d’un coup de biscaïen au bras droit, à la bataille d’Eylau, en chargeant avec l’esca-^ dron de service, devint capitaine le 16 février 1807, suivit Napoléon en Espagne en 1808, rentra en Allemagne en. 1809, combattit à Essling et à Wagram, et reçut la décoration d’officier de la Lé-gion-d’Honneur le 15 mars 1810. Chef d’escadron le 23 octobre 1811, il fit, en cette qualité, avec la Garde, la campagne de 1812 en Russie, celle de 1813 en Saxe, et fut blessé d’un coup de baïonnette à la cuisse droite au combat de Hanau le 30 octobre.

Colonel dans la ligne le 28 novembre, et mis à la suite du 11° régiment de dragons le 1" décembre, il prit, le 23 février 1814, le commandement du 2’ régiment de chevàu-légers, à la tête duquel il acheva la campagne de France. Maintenu en activité à l’organisation du 2e régiment de lanciers (de la Reine) en août, chevalier de Saint-Louis le 1er novembre, il fut promu colonel des chasseurs à cheval de la Marne (12° régiment de l’arme) le 27 septembre 1815, et commandeur le 1er mai 1821. Maréchal de camp le 3 octobre 1823, employé au corps d’occupation en Espagne, mis en disponibilité à la rentrée de l’armée en France le 16 décembre -1824, il commanda une brigade de cavalerie en 1828. Du 5 août 1830 au 7 juillet 1831, il commanda successivement les départements de Maine-et-Loire, de ia Vendée et des Deux-Sèvres, passa dans celui du Pas-de-Calais à cette dernière époque, et prit sa retraite le lei août 1834.

naquit le 30 janvier 1763 à Chigny (Meuse). Dragon au 6* régiment, le 14 avril 1791, il fit les campagnes de 1792 à l’an III à l’armée du Nord, tua de sa main un général prussien sur le pont d’Abouville, près de Lille, entra, lui troisième, dans une redoute en avant de Menin le 6 vendémiaire an II, y prit une pièce de canon et un obusier, eut un cheval tué sous lui, monta sur celui d’un dragon tué à ses côtés, et, à la suite d’une charge que fit le régiment, il tua un colonel hollandais.

Nommé brigadier le 22 ventôse suivant, il passa maréchal-des-logis le 26 ventôse an III. Employé à l’armée de Rhin-et-Moselle pendant les ans IV et V, il fut fait sous-lieutenant sur le champ de bataille, le 7 messidor an IV, pour s’être emparé d’une pièce de canon et en.avoir aussitôt tourné la charge contre l’ennemi. Trois jours après, il prit, lui deuxième, une pièce de canon attelée de 8 chevaux ; le 17 du même mois, près de Rast^dt, sous le feu des batteries ennemies, il mettait pied à terre et raccommodait le pont pour faciliter le passage à nos troupes ; enfin, le 15 fructidor, il était blessé d’un coup de sabre à la main droite.

Blessé à Maréngo, il sortit du corps, en attendant sa retraite, le 1er frimaire an IX, fut remis en activité le 21 du même mois avec lé grade de lieutenant, tint garnison à Savigliaho pendant les ans X et XI, reçut le brevet d’un sabre d’honneur le 25 brumaire an XI, et la décoration d’officier de la Légion-d’Hon-neur le 25 prairial an XII.

Attaché à cette époque à la réserve de cavalerie, il y servit en l’an XIII, combattit à la grande armée en Autriche, en Prusse et en Pologne, reçut un coup de sabre à travers le bras gauche, le 11 frimaire an XIV, à Austerlitz, s’empara le 28 octobre, au combat de Prenzlow, d’un étendard de la maison royale de Prusse, eut son sabre cassé dansles mains et fut mutilé dans cette action. Capitaine le 22, novembre suivant,


Jobert fut atteint d’un coup de baïonnette dans les reins, eut son cheval tué sous lui, le 3 février 1807. au combat de Bergfried, et reçut un coup de mitraille à la main droite à la bataille d’Eylau ; à Friedland, il fut blessé d’un coup de sabre au bras gauche et eut encore son cheval tué sous lui. Resté en cantonnement dans les provinces p’russiennes en 1808, il rejoignit la réserve de cavalerie de l’armée d’Espagne en 1809, fut nommé capitaine de lre classe le 16 septembre, et reçut un coup de feu qui lui traversa les deux cuisses dans un combat qui eut lieu, le 12 novembre suivant contre les insurgés espagnols, à Esquivillas, près Sévico.

Aide-de-camp du général Valence le 10 janvier 1810, il fit les guerres de Portugal des années 1810,1811,1812 et partie de 1813, reçut un coup de feu au front, le 22 juillet 1812, en avant de Salamanque, et combattit au 5" corps de cavalerie de la grande armée pendant les campagnes de 1813 et de 1814 en Saxe et en France.

Maintenu en activité sous la première Restauration, il fit partie de la 5e division de réserve pendant les CenWfours, fut licencié le Ie’ septembre, 1815, et fut admis à la retraite le 23 janvier 1816.

vice-amiral, grand-croix de la Légion-d’Honneur, de. la Tour et de l’Êpée de Portugal, grand officier du Cruzeiro du Brésil, etc. Le prince de Joinville, troisième fils du duc d’Orléans, ex-roi des Français, est né à Paris le 14 octobre.1818. Comme ses frères, il a passé ses premières années au collège Henri IV et y a remporté de véritables succès. Autant pour obéir aux ordres du roi que pour suivre ses propres goûts, il se disposa à entrer dans la marine par des études spéciales, subit ses premiers examens à Brest et commença à l’âge de 13 ans l’apprentissage du rude métier de marin. 11 s’embarqua à Toulon, au mois de mai 1 831, comme aspirant de 2e classe sur la frégate l’Arthémise, navigua sur les côtes de France et se rendit en Corse, à Livourne, à Naples, à Alger, soumis à toutes les épreuves imposées aux élèves.

Au mois d’août 1834, le prince de Joinville passa de nouveaux examens à Brest, fut reçu élève de première classe,-s’embarqua immédiatement à Lorient sur la frégate la Sirène, se rendit à Lisbonne, aux Açores, et rentra en France après trois mois de navigation.

Le 25 mai 1835, il partit, en qualité de lieutenant de frégate, sur la Dïdon et visita tous les détails des grands établissements de marine anglaise de Porth-smouth et de Cork.

L’année suivante, il fit un voyage dans. les mers du Levant sur l’Iphigénie en qualité de lieutenant de vaisseau ; visita Smyrne, où il essuya une tempête horrible, Rhodes, Chypre/ Latakié, Tripoli de Syrie, Beyrouth, Jàfla, CaïUa, Jérusalem, et une partie de la Terre sainte.

En 1837, à bord du vaisseau l’Hercule, il se rendit à Gibraltar, à Tanger, à Ténériffe, débarqua à Bone en octobre, et se mit en route en. toute hâte pour rejoindre l’armée qui marchait contre Con-stantine ; mais le mauvais temps et la difficulté des routes le retardèreul, et il n’arriva que le 17 octobre lorsque déjà, depuis le 13, notre drapeau victorieux flottait sur les murs de cette ville.

Au regret d’avoir manqué cette occasion d’acquérir de la gloire, le prince reprit la’mer, explora les côtes du Sénégal, visita Gorée, fit plusieurs excursions dans l’intérieur, où il visita quelques chefs de peuplades, fit voile pour le Brésil et arriva en janvier 1838 à Rio-de-Janeiro. Il consacra ce mois à visiter les provinces et reçut à Rio sa nomination au grade de capitaine de corvette.

Du Brésil, le prince se rendit à la Guyane, à Cayenne, à la Martinique, à la Guadeloupe, visita Washington, Philadelphie, Baltimore, les chutes du Niagara, New-York, Boston, etc., recherchant partout avec ardeur les occasions de s’instruire, étudiant les mœurs, les usageset suivant surtout avec intérêt les divers développements de la puissance maritime. Après dix mois de navigation, il débarqua à Brest le 11 juillet 1838 ; mais son repos ne devait pas être de longue durée.

Au mois d’août suivant, une escadre venait de recevoir l’ordre-de se diriger vers les côtes du Mexique’pour mettre ses ports en état de blocus. Le prince de Joinville ayant reçu le commandement de la Créole, corvette de 24 canons, partit de Brest le 1er septembre avec le contre-amiral Baudin, commandant de l’escadre. Le 27 novembre l’amiral donne l’ordre d’attaquer Saint-Jean-d’Ulloa, fort qui défend la ville de la Véra-Cruz. Le prince de Joinville n’avait pu obtenir de faire partie de la première division composée des frégates la Néréide, la Gloire, l’Iphigénie et de deux bombardes ; mais au signal du.combat, il sollicita avec tant d’instance la faveur de prendre part à l’attaque que l’amiral dut céder. La corvette la Créole alla aussitôt se poster à une portée de canon du château d’Ulloa et canonna avec vigueur le bastion de Saint-Crispin et la batterie rasante de l’Est. Elle reçut plusieurs boulets dans son bord. L’un pénétra dans la chambre du prince et mit sa vaisselle en pièces ; le jeune commandant, avec une gaîté toute française, ôta son chapeau et salua les Mexicains. Ce combat, dans lequel l’amiral Baudin se couvrit de gloire, dura quatre heures. A six heures du soir, le feu du

fort était éteint, les batteries démontées, les bastions démolis, et l’ennemi demandait à capituler. Le prince de Joinville avait pris une part plus considérable qu’on ne pouvait l’.attendre d’un aussi faible navire que la Créole ; il avait montré beaucoup d’audace et d’habileté dans la manière dont il avait attaqué sous voiles la batterie rasante de l’Est et le cavalier du bastion Saint-Crispin. Cependant les conventions conclues entre l’amiral’ et les Mexicains ayant été violées, on résolut une descente pour désarmer la garnison. Le 5 décembre, le débarquement s’opéra en trois colonnes ; le prince de Joinville commandait l’a-vant-garde de la colonne du centre, composée de 90 marins de la Créole. La porte du Môle, contre laquelle cette colonne était dirigée fut bientôt enfoncée au moyen de sacs à poudre ; le prince s’élança le-premier dans la ville et se dirigea au pas de course vers la maison où se trouvaient les généraux mexicains Santa Anna et Arista. Ce dernier fut saisi par un marin ide la Créole ; le prince arriva et reçut l’épée du général. Cependant la colonne de gauche éprouvait la plus vive résistance- à l’extrémité de la ville, le prince y court avec ses marins ; déjà il a commencé le siège d’une grande caserne, déjà les blessés et les morts tombent autour de lui lorsque l’amiral Bau-din donne l’ordre de se rembarquer. Les résultats qu’on désirait étaient obtenus.

Le 10 février 1839, le Roi décora le jeune commandant de la Créole de la crois de la Légion-d’Honneur et l’éleva au grade de capitaine de vaisseau.

Au mois de mai suivant, le prince prit à Cherbourg le commandement de la frégate la Belle-Poule, vint s’embarquer à Toulon’ et rejoignit l’escadre d’évolutions commandée par l’amiral Lalande ; il fut nommé chef d’état-major de la division navale ; fit bientôt voile vers le


Levant sur le Jupiter et débarqua à Con-stantinople. Un épouvantable incendie ayant éclaté à Péra et à Galala menaçait d’engloutir le plus riche quartier de la capitale, lorsque le prince accourut à la tête de ses marins et dirigea les plus actifs secours. Son intrépidité et celle de son équipage parvinrent à préserver la ville du plus immense danger.

De Constantinople il rejoignit l’escadre à Smyrne et débarqua à Toulon à la fin de décembre.

En 1840, le prince de Joinville eut l’honneur d’associer son nom à l’un des événements qui a le plus profondément impressionné la génération présente : le transfèrement en France des restes mortels de l’empereur Napoléon. L’expédition commandée par le prince se composait de la frégate la Belle-Poule, de la corvette la Favorite et du brick l’Oreste. Le prince partit le 7 juillet de Toulon, accompagné de. quelques-uns des vieux serviteurs de l’Empereur, parmi lesquels étaient les généraux Bertrand et Gour-gaud, de M. de Las - Cases fils, de M. Hernoux, son aide-de-camp et du comte de Rohan-Chabot, chargé de présider comme commissaire du gouvernement à l’exhumation. Le 8 octobre, après une traversée de 90 jours, la frégate arrivait à Sainte-Hélène. Commencée le lb octobre à minuit, l’exhumation des glorieux restes était terminée le 16 à trois heures. Toutes les opérations jusqu’à l’arrivée du cercueil impérial au lieu de l’embarquement devant être conduites par des soldats étrangers, le prince, par un motif de haute convenance, et en sa qualité de commandant supérieur de l’expédition, n’avait pas assisté à des travaux qu’il ne pouvait diriger. Il ne voulait paraître sur la terre anglaise qu’à la tête de l’état-major des bâtiments français. Au moment où le convoi arriva à l’extrémité désignée, il s’avança seul, et en présence de-tous les assistants découverts, reçut solennellement le cercueil impérial qu’il conduisit à la Belle-Poule. Le 18 octobre, il quittait Sainte-Hélène. Deux navires qu’on rencontra vers la fin d’octobre donnèrent au prince là nouvelle d’une rupture imminente entre la France et l’Angleterre. Aussitôt il disposa toutes choses pour la défense la plus vigoureuse du dépôt confié à l’honneur et au courage dé la marine française. Heureusement la nouvelle était fausse, et le 30 novembre la Belle-Poule entra dans la rade de Cherbourg. Après avoir présidé au transbordement du cercueil sur le bateau à vapeur la Normandie, le prince le conduisit au-Havre, fit procéder à un nouveau transbordement sur la Dorothée, remonta la Seine et arriva avec sa flottille, le 12 décembre, à Courbevoie.

Le 15 décembre s’accomplit la scène grandiose dont toute la France connaît les détails. Quand le cercueil atteignit la grille d’honneur des Invalides où se trouvait le roi à la tête de tous les grands corps de l’État : « Sire, dit le prince de Joinville en s’inclinant, je vous présente le corps de l’empereur Napoléon. — Je le reçois au nom de la France, répondit le roi d’une-voix profondément émue. » La tâche du jeune commandant finissait là ; Elle avait été religieusement accomplie.

Au mois de mai 1841, le prince de Joinville, embarqué sur la Belle-Poule, alla visiter Amsterdam et tous les ports ou établissements maritimes de la Hollande ; fit voile ensuite vers l’Amérique, visita le cap Rouge, Halifax, New-York, Philadelphie, Washington ; revint en Europe par Lisbonne où il fut reçu par la reine Dona-Maria, et rentra en France en 184-2 (janvier).

Au mois de juin suivant, il repartit sur la Belle-Poule avec l’escadre aux ordres du vice-amiral Hugon, accompagna son jeune frère le duc d’Aumale à Na-ples, puis à Lisbonne, et se dirigea vers le Brésil où il arriva le 27 mars 1843.

Ce voyage avait pour but la demande en mariage de la princesse Françoise-Caroline -Jeanne-Charlotte-Léopoldine-Romaine- Xavière-de-Paule - Michelle-Gabrielle-Raphaelle-Gonzague, née le 2 août 1824, fille de l’Empereur Don Pedro l" et sœur de l’empereur régnant du Brésil, don Pedro II ; cette union fut célébrée à Rio-derJaneiro le, 1er mai 1843 ; immédiatement le prince ramena la princesse en France.

Le 31 juillet 1843, il fut nommé contre-amiral avec voixv délibérative aux séances du Conseil de L’amirauté. — Après son mariage, il alla rendre visite à la reine d’Angleterre avec sa femme. En 1844, le gouvernement mécontent des aggressions réitérées des Marocains et de l’asile qu’ils accordaient à Abd-el-Kader, exigea une réparation. En même temps une escadre fut envoyée sur les côtes du Maroc sous le commandement du prince de Joinville. Elle était composée des vaisseaux le Jemmapes, le Suf-fren, le Triton, des bricks l’Argus et le Cassard, de la frégate la Belle-Poule et d’un assez grand nombre de bateaux à vapeur. L’empereur de Maroc ayant répondu évasivement à l’ultimatum signifié par le Consul de France, l’amiral réunit son conseil le S août, et le bombardement de Tanger fut résolu. A trois heures du matin il prit ses positions devant la ligne des fortifications ennemies : le Jemmapes, vaisseau amiral, et le Suf-fren vinrent s’embosser en face même de la ville. Les autres bâtiments se portèrent sur les autres parties de la côte défendue par une artillerie formidable. A neuf heures, l’escadre ouvrit une canonnade vigoureuse à laquelle la ville riposta ; mais après une heure et demie de combat, le feu de la ville, des forts de la marine et de la Casbah était entièrement éteint. Le Jemmapes et le Suffren avaient foudroyé, culbuté les batteries et démoli les remparts opposés. A 4 heures et demie le feu était éteint partout. De Tanger l’escadre se dirigea vers Mogàdor à l’extrémité du Maroc : c’est la ville chérie de l’empereur, elle renferme ses trésors. La division arrivée en vue de cette place, le 12 novembre, essuya une tempête furieuse, ce ne fut que le.15 que l’embos-sage put s’effectuer avec beaucoup de peine. Le Suffren portait cette fois le pavillon de l’amiral. L’attaque commença à deux heures et demie. Les batteries de la marine furent bientôt abandonnées par l’ennemi ; mais les batteries de l’ouest qui présentaient 40 pièces de gros calibre opposèrent une longue et vigoureuse résistance. Elles ne furent ruinées et démantelées qu’après une lutte de trois heures. A cinq heures, l’îlot seul soutenait le feu. Le prince donna l’ordre d’y débarquer : S00 ho.mmes s’élancèrent dans des canots sur le rivage où ils furent assaillis par une fusillade meurtrière. Il fallut enlever une à une toutes les positions. Le prince de Joiu-ville dirigeait l’attaque à la tête des colonnes, marchant sans armes et bravant la fusillade. Le lendemain on entra dans la ville déserte et couverte de décombres. L’empereur de Maroc demanda la paix, et vers la fin d’août le prince de Joinville quitta la flotte pour rentrer en France.

Au mois de juin 1846, il prit le commandement de l’escadre d’évolutions réunie dans la Méditerranée. Le 3 juin 1847, il fît rendre les derniers devoirs aux restes des prisonniers français de Baylen, morts de misère sur le rocher.de Cabrera, et dont les ossements étaient restés sans sépulture. Au moment de la catastrophe de février 1848, le prince de Joinville se trouvait à Alger près de son frère le duc d’Aumale, gouverneur de l ! Algérie depuis le mois de septembre -1847. Les journaux du temps ont donné le récit de la conduite noble.et digne des jeunes princes en cette circonstance. Le 3 mars ils s’embarquèrent sur le Solon pour l’Angleterre où ils devaient rejoindre leurs parents proscrits.

Le prince de Joinville a publié, sous le titre de : l’État des Forces navales de la France, un écrit très-remarquable, et qui a produit une vive sensation.

né à Abreschwiller (Meurthe) le 14 septembre 1758, entra au service le 15 août 1774 comme chirurgien aux hôpitaux militaire de Schelestadt et de Strasbourg ; mais entraîné par son goût pour la vie. aventureuse, il s’engagea, le 9 avril 1778, dans le régiment d’Alsace en qualité de soldat, et il avait fait deux campagnes d’Amérique, lorsque, le 23 août 1782, son père acheta son congé et lui procura les moyens de selivrèr au commerce.

Ayant embrassé avec chaleur les principes de la Révolution, ses concitoyens l’élirent. le 6 mai 1790, capitaine au bataillon du canton de Lorquin, avec lequel il contribua, le 31 août 1791, à rétablir la tranquillité dans Nancy, lors delà révolte du régiment suisse Château-Vieux. Le courage et l’énergie qu’il déploya dans cette circonstance fixèrent sur lui les-suffrages des volontaires du 10e bataillon de la Meurthe, qui le nommèrent leur commandant le 19 août 1792. Ce corps, dirigé sur Metz, reçut ordre de camper sous le fort Sainte-Croix avant d’avoir reçu des armes. Jordy, pénétrant les secrets desseins du gouverneur, qui méditait une trahison, réclama avec énergie l’armement de sa troupe, et l’obtint. A peine avait-il distribué les armes, qu’il eut à repousser l’attaque d’un parti de Hularis.

Quelques jours après, envoyé à l’armée de Custine, il en soutint la retraite depuis Francfort jusqu’au fort Kœnig-stein. Chargé pendant le siège de Mayence de défendre le fort de Mars, situé sur la rive droite du Rhin, il s’y maintint depuis le 4 janvier 1793 jusqu’au 15 juillet suivant, époque de la reddition de cette place, Dans cet intervalle, il s’empara, le 10 mai, des îles de WeissenaUj enleva, le 9 juin, la batterie de la redoute de Gustawensbourg, prit,’ le 11, le village de Kostheim, ainsi que la redoute de la. Briqueterie, où il fut blessé d’un coup de baïonnette qui lui traversa la mâchoire inférieure et la langue, et fit échouer, le 14 juillet, une entreprise de l’ennemi sur le fort qu’il commandait. Cette affaire valut à Jordy le grade d’adjudant-général chef de brigade qui lui fut conféré le 21 juillet.

Destinê, comme toute la garnison de Mayence, à ’faire partie de l’armée des côtes e Cherbourg, il suivit dans la Vendée le général Aubert-Dubayet, qui l’investit provisoirement du commandement d’une brigade à la tête de laquelle il chassa, le 7 septembre, les rebelles du bourg de Rouâmes. ; enleva d’assaut, le 3 brumaire an II, la petite ville de Ver-ton et y prit trois pièces de canon, des caissons, beaucoup de chevaux et une soixantaine d’hommes, et le 11 du même mois, poursuivant Charette, il força le, canal de Grandlieu. Le lendemain, à la prise du port Saint-Père, il se jeta àJa nage avec quelques soldats, et parvint, sous le feu de l’ennemi, à ramener de la rive opposée des bateaux nécessaires au passage du général en chef et de son état-major.

Il battit ensuite les Vendéens à Pa-zanne, emporta, le 11 nivôse, la ville de Chollet, et se trouva, le \.’i, à la reprise de Noirmoutiers, par le général Haxo. Avant le débarquement, Jordy, impatienté de la lenteur que mettaient les embarcations à gagner le rivage, s’élance dans la mer et commence l’attaqué par la pointe de la Fosse ; mais à peine a-t-il touché la terre qu’il est atteint d’une balle qui lui fracasse la cuisse et la jambe gauche ; néanmoins, porté sur des fusils, il continue à diriger les troupes sous ses ordres, jusqu’à ce que, de nouveau frappé à la tête, on fut obligé de l’enlever du champ de bataille, au moment où les insurgés l’abandonnaient. Le lendemain il reçut sa promotion au grade de général de "brigade. Sa santé n’était point encore rétablie lorsqu’il fut envoyé à l’armée du Rhin, et nommé commandant de Strasbourg.

Désireux de se signaler dans un emploi plus actif, il demanda, le 18 brumaire an ill, d’aller se joindre aux troupes qui formaient le siège de Mayence. Grièvement blessé, le 30, à l’affaire du camp de Weissenau, il lui fallut quitter de nouveau l’armée. Rappelé à l’activité, le’13 messidor, et placé sous les ordres de Desaix, il offrit à ce général de se rendre sur la rivé droite du Rhin’pour examiner les positions ennemies. Cette offre ayant été acceptée, Jordy resta pendant trois jours au milieu des Autrichiens. Il servit ensuite sous Pichegru jusqu’au mois de prairial an IV. A cette époque, Moreau ayant pris le commandement, il confia à Jordy le soin d’organiser de fausses attaques depuis Bâle jusqu’à Maïskolsheim, et de tenter le passage du Rhin à l’endroit qui lui paraîtrait le plus convenable. 11 passa ce fleuve le 6 messidor, près du village de Nonnenweiler, d’où il chassa un corps d’émigrés qui le défendaient avec acharnement.

Le 26, attaché à la division du général Férino, qui commandait l’aile droite de l’armée de Rhin-et-Moselle, il se porta sur Steinback, dont le pont avait été coupé, franchit le torrent en marchant sur des pierres, surprit les Autrichiens et les mit en pleine déroute. Il prit ensuite Haslack, que l’ennemi lui disputa de rue en rue, et enleva à la baïonnette la redoute du pont de cette ville. Poursuivant le cours de ses succès, il défit, près de Horneberg, un corps autrichien, traversa les montagnes voisines d ! Elrack, en faisant transporter ses canons sur les épaules de ses soldats, et assura à l’armée française les débouchés de la forêt Noire en occupant Willingen. Rendant compte à Férino de ces divers mouvements, celui-ci lui répondit : « Doucement, doucement, mon cher général, n’allez pas à Vienne avant nous. » Jordy servit avec non moins de distinction jusqu’à la fin de la campagne ; le 6 messidor^ il chassa l’ennemi de Donaueschingen, prit, le 15, la ville de Moerskich, concourut, avec le général Abattucci, à effectuer, le 15, le passage de la Kamlach, et, le 7 fructidor, celui du Lech. Le 17 fructidor, il appuya l’attaque du général Gouvion-Saint-Cyr sur Fressihgèn, força, le 21, la ville de Moosbourg à capituler, et soutint la retraite de Moreau. Les fatigues que lui fit éprouver une marche aussi pénible ayant rouvert une blessure qu’il avait reçue à la poitrine, on le transporta à Neufbrisach, dont il eut le commandement après sa guérison.

Appelé à Strasbourg, le 26 germinal an V, pour prendre le commandement de l’une des colonnes de l’armée, il eut la cuisse fracassée d’un-coup de mitraille et la première tablette de l’os frontal fracturée d’une balle, le 1er floréal, au passage du Rhin à Diersheim. Entouré d’ennemis qui, pour le jeter à bas de son cheval, le frappaient du canon de leurs fusils, il se défendit en désespéré, et il eût infailliblement succombé si quelques grenadiers de la 10e demi-brigade ne l’eussent secouru. Moreau, Vf rs la fin de cette célèbre journée, le manda près de lui, lui prodigua les éloges les plus flatteurs, et le fit panser en sa présence. De son côté, le Directoire lui adressa ses félicitations le 14 pluviôse et lui décerna un sabre d’honneur, qu’Augereau lui remit à Strasbourg, au mois de nivôse an VI.

Le 8 ventôse, le général ’Sainte-Suzanne lui donna le commandement de toutes les places fortes du département du Haut-Rhin ; mais ayant été chargé presque dans le même moment de celui de l’avant-garde de l’armée en Helvétie, il ne remplit cette mission que d’une manière incomplète. Épuisé par les fatigues de cette dernière campagne, et affaibli par ses nombreuses blessures, il demanda un « mploi sédentaire, et obtint, le 5 prairial, le commandement de la place de Strasbourg, qu’il fut forcé de résigner quelque temps après, n’ayant pas voulu accepter le grade de général de division.

Le premier Consul l’envoya commander la place de Landau le 21 nivôse an IX. Membre et officier de la Légion-d’Honneur les 19 frimaire et 25 prairial an XII, l’Empereur lui confia, le 11 octobre 1806, le commandement supérieur de la tête de pont de Cassel, devant Mayence, et des troupes cantonnées sur la rive droite du Rhin. Il devait en outre surveiller les travaux de fortifications. Le 27 novembre suivant, le maréchal duc de Valmy le chargea de conduire au grand quartier général, alors à Berlin, 5,000 hommes de toutes armes. Obligé de pousser jusqu’à Varsovie, où se trouvai’ l’Empereur, il grossit sa troupe de tous les militaires restés sur les derrières de l’armée, et reçut à cet égard les remer-cîments de Napoléon, qui le nomma commandant supérieur de Thorn le 9 janvier 1807.

Pendant son séjour dans cette ville, qui se prolongea jusqu’au 26 août, il pourvut avec la plus grande activité à la reconstruction d’un pont enlevé par les /glaces, à l’approvisionnement des magasins de subsistances et à l’organisation des hôpitaux. Il eut dans le même temps l’occasion de faire preuve de son courage et de son dévouement. Le 7 août, une prolonge remplie de poudre, et placée sur un bateau, éclata dans le voisinage d’un magasin qui en contenait 500 milliers. Jordy, malgré ses-infirmités, s’élança sur le toit, et, avec l’aide du caporal de sapeurs Roux, il précipita les décombres enflammées dans la rivière et préserva ainsi la ville de Thorn d’une entière destruction.

La paix qui suivit la-bataille de.Fried-land l’ayant fait quitter Thorn, il fut investi du commandement d’armes de Mayence, le 22 octobre, et reprit, le 18 novembre, celui de Landau. Créé chevalier de l’Empire en 1807, un décret du 1er juin 1812 le nomma commandant du département du Léman et de la place de Genève, avec l’inspection générale pour les retraites et les réformes. Un second décret du 28 novembre 1813 lui donna le commandement supérieur de la ville. Bientôt après, assiégé par 20,000 hommes des troupes alliées,. Jordy, qui n’avait pas 100 hommes en état de leur-être opposés, se rendit à la première sommation.

Revenu en France immédiatement après, une attaque d’apoplexie lui ôta l’usage des deux jambes ; il demanda donc sa retraite. Louis XVIII le- fit chevalier de Saint-Louis le 2 octobre 1814, et il reçut ensuite du roi de Bavière l’ordre de Maximilien-Joseph. Il mourut le 7 juin 1825.

né à Pont-de-Vaux le 14 avril 1769. A 15 ans, il s’évada du collège, s’enrôla comme volontaire en 1791 dans un régiment de canonniers, passa par tous les grades, et fut nommé successivement adjudant-général, chef de bataillon, général de bri-" gade en 1793 sur le champ de bataille de Loano.

La célèbre campagne de 1796 et 1797 lui valut une grande renommée. Partout, à Môntenotte, Millésimo, Ceva, Mondovi, Cherasco, Lodi, au col de Campione, à Compara, à Montebaldo, à Rivoli, il seconda avec une intrépidité et un discernement rares le général Bonaparte, qui lui fit donner le titre de général de division et se fit accompagner de lui quand il présenta au Directoire le traité de Campo-Formio.

Peu après, Joubert fut envoyé comme, général en chef à l’armée de Hollande, puis à celle de Mayence, et enfin à celle d’Italie. Il y arriva à la fin de 1798 et opéra la révolution du Piémont, machinée depuis longtemps. Il se porta ensuite sur Livourne ; puis, las de se voir contrarié dans ses opérations par le gouvernement, il donna sa démission et revint à Paris. Au 30 prairial, Barras et Sièyes jetèrent les yeux sur lui pour commander dans Paris et agir au besoin conlre les démocrates ; mais comme il ne jouissait pas encore d’une grande popularité, on voulut lui fournir l’occasion de remporter quelque victoire importante et on le nomma à cet effet général en chef. Mo-reau consentit à être son lieutenant. Joubert franchit les montagnes du Mont-ferrat, opéra sa jonction avec l’armée de Naples et se disposa à livrer bataille dans les plaines de Novi, mais il avait commis une faute grave. Nommé le 17 messidor, au lieu de se rendre à son poste immédiatement, il avait perdu un mois à se marier avec une jeune femme qu’il aimait. C’était la fille du sénateur Sémonville, mariée depuis au maréchal Macdonald.

Ce délai, donna à Souvarow le temps d’avancer en réunissant toutes ses forces. Joubert aggrava encore sa faute par une fatale indécision. Il donna aux Russes le temps d’attaquer son armée très-inférieure en nombre. Elle ne comptait que 20,000 hommes contre 40,000 Austro-Russes. Après quelques minutes de combat, Joubert tomba mortellement blessé, en répétant le nom de sa jeune femme et en excitant-ses soldats qui furent vaincus, en dépit de l’habileté de Moreau. Cette défaite eut lieu le 28 thermidor an VII. Joubert n’avait que 30 ans.

Joubert était grand, maigre et semblait d’une complexion faible ; mais il l’avait mise à l’épreuve des grandes fatigues dans les Alpes et s’y était endurci. Il était vigilant, intrépide, marchant à la tête des colonnes, fort actif. Dans la rude journée du col de Campione, il portait les ordres lui-même, ne pouvant trouver personne qui y mît assez de promptitude.

Le plus beau titre à la gloire de ce général est l’expédition du Tyrol que Carnot a justement qualifiée de campagne de géants. Les défilés redoutables du Tyrol, un des pays les plus-âpres de l’Europe, étaient défendus par deux armées ennemies et plus encore par les habitants ; ils furent forcés par Joubert, à la tête de trois divisions formant la gauche de l’armée d’Italie. Il prit tous les magasins des Autrichiens, leur fit 9,000 prisonniers et opéra sa jonction avec la grande armée, pendant qu’à Vienne on chantait le Te Deum pour célébrer sa défaite et sa destruction. Lorsqu’en descendant du Tyrol, Joubert se présenta à l’entrée de latente du général en chef, la sentinelle avait ordre de ne laisser entrer personne ; Joubert insista ; Bonaparte se présenta, le reconnaît, l’embrasse et dit au soldat : « Va, le brave Joubert qui a forcé le Tyrol a bien pu forcer ta consigne. »

Le premier Consul fit déposer les restes de Joubert près de Toulon, dans le fort La Malgue, appelé depuis fort Joubert.

naquit le 11 novembre 1772, à Angers. Volontaire le 15 septembre 1791 dans le 1er bataillon de Maine-et-Loire (85e demi-brigade d’infanterie de ligne en l’an IV), il fit les campagnes de 1792 et 1793 à l’armée du Nord, se trouva au siège de Verdun en août 1792, combattit à Jemmapes, passa sergent le 16 du même mois., sergent-major le 19 janvier 1793, et prit part aux sièges de Maëstricht et de Valenciennes en février et mai suivants.

Nommé sous-lieutenant et lieutenant le 25 pluviôse et 2 ventôse an II, étant. à l’armée des Alpes, il se rendit en l’an IV à l’armée d’Italie, assista à la prise de Mondovi et à celle de Ceva, combattità Dégo, au passage du pont de Lodi, puis à la bataille de Castiglione en l’an IV, se distingua au passage du pont d’Arcole en l’an V, ainsi que’ le 25 ni-yôse suivant, à la bataille de Rivoli, où, à la tête de 30 hommes de ja 85e demi-brigadë, il fit prisonniers 2,000 Autrichiens. Breveté d’un sabre d’honneur en récompense de cette action d’éclat, et promu capitaine le 9 brumaire an VI, il embarqua à Marseille pour l’Égypte en floréal, de la même année, se trouva aux batailles de Chebreiss et des Pyramides, passa, le 12 pluviôse an VII, dans le régiment des dromadaires, et fit, avec son grade, la campagne de Syrie. Présent aux sièges du fort d’El-Ariscb, où il fut blessé de deux coups de feu aux deux cuisses le 27 du même mois, il prit une part brillante aux sièges de Jaffa et de Saint-Jean-d’Acre, rentra dans la basse Égypte, et combattit à Aboukir et à Héliopolis.

Adjoint aux adjudants-généraux le 3 JOU ( < ihermidor an VIII, aide-de-camp du général de division Lagrange le 25 ventôse an IX,,il revint en France avec l’armée d’Orient, obtint le 9 nivôse an X le grade de chef de bataillon dans la 64e demi-brigade d’infanterie de ligne. (64e régiment de même arme en l’an XII), et fut nommé officier de la Légion-d’Hon-neur le 25 prairial an XII, étant à l’armée des côtes de l’Océan (camp de Vi-mereux).

Il fit, avec le 5e corps de la grande armée, les deux campagnes de l’an XIV et celles de 1806 et 1807 en Autriche, en Prusse et en Pologne ; il était à la prise d’Ulm, fut blessé grièvement d’un coup de boulet à la bataille d’Austerlitz, devint colonel le 20 janvier 1806, commanda le 64e régiment aux batailles d’Iéna, d’Eylau et de Friedland, et le 30e de ligne à la bataille d’Eckmulh, à la prise de Ratisbonne, à la bataille d’Ess-ling, enfin à celle de Wagranl, où il reçut un coup de feu à la jambe gauche.

L’Empereur lui conféra, comme récompense, le titre de baron.

Resté à l’armée d’Allemagne et promu au grade de général de brigade le 6 août 1811, il quitta Hambourg le 14 octobre suivant pour" se rendre au corps d’observation de l’Océan, et, placé dans la 11e division d’infanterie qui fit partie du 3’ corps de la grande armée pendant la campagne de 1812 en Russie, il se trouva à la prise de Smolensk le 17 août, fut nommé commandant de la Lé-gion-d’Honneur le 2 septembre suivant, et combattit à la bataille de la Moskowa le 7 du même mois, ainsi qu’au passage de la Bérésina les 26, 27 et 28 novembre suivant.

Attaché au 2e corps d’observation en 1813, puis chevalier de la Couronne de Fer le 17 mai, à la suite de la première bataille de la campagne de Saxe (Lutzen), — il combattit à Bautzen, à Dresde, à Leipzig

).

JOU et Hanau, et se replia sur le Rhin avec les débris du 6° corps.

Le 1er février 1814, au combat de Brienne, chargé de la défense du village de Chaumesnil, il y soutint les attaques d’un ennemi six fois plus nombreux que les troupes qu’il avait à lui opposer, et se fit encore remarquer le 11 du même mois au combat de Montmirail, puis, le 14, au combat de Vauchamps. ■ Conservé en activité sous la première et la seconde Restauration, et nommé, le 8 août, au commandement du département de la Corrèze, puis chevalier de Saint-Louis le 20 du même mois, le général Joubert conserva son commandement pendant les Cent-Jours, et fut mis en demi-solde le 27 janvier 1816.

Adjoint à l’inspection générale de l’infanterie dans la 13e division militaire le 22 août, puis inspecteur général de la même arme en 1817 et en 1818 ; enfin appelé au commandement du Morbihan, le 7 avril 1819, il passa, le 21 avril 1820, à celui d’ille-et-Vilaine, et reçut du roi, le 17 août 1822, le titre de vicomte.

Admis à la retraite lé 4 mars 1835, le -général Joubert est mort à Paris.le 23 avril 1843.

né à Boulot (Haute-Saône), le 20 juillet 1766. M. le général Jouil’roy a débuté dans la carrière qu’il a si glorieusement parcourue comme simple canonnier.au régiment de La Fère, le 5 juin 1781. Il fut nommé sergent le 20 avril 1786 et sergent-major le Ie’ juin 1792.

Le 24 novembre de la même année, il obtenait les épaulettes de lieutenant en second ; il était adjudant-major le 25 novembre suivant, capitaine en premier le 17 février 1794,chefde bataillon le 17 juin 1797, et enfin colonel le 29 octobre 1803.

Il conserva ce dernier grade jusqu’en 1811, et le 23 juin 1811, il fut promu au grade de général de brigade.

JOU

{ 96 JOU ■


Le baron de Jouffroy a fait la campagne de 1792 à l’armée du Nord ; il assista aux sièges de Namur, de Maëslricht et à celui de Valenciennes, où il commanda l’artillerie de la citadelle ; il y reçut deux blessures et fut fait prisonnier avec la garnison. Rendu à la liberté, il se trouva au siège de Lyon à la direction des batteries d’attaque. Nommé capitaine de lrc classe, il passa à l’armée des Pyrénées-Occidentales, où il fit les campagnes de 1793, 1794 et 1795. Le 27 novembre 1793, il reçut un coup de feu au siège de Fontarabie.

En 1796, il était sur les côtes de Brest ; nommé sous-directeur du parc de l’expédition d’Irlande, il mouilla pendant quinze jours dans la baie de Bautry.

Il fit ensuite les campagnes de 1797, 1798, 1799, 1800 sur les côtes de Brest et à Belle-Isle.En 1800,il passa à l’armée du Rhin, et se trouvait à Landau. En 1803,il se trouvait en Hollande. Il y reçut l’ordre de se rendre à Lille pour prendre la direction’d'artillerie de cette place. Colonel-directeur du parc d’artillerie du 3e corps, sous les ordres du maréchal Davoût, il fit les campagnes de 1805,1806 (double), 1807, 1808, 1809, 1810, 18H à la grande armée en Allemagne, en Autriche, en Prusse et en Pologne ; s’est trouvé aux batailles d’Austerlitz, d’Auer-stadt, d’Eylau, de Wagram.

L’Empereur lui fit délivrer le brevet de général de brigade le 23 juin 1811 avec les titres d’inspecteur-directeur général de l’artillerie et de baron de l’Empire.

Le général Jouffroy, pendant la désastreuse campagne de Russie en 1812, appartenait au 1" corps commandé par le prince d’Eckmulh en qualité de directeur général du parc d’artillerie.

Il assista aux batailles de la Moskowa, de Krasnoé, de la Bérésina. Pendant une partie de la retraite, il fut chargé du

commandement du parc d’artillerie du 1" corps, et eut le bonheur de le sauver d’une perte totale près de Krasnoé par une marche de dix lieues à travers champs.

En 1813, il organisa et commanda l’artillerie du 13° corps et de la 32" division militaire, toujours sous les ordres du maréchal Davoût. Il créa à Hambourg tout le matériel d’artillerie nécessaire à la défense de cette place, et se trouva aux combats des 9 et 17 février 1814 dans les îles de Willemsberg.

Le général baron de Jouffroy n’avait que 49 ans lorsqu’une mesure inique le mit à la retraite le 1" janvier 1816. Rétabli dans le cadre de réserve le 1" avril 1831, il fut remis à la retraite, pour raison d’âge, le 1" mai 1832,

Depuis ce temps, M. de Jouffroy, rendu à la vie privée, a toujours habité Lille, où il s’est fait aimer et respecter par ses nobles qualités. Sa carrière militaire avait été longue et honorable ; sa car-r rière civile ne le fut pas moins : officier général distingué, brav.e défenseur de son pays, il consacra sa vieillesse à ses concitoyens, et surtout aux pauvres. On le vit pendant vingt-sept ans président du bureau de bienfaisance de la ville de Lille.

Il est mort dans cette ville le 30 septembre 1846.

M. de Jouffroy avait été créé chevalier de la Légion-d’Honneur à la création, le 12 décembre 1803 ; il en fut nommé officier le 15 juin 1804 et commandeur le 7 juillet 1807.

Le roi Louis XVIII le fit chevalier de Saint-Louis le 19 juillet 1814.

maréchal de France, né à Limoges le 29 avril 1762, s’enrôla en 1768 dans le régiment d’Au-xerrois, et fit la guerre d’Amérique. En 1790, il était capitaine des chasseurs de la garde nationale de Limoges. Il fut ’nommé en 1791 commandant en chef du

JOU 97 )

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2e bataillon des volontaires de la Haute-Vienne qu’il conduisit àl’armée du Nord. Il fit la campagne de la Belgique sous Dumouriez, et se distingua notamment aux environs de Namur, lors de la re-’ traite de l’armée. Le 27 mai 1793, il fut élevé au grade de général de brigade, et à celui de général de division le 30 juillet suivant. Il commandait le corps de bataille à la journée de Ho’ndscoote, et -fut blessé en enlevant les retranchements ennemis à la tête de ses troupes. Le 26 septembre, il remplaça Houchard dans le commandement de l’armée. Le 17 octobre’, il -remporta la victoire de Watti-gnies, disputée avec acharnement dans ■,un combat de -48 heures, et força le prince de Cobourg à lever le blocus de Maubeuge. Le Comité de salut-public qui appela alors Jourdan à. Paris, voulait prendre l’offensive. Jourdan lui fit conr sidérer que l’armée était’ composée de nouvelles levées, la plupart sans armes ni habits ; qu^ainsi il valait mieux passer l’hiver sur- la défensive, pour se mettre en état d’attaquer au printemps. Ses plans furent adoptés ; néanmoins on n’oublia pas sa résistance, et dès que les troupes furent en état d’agir, Pichegru vint le remplacer. Le Comité de salut public avait même pris un arrêté par lequel il ordonnait la destitution et l’arrestation du général Jourdan ; mais des représentants du peuple près l’armée, ayant pris sa défense, le Comité se borna à faire proposer par Barrère de le mettre à la retraite. Bientôt, cependant, il fut employé de nouveau et obtint le commandement de l’armée de la Moselle. Il ouvrit la campagne de 1794 par le combat d’Arlon, où les Autrichiens, forts de 16,000 hommes, furent complètement battus ; il reçut ensuite l’ordre’de traverser lés Ardennes et de venir avec 40,000 hommes se réunir devant Char-leroi et l’aile droite de l’armée du Nord, u.

ce qu’il exécuta avec habileté. Les troupes, placées sous.le commandement de Jourdan, reçurent le noni d’armée dé Sambre-et-Meuse. Cette armée passa la Sambre, remporta la victoire de Fleurus le 8 messidor (26 juin) ; celle de l’Our-the et de l’Arwaille le 18 septembre, et celle de La Roè’r le 2 octobre suivant. Elle battit l’ennemi dans une foule de combats ; reprit les places de Landrecies, le Quesnoy, Valenciennes et Condé ; fit la conquête de celles de Charleroi, Namur, Juliers et Maëstricht, et planta ses drapeaux sur le Rhin depuis Clèves jusqu’à Coblentz. r’ Ainsi furent conquises pour la France, en une seule campagne, ces belles contrées qu’arrose le Rhin et qui nous sont restées pendant vingt ans. En 1793, Jourdan prit possession de la forteresse de Luxembourg qui se rendit par capitulation. En septembre, il passa le Rhin de vive force ; en présence d’un corps de 20,000 Autrichiens et s’empara de Dus-seldorf. L’armée de Clairfayt réunie sur la Lahn n’osa point courir les chances d’une bataille et se reploya au delà du Meirï. Jourdan la poursuivit, prit position entre Mayence etHochst, ou passait la ligne de neutralité convenue avec la Prusse. -Pichegru qui avait traversé le Rhin à Mânheim et qui aurait dû s’avancer avec la’majeure partie dé ses forces sur le Mein, pour couper la retraite à Clairfayt et opérer sa jonction avec l’armée de Sambre-et-Meuse, se borna à porter sur Heidelbergun corps de 10,000 hommes, qui, peu de-jours après fut complètement battu. Clairfayt, rassuré par l’inaction de Pichegru, tira des renforts de l’armée autrichienne du Haut-Rhin, franchit la ligne de neutralité au-dessus de Francfort, et manœuvra pour envelopper l’armée de Sambre-et-Meuse entre la Lahn, le Mein et le Rhin. Ces circonstances contraignirent Jourdan à la 1 JOU JOU ( 98 ) sence de l’archiduc Charles qui avait plus de 65,000 hommes sous ses ordres. Les hostilités commencèrent le 20 mars. Le lendemain, trois divisions françaises soutinrent à Ostrach, contre toute l’armée autrichienne, le combat le plus opiniâtre, et n’abandonnèrent leur position qu’après avoir fait éprouver une perte considérable aux ennemis. Jourdan, convaincu qu’en persistant à lutter contre des forces aussi supérieures, il compromettrait son armée, prit la détermination de se rapprocher du Rhin, dans l’espérance d’y recevoir les secours dont il avait besoin pour reprendre l’offensive. Il fit sa retraite en bon ordre et fut suivi mollement par l’archiduc. S’étant aperçu le 24 que ce prince avait mal disposé ses troupes aux environs de Stokach,’ il espéra que cette circonstance balancerait la disproportion de ses foreçs avec celles de ses adversaires ; il attaqua donc l’archiduc le lendemain à Liebtingen, lui fif 4,000 prisonniers, prit 2 pièces de canon, coucha sur le.champ de bataille et y séjourna le jour suivant.

L’avantage remporté n’ayant pas été aussi considérable que l’espérait Jourdan, il continua sa retraite et se porta vers les débouchés de la forêt Noire. Le 10 avril il fut remplacé par Masséna. Réélu au conseil des Cinq-Cents, il y entra en mai 1799. Comme l’impéritie du gouvernement était la cause des revers qu’essuyaient les armées, Jourdan propose de déclarer la patrie en danger ; mais il échoua. Au 18 brumaire, il ne marcha pas sous la bannière du général Bonaparte, fut exclu du corps législatif, et momentanément condamné à être détenu dans la Charente-Inférieure. Le 24 juillet 1800, nommé ministre extraordinaire, puis administrateur, général en Piémont, il extirpa le brigandage, rétablit l’ordre dans les finances, et fit régner la.justice dans ce pays. En 1802, il retraite. Peu de temps après, ayant forcé les lignes de Mayencé, Jourdan marcha au secoursde l’arméede Rhin-et-Mosellc. Après une courte mais brillante campagne dans le Handsruck, il convint d’un armistice, et la guerre ne fut reprise qu’au printemps suivant, époque à là-quelle il passa de nouveau le Rhin, força le général Wartenslenbèn à battre eh retraite, s’empara de Francfort et de Wurtzbourg et se porta sur Ratisbonne. Mais attaqué par l’archiduc Charles qui reculait’devant Moreau et venait au secours de Wartenslenbèn avec 40,000 hommes, il fut obligé de se replier sur le Rhin ; sa retraite fut surtout occasionnée par la mauvaise direction que le gouvernement donna aux armées, et par le parti que prit Moreau d’aller remporter une victoire facile sur le Lech, au ’ lieu de suivre l’archiduc Charles. Jourdàn ayant quitté le commandement de l’armée fut nommé en mars 1797, par le département de la Haute-Vienne, au conseil des Cinq-Cents. Le 23 septembre, il fut élu président, et le 21 janvier 1798 secrétaire ; le 24 septembre suivant, il fut réélu président et donDa sa démission en octobre, annonçant que le Directoire le destinait au commandement des armées. Dans l’exercice de ses fonctions législatives, il fit adopter la loi sur la conscription. Le Directoire qui, par ses prétentions exagérées à Rastadt, et ses entreprises en Italie et en-Suisse, avait armé toute l’Europe contre lui, non-seulement négligea de lever des armées capables de tenir tête à l’orage, mais encore commença les hostilités, avant d’avoir réuni sur les points d’attaque tous les moyens dont il pouvait disposer, de sorte que l’armée du Danube, commandée par Jourdan, ne comptait que 38,000 hommes lorsqu’elle passa le Rhin, le 1e’ mars 1799, et entra en Souabe. Jourdan ne tarda pas à se trouver en pic-


.( JOU fat appelé au conseil d’État. En janvier 1803, élu candidat au Sénat conservateur par le collège électoral de la Haute-Vienne, il fut appelé ensuite au commandement en chef de l’armée d’Italie ; le 19 mai 1804, on le créa maréchal de l’Empire et grand cordon de la Légion-d’Honneur. Enjuin 4805, il reçutl’ordre de Saint-Hubert deBavière, et commanda les manœuvres du camp de Castiglione, lors du couronnement de Napoléon, comme roi d’Italie. Remplacé à l’armée par Masséna au moment où la guerre éclata, il se plaignit amèrement à l’Empereur, et fut, en 1806/ envoyé à Na-plés en qualité de gouverneur de cette Ville. En 1808, il passa en Espagne en qualité de major général sous le foi Joseph qu’il suivit constamment à titre de, conseil. Abreuvé de dégoûts il sollicita son rappel qu’il obtint sur la fin de 1809. Jourdan vivait au sein de sa famille, lorsque l’Empereur, déterminé à faire la guerre à la Russie, lui ordonna de retourner en Espagne avec sa première qualité. Ce fut pendant cette seconde période que se fit la retraite de Madrid et que fut donnée là bataille de Vittoria, le 20 juin 4813. On a longtemps imputé au maréchal Jourdan le mauvais succès de cette journée ; mais il n’y commandait-ni de droit ni de fait, et’ ses conseils éprouvèrent de nombreuses contradictions. Après la bataille de "Vittoria, il rentra en France et resta sans activité jusqu’à l’année suivante, où il fut nommé gouverneur de la 15" division militaire. Le 3 avril 1814, il envoya deRocou son adhésion’à tous les actes du gouvernement provisoire, fut créé chevalier de Saint-Louis le 2 juin, et se retira à la campagne après le 26 mars 1815. Napoléon l’appela à là Chambre des Pairs au mois de juin et l’envoya à Besançon en qualité de gouverneur de cette place et de la division militaire^

}.) JUL

Sous l’a seconde Restauration,.Jourdan présida le conseil de guerre qui devait juger le maréchal Ney, et qui se déclara incompétent. En I8i7, ilfut nommé gouverneur de la 7e division militaire, et l’année suivante le roi l’appela à la Chambré des Pairs.

C’est depuis la révolution de Juillet seulement que le gouvernement de l’Hôtel des Invalides, qui appartenait au lieutenant-général de Latour-Maubourg, fut confié au maréchal Jourdan. Il n’en jouit que peu de temps et succomba dans sa 71’ année, aux atteintes d’une longue maladie, le 23 novembre 1833.

Les obsèques du maréchal eurent lieu à l’église des Invalides et ses restes furent déposés dans les caveaux dé l’Hôtel.

« En voilà un, disait Napoléon, en parlant de Jourdan, que j’ai fort maltraité assurément. Rien dé plus’naturel sans doute que de penser qu’il eût dû m’en vouloir beaucoup. Eh bien ! j’ai appris avec un vrai plaisir, qu’après ma chute, il est demeuré constamment bien : ■

Il a montré là cette élévation d’âme qui honore et classe les gens. Du reste, c’est un vrai patriote : c’est une réponse à bien des choses. » (LAS CASES.)

né à La Palud (Vancluse), le 12 mars 1764.*, Élève surnuméraire d’artillerie le 16 août 1781, élève le 18 janvier 1782, et lieutenant le 1" septembre 17.83, il servit dans le 1er régiment d’artillerie (La Fère).

Passé capitaine en second au 5e de même arme le 1" avril 1791, il devint adjudant aux adjudants-généraux le 1" mai 1792, adjudant-général chef de bataillon le i 0 pluviôse an II,- et adjudant-général chef de brigade le 25 prairial an III. Le Mémoire de proposition à ce dernier grade, adressé par le général Duvignan à la commission de l’organisation et du mouvement des armées, porte ces notés : JUL

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JUL


t( D’un patriotisme des plus fortement prononcés ; capable des plus grands services pour le bien et raffermissement.de la République et de la liberté. Officier d’un mérite distingué, soit comme officier d’artillerie, soit comme officier d’état-major, zélé, actif, très-intelligent. »

Il fit les campagnes de l’an III à l’an VI aux.armées du Rhin, de Rhin-et-Moselle et d’Angleterre, et s’embarqua le 30 floréal an VI, avec l’armée d’Orient. Après la prise de possession du Delta, il fut nommé commandant de la place de Rosette. Au mois de floréal an VII, un fanatique, qui se disait l’ange El-Mohdhy, et qui était parvenu à former une armée d’Arabes de différentes tribus et de Mamelucks, s’avança vers le Nil ; repoussé par le cbef de brigade Lefebre, l’ange se présenta devant Rosette, pensant pouvoir s’en emparer aisément ; mais Jullien marcha au-devant de lui, le battit et le força à se retirer avec précipitation. Au mois dé thermidor suivant, Jullien commit un acle de désobéissance, qui aurait pu le compromettre si le succès lui eût échappé.

Les Turcs débarquèrent sur la plage d’Aboukir. Marmont, commandant à Alexandrie, effrayé de l’attaque dont il se croyait menacé, envoya courrier sur courrier au général en che,f pour presser l’arrivée de l’armée, et ordonna à toutes les garnisons relevant de son commandement, de le venir joindre. Jullien senlit qu’il y aurait de graves inconvë-niens à évacuer Rosette, et il y resta quoiqu’il n’eût que 200 hommes avec lui ; mais il s’était fait aimer des habitants et comptait sur leur bienveillant appui. Il.écrivit au général en chef pour lui expliquer les motifs de sa détermination, et pour lui recommander sa mémoire s’il succombait. Cependant, le bruit de l’évacuation avait couru dans la ville. Une députation de trente-six no-

tables se présenta à Jullien, et un vieillard de la députation lui dit au nom de tous : « Commandant, on assure que tu vas nous quitter. Reste ici parmi des amis ; tu nous a gouvernés en père ; personne n’a à se plaindre dé toi ; tu n’as dérobé l’argent d’aucun de nous ; tu peux compter sur l’attachement que nous t’avons voué ; nous combattrons h tes côtés si l’on vient t’attaquer ; mais si tu pars, ne t’offense pas si, pour éviter la vengeance des Osmanlis, nous nous montrons tes ennemis ; nous serons peut-être obligés de tirersur toi, maissois sûr que nos coups ne t’atteindront pas. »

Jullien leur répondit qu’il avait foi en eux, et qu’il ne leur demandait qu’une neutralité complète, attendu qu’il avait des forces suffisantes pour défendre Rosette. Pendant les huit jours qui suivirent le débarquement des troupes et qui précédèrent l’arrivée de notre armée, les effets suivirent les promesses. Il n’y eut pas la plus légère sédition, et chacun s’empressa" de fournir au commandant les moyens de faire parvenir à l’armée des vivres et des munitions. Le ’général, en chef envoya à Jullien une lettre de félicitations de sa conduite, et Berthier, dans son ouvrage de l’expédition d’Égypte, rend justice à sa prudence et à son intrépidité.

Rentré en France au mois de germinal an IX, il fut nommé, par arrêté du 9 thermidor de la même année, préfet du département du Morbihan. Mis en traitement de non-activité comme adjudant-général le 1" vendémiaire an X, le premier Consul le promut au grade de général de brigade le 11 fructidor an XI, tout en lui conservant la préfecture qu’il lui avait confiée. Créé membre de la Légion-d’Honneur le 19 frimaire an XII, et conseiller d’État le 12 pluviôse, il prévint le ministre de la justice, le 24- floréal, que parmi les inJUN dividus capturés par les chaloupes canonnières, il avait reconnu, pour l’avoir vu en Égypte, un agent de l’Angleterre, nommé Wright, et qu’il tenait en arrestation. C’était cet Anglais.qui avait jeté sur la côte Georges Cadoudal et son complice. L’Empereur, pour le récompenser de son dévouemeni, lui donna la croix de commandeur de l’Ordre le 25 prairial. Louis XVIII le remplaça dans sa préfecture le 26 juillet 1814 ; Napoléon la lui rendit le 22 mars 1815, et il la perdit définitivement le 14 juillet suivant..

Admis à la retraite le 4 septembre de la même année, il se retira à La Palud, où il est mort le 19 mai 1839.

né le 26 novembre 1762 à Limoges (Haute-Vienne), fut admis, le 12 mai 1779, dans la gendarmerie de la Garde du roi.

Rentré dans sa famille le 5 octobre 1783, il s’enrôla, dès le 2 juillet de l’année suivante, comme simple grenadier dans Boulonnais-Infanterie, 79e régiment.

Caporal le 12 avril 1785, sergent le 12 mai suivant, et sous-lieutenant le 22 mai 1792, il fit en cette dernière qualité les campagnes de 1792,1793 et de l’an II à l’armée des Alpes.

Le 3 juin 1793, étant au bourg de Saint-Maurice, il reçut l’ordre d’aller-renforcer, avec 50 hommes, deux compagnies de chasseurs, et arrivé à Villa-Roger, où elles étaient en position, il fut placé de grand’garde, par leur commandant, à une lieue de là pour défendre l’accès d’un pont de communication entre Villa-Roger et Sainte-Foix.

Attaqué à la pointe du jour par trois compagnies de grenadiers ennemis, il soutint leur feu pendant cinquante heures, et resta maître du pont.

Cependant, le général Cordon-Latour arrivait avec tout son corps d’armée, et

01 ) JUN Juniac, bientôt enveloppé, se vit attaqué ’ de tous les côtés à la fois : il fallait mettre bas les armes ou mourir glorieusement ; il préféra le dernier parti %et il sut inspirer à ses soldats le même dévouement. Tous vendirent chèrement leur vie,.lui-même mit hors de combat 11 grenadiers ennemis,- et quand on vint le relever au milieu de ses soldats, tous tués ou blessés auprès de lui, il avait le corps traversé d’une balle et la tête déchirée detcoups de sabre.

Le général Latour, pénétré d’admiration pour tant de courage, -l’entoura des égards les plus empressés et fit soigner ses blessures. Il fut échangé quatre mois après. Au mois de germinal an II, étant à l’armée d’Italie, il reçut ordr.e d’aller, ■ avec sa compagnie, attaquer les avant-postes du mont Valaisan, près le Petit-Saint-Bernard.

Après deux jours et deux nuits de. marche, n’ayant pas rencontré l’ennemi, il se dirigea vers trois redoutes occupées par les Piémontais, et qui, par leur po--sition, rendaient l’accès du Petit-Saint-Bernard très-difficile.

Il entra le premier dans la plus avancée des trois, et tua de sa main le capitaine commandant l’artillerie ; en un instant, les trois redoutes furent enlevées et 200 Piémontais, huit canons ou obu-siers tombèrent au pouvoir du vainqueur. Les représentants Dumas et Albitte félicitèrent le brave Juniac, et pour le récompenser dignement, ils voulurent le faire chef de bataillon adjudant-général ; mais aussi modeste que brave, Juniac demanda pour toute faveur de passer dans la cavalerie, qui était l’arme dans laquelle il avait commencé à servir.

Lieutenant dans les hussards des Alpes (13e régiment) le a brumaire an III, et capitaine le 12 pluviôse suivant, il fit toutes les campagnes d’Italie, depuis l’an III jusqu’à l’an VIII, et, plus d’une fois, JUN - ( i son nom fut glorieusement cité à l’ordre de l’armée.

Dans les premiers jours de thermidor an III, à la tête de 100 hussards, il attaqua avec impétuosité l’infanterie ennemie qui se formait en bataille, près de l’Arche, dans la vallée de Stura, la mit dans la plus complète déroute, tua le commandant d’un coup de pistolef et fit 500 prisonniers. Au passage, du Pô, le 18 floréal an IV, Juniac mérita encore les éloges des chefs de l’armée, et fut blessé d’un coup de feu à la cuisse droite.

Le 6 ventôse an V, dans une reconnaissance sur la Piave, eu avant du vil’ lage de Lovadina, il reçoit l’ordre de charger la cavalerie ; il n’avait avec lui que 30 hussards ; néanmoins, il s’élance, sans la moindre hésitation sur cette cavalerie très-supérieure en nombre et, sou-’ tenue par.une pièce de canon tirant à mitraille, la culbute et la poursuit avec tant de vigueur jusqu’à la Piave, qu’elle n’a point le temps de passer le pont et s’y jette en désordre avec sa pièce. Juniac marche droit vers la tête, du pont et franchit le retranchement sous un feu croisé ; l’ennemi, s’apercevant du petit nombre des assaillants, revient en force et les oblige à se replier’sur deux bataillons de la 27° demi-brigade d’infanterie légère, qui se trouvaient en position un peu en arrière.,

Soutenu par l’infanterie qui s’était avancée, il charge de nouveau l’ennemi, le met en déroute, s’empare de la tête du pont et fait mettre bas les armes à une compagnie de Croates qui le défendait.

Dans ces deux charges, il tua de ga main deux hussards de Wurmser ; mais dangereusement blessé au bras droit par un coup de biscaïen, il dut quitter momentanément l’arniée. En l’an VI[I, il était à l’armée de ré-

>2 ) JUN serve et faisait partie de l’avant-garde du général Murât.

A l’attaque du pont de Plaisance, il enleva successivement 17 postes dans la même journée.

A la bataille de Marengo, son esca- ; dron, qui formait l’avant-garde de lu réserve chargea vigoureusement la cavalerie ennemie et obtint sur elle des avan-.tages importants, ’ Le général Desaix lui témoigna plusieurs fois sa satisfaction dans cette journée, et il voulait le signaler à la justice du premier Consul, lorsque la mort l’en empêcha.

En l’an IX, Juniac fut employé à l’armée des Grisons, et fit partie de celle des côtes de Bretagne pendant les ans Xly XII et XIII.

Le premier Consul le comprit dans la promotion des légionnaires du 26 frimaire an XII, et, le 29 fructidor an XIII, il lui conféra le grade de chef d’escadron au 1er régiment de hussards. Cet officier supérieur fit les campa-.. gnes d’Autriche et de Prusse de l’an XIV à 1806, et à Iéna tua un colonel prussien à la tête de son régiment et contribua puissamment’ au succès de cette mémorable journée.

Colonel le,28 du même mois, il soutint avec son seul.régiment le 5 janvier 1807, au combat de Golymin, les attaques réitérées de la cavalerie russe et prit un étendard à l’ennemi, L’Empereur lui remit sur le champ de bataille même la croix d’officier de la Légion-d’Honneur.

Le colonel Juniac servit avec distinc-i tion aux armées d’Espagne et de Portugal pendant les années 1808,1809 et 1810.

Baron de l’Empire le 19 mars 1808, chevalier de la Couronne de Fer le 8 octobre de la même année, il reçut du roi de Bavière la croixdeMaximilien-Joseph. Pendant les dix-huit campagnes qu’il.

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avait déjà faites, il avait reçu quatorze blessures, et sa santé était fortement altérée. L’Empereur le nomma commandant d’armes le 20 août 1810, et l’admit à’ la retraite le 21. novembre de la même année.

Nommé maréchal de camp honoraire après le retour des Bourbons, il devint chevalier de Saint-Louis en 1814, et mourut le 6 avril 18-41.

duc d’Abrantès, né à Bussy-lès-Forges (Côte-d’Or) le 24 octobre 1771.

Étudiant en droit ; volontaire dans un bataillon de grenadiers de la Côte-d’Or ’ ; aide-de-camp du général Bonaparte en 1796, et premier aide-de-camp après le 18 Brumaire ; commandant, puis gouverneur de Paris en 1804 ; général de division ; colonel-général des hussards ; ambassadeur à Lisbonne ; général en chef de l’armée française en Portugal ; duc d’Abrantès ; disgracié en 1808 ; commandant du 8e corps de l’armée de Russie en 1812. Il fut nommé, après la retraite de Moscou, gouverneur général des provinces Illyrienries ; Junot avait reçu à la tête des blessures nombreuses et profondes, d’où résultait chez lui un état habituel d’irritation et une tendance à peu près permanente à une congestioircéré-brale ; sa raison s’égara bientôt tout à fait, et il fallut le ramener en France. On le conduisit chez son ■ père, qui habitait Montbar. Il venait d’y arriver, lorsque le 22 juillet 1813, dans un violent accès de fureur, il se jeta par une fenêtre et se cassa la cuisse : l’amputation fut pratiquée, mais il arracha l’appareil et mourut le 28. « Lors de la construction d’une des premières batteries que Napoléon, à son arrivée à Toulon, ordonna contre les Anglais, il.demanda sur le terrain un sergent ou caporal qui sût écrire. Quelqu’un sortit des rangs et’éçrivit soùs sa dictée

sur l’épaulement même. Là lettre à peiné finie, un boulet la couvre de terre. —* Bien ! dit l’écrivain, je n’aurai pas be-soinde sable.- Cette plaisanterie, le calme avec lequel elle fut dite fixa l’attention de Napoléon et fit la fortune du sergent. C’était Junot. » (LAS CASES.)

« Des grandes fortunes que Napoléon avait créées, celle de Junot avait été, sans contredit, une des plus désordonnées. Ce qu’il lui avait donné d’argent ne saurait se croire, et il n’avait pourtant jamais eu que des dettes. Il avait dissipé de vrais trésors sans se faire hon^ neur, sans goût, trop souvent même dans des excès grossiers. » (LAS CASES.)

« Junot, dans la campagne de Russie, disait Napoléon, me mécontenta fort ; on né le reconnaissait plus ; il fit des fautes capitales qui nous coûtèrent bien cher.

« Au retour de Moscou, par suite de ce mécontentement, Junot’perdit le gouvernement de Paris ; l’Empereur l’envoya à Venise. Cette espèce de disgrâce fut adoucie presque aussitôt "par le gouvernement général de l’Illyrie ; mais, le coup était porté ; les irrégularités qu’où avait observées depuis1 quelque temps dans Junot, et qui avaient pris leur source dans ses excès, éclatèrent en insanité complète. Il fallut se saisir de sa personne et le transporter dans la maison paternelle, où il périt misérablement. » (LAS CASES.)

Junot participa au 18 Brumaire. Jl s’était montré brillant de valeur au combat de Nazareth ; — il fit des prodiges à Austerlitz.

Aucun souvenir militaire ne se rattache à son titre de duc d’Abrantès. Après une marché pénible, en Portugal, l’armée que commandait Junot ne trouva des vivres et des ressources qu’en atteignant Abrantès, petite- ville sur le Tage, à dix’ myriamètres de Lisbonne. C’est à cette circonstance qu’il a 4û son titre.

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11 avait épousé, h son retour.d’Égypte, la fille de M. de Permon, ancien administrateur en Corse, et de mademoiselle Panionia Comnène, sœur de Déimétrius Comnène, descendant des empereurs byzantins.

Madame d’Abrantès a une célébrité justement acquise dans les Lettres. Elle est morte en 1839.

est né le 5 novembre 1772 à Gannat (Allier). Pilotin sur la cor.vette la Favorite en mai 1786, aspirant volontaire sur la frégate la Flore, le 29 novembre 1787, aspirant de 1" classe et enseigne de vaisseau sur la corvette l’Espérance en novembre 1791 et janvier 1793, il fut nommé lieutenant de vaisseau le 6 vendémiaire an III, et capitaine de frégate le 24 nivôse an VI. En l’an XI, il commandait la Franchise, à l’affaire de Léogane ; dans son rapport, Rochambeau, général en chef de l’année de Saint-Domingue, le signala comme un officier distingué par son intelligence et sa bravoure, et demanda pour lui le grade de capitaine de vaisseau, qui lui fut accordé le 13 ventôse de la même année.

Légionnaire le do pluviôse et officier de l’Ordre le 25 prairial an XII, il se fit encore remarquer en février 1809 : deux divisions anglaises, fortes chacune de quatre vaisseaux et de plusieurs frégates, bloquaient les rades de Lorient et de l’île d’Aix ; le contre-amiral Willaumez reçut l’ordre d’appareiller, de se porter sur Lorient, d’attaquer l’ennemi et de se faire rallier par la division mouillée dans ce port, et que le capitaine Troude commandait. Willaumez partit donc de Brest le 21 avec huit vaisseaux et deux frégates, et parut le soir devant Lorient ; mais la marée empêcha la sortie du capitaine Troude, et l’escadre de Brest n’était plus en vue, quand les frégates la Cybile,

l’Italienne et la Calypso prirent la mer. Cette petite division sous les ordres des Jùrien Lagravière arriva le 23 février à la pointe de Lomaria de Belle-Isle : aussitôt deux corvettes anglaises, mouillées dans la baie de Quiberon, mirent sous voiles et la suivirent, et, quelques heures après, la vigie de la Calypso signala cinq vaisseaux et une frégate se dirigeant sur Lorient. Pendant toute la nuit, la frégate anglaise et l’une des corvettes observèrent les frégates françaises, ayant sur celles-ci l’avantage du vent.

Au point du jour, Jurien était en vue de la tour de la Baleine, lorsqu’il aperçut plusieurs vaisseaux au vent qui ne répondirent pas aux signaux qu’on leur fit. C’étaient la frégate et la corvette.anglaises qui laissèrent arriver pour venir passer à poupe de la Cybèle qui était un peu sous le vent ; alors l’Italienne, que montait le capitaine Jurien, vira de bord pour soutenir cette frégate déjà engagée avec les Anglais. « On voyait, dit le rapport au contre-amiral, des vaisseaux sous le vent, et ceux du vent qui nous chassaient nous avaient considérablement approchés. La certitude d’être bientôt atteints, nous décida à mouilleraux Sables-d’Olonne ; à neuf heures et un quart nous laissâmes toucher l’ancre, en faisant cmbossure ; à neuf heures et demie, trois vaisseaux, deux frégates et une corvette vinrent nous y attaquer, un vaisseau de quatre-vingt vint mouiller par mon bossoir de tribord, à demi-portée" de pistolet, et les autres bâtiments se tinrent sous voiles à petite portée de fusil, »

Ce fut alors que le combat devint terrible, les câbles de l’Italienne et de la Cybèle furent coupés, le feu mis à ces frégates par les boulets de l’ennemi ; et la Calypso, qui, pour ne pas couvrir le feu de l’Italienne, avait-filé du câble, s’échoua, mais cet événement ne retarda

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pas le feu des trois frégates françaises.

Le vaisseau anglais de 80 cessa son feu et se retira, après un combat de trois heures, en talonnant sur les roches ; sa poupe n’offrait plus qu’une vaste embrasure. Son capitaine avait été tué. Les autres vaisseaux qui se trouvaient en panne furent très-maltraités par les frégates et les forts. Après ce beau combat, le capitaine Jurien entra dans le Pont-des-Sables ; il avait 64 hommes de son équipage tués et 47 blessés.

Le 5 juillet 1814, Lagravière fut nommé chevalier de Saint-Louis, et, le 13 novembre de-la même année, il eut le commandement d’une division qui partit de Rochefort pour aller reprendre la possession de l’île Bourbon. Le 10 février 1815,’il relâcha au Cap. Le 6 avril, le nouveau gouverneur était installé à Bourbon, et, le 27 août, il mouilla dans la rade de Brest. . Promu contre-amiral le 28 octobre 1817, président du collège électoral du Finistère le 10 mars 1819, commandeur de la Légion-d’Honneur le 28 avril 1821, il commandait la même année la station du Brésil.

Fait commandeur de Saint-Louis le 22 mai 4825, il commandait à cette époque la station des Antilles et du golfe du ’ Mexique, fut nommé, le 7 janvier 1827, préfet maritime du 4e arrondissement, et, le 5 novembre de la même année, président du collège électoral de la Charente.

Vice-Amiral et Pair de France depuis la révolution de 1830, inspecteur général de la marine pour les 2e et 5° arrondissements en 1832, grand officier de la ■Légion d’Honneur le 22 avril 1834, grand croix de l’Ordre le 22 juin 1841, l’amiral Jurien fait aujourd’hui partie de la 2e section du cadre de l’état-major général de l’armée navale.

né à l’île d.’Elbe vers l’an 1807, n’a conservé aucun souvenir de sa famille, il se rappela seulement d’avoir vu Napoléon en 1814. Vers cette époque, il fut embarqué pour Florence où on l’envoyait faire ses études ; mais le navire qui le portait ayant été capturé par un corsaire, Youssouf, conduit à Tunis, échut en partage au Bey. Placé dans le sérail, il ne tarda pas à se concilier l’affection de ses maîtres. Il apprit en peu de temps le turc, l’arabe, l’espagnol, gagna, par son adresse dans tous les exercices militaires, l’amitié du Bey. Mais engagé dans une intrigue avec •une des filles du Prince, et surpris un jour, dans un de ses rendez-vous, par un gardien, il conçut aussitôt l’audacieuse résolution de le suivre dans les jardins et de s’en défaire ; il jeta le corps dans une piscine profonde, n’en conservant que la tête,-et le lendemain, pendant que la jeune princesse l’entretenait des •vives terreurs auxquelles elle était en proie, il la conduisit, pour toute réponse, dans la chambre voisine, et lui montra, dans l’une des armoires, la tête de l’esclave dont il avait arraché la langue. Cependant cette aventure pouvant finir par s’ébruiter, il ne songea plus dès lors qu’à quitter Tunis, et- prépara son évasion. Pendant quelques jours, il feignit d’être malade, obtint enfin la permission de sortir du sérail, et trompant la vigilance de ses gardiens, il put concerter les moyens de s’échapper..

C’était au mois de mai 1830, le brick français l’Adonis était à l’ancre dans la rade, un canot devait l’y conduire, mais cinq Turcs étaient apostés là pour s’opposer à son embarquement. Youssouf qui lesavait vus de loin, remarque qu’ils ont laissé leurs fusils en faisceau sur une roche, il s’élance de ce côté, jette les armes à la mer, se débarrasse de deux de ces hommes, met les autres en fuite et gagne l’embarcation.

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L’Adonis avait ordre de rallier la flotte qui devait s’emparer d’Alger. Peu de jours après Youssouf débarqua à Sidi— Ferruch avec l’armée.

Pendant la campagne, il resta attaché au général en chef, et fut placé comme interprète auprès du commissaire général de police. Plusieurs missions périlleuses dont il s’acquitta avec zèle et intelligence, près des chefs des diverses tribus éloignées, lui ouvrirent enfin la carrière des armes. Il fut nommé capitaine dans le 1" régiment, des chasseurs d’Afrique le 25 mai 1831, et bientôt après promu aux fonctions de lieutenant de l’Agha. Désigné par le duc de Ro-vigo pour faire partie de l’expédition de Bone, il aida de son courage M. d’Ar-nmhdy, capitaine d’artillerie, et ce fut aux etforts de ces deux officiers que l’armée dut de pouvoir occuper la citadelle, presque sans coup férir. Cette action valut à Youssouf la croix de la Légion-d’Honneur. 11 contribua plus tard à conserver cette conquête à la France. Depuis huit jours, la poignée d’hommes à laquelle aVait été confiée la défense de la ville, était enfermée dans la casbah : Youssouf, averti par un de ses gens que les Turcs avaient formé le complot de l’assassiner pendant la nuit, de massacrer les Français et de s’emparer du fort, va trouver le capitaine d’Armandy qui commandait la garnison, lui fait connaître l’imminence du danger, et lui déclare qu’il ne.sait qu’un moyen d’y échapper. « II faut, que je sorte avec mes Turcs, ajoute-t-il. — Mais ils te tueront, répond l’officier français. — Que m’importe, répond Youssouf ; j’aurai le temps d’en-clouer les pièces qui sont à la marine. Je succomberai, je le prévois, mais tu seras sauvé, et le drapeau français ne cessera pas dé flotter sur. Bone. » — A peine

a-t-il prononcé ces mots qu’il sort, suivi de ses Turcs. La porte de la casbah est aussitôt murée derrière lui ; parvenu au bas de la ville, Youssouf s’arrête, et s’a-dressant à sa troupe : « Je sais, dit-il, qu’il y a parmi vous des traîtres qui ont résolu de se défaire)de moi dans la nuit prochaine. Je les connais, qu’ils frappent d’avance ceux qui ne craindront pas de porter la main sur leur chef. Puis se tournant vers l’un d’eux : « Toi, tu es du nombre, lui dit-il, et il l’étend mort à ses pieds. » — Cet acte de résolution déconcerte les conjurés ; ils tombent à ses genoux, et lui jurent une fidélité à laquelle ils n’ont pas manqué depuis.

Youssouf se fit encore remarquer pendant les campagnes de 1832 et 1833, et fut nommé, le 7 avril 1833, chef d’escadron dans le corps des Spahis réguliers.

A l’époque de l’expédition du maréchal Clausel sur Mascara, Youssouf arriva à Oran, après avoir traversé plus de vingt lieues de pays, accompagné seulement de quelques cavaliers ; le maréchal lui confia alors lebeylick de Constantine. Il fut nommé officier de la Légion-d’Hon-neur le 14 août 1835. Sa conduite distinguée en 1836 et 1837 lui valut, le 18 février 1838, le grade de lieutenant-colonel, et il fit, à la tête de son corps de Spahis, les campagnes de 1838 à 1841. Il a été nommé colonel de la cavalerie indigène d’Afrique lé 19 mai 1842, et promu au grade de maréchal de camp après la bataille d’Isly. Le général Youssouf continua à se montrer glorieusement dans la lutte contre Abd-el-Kader ; le 23 décembre 1845, il battit l’émir à Tenda dans un combat de cavalerie. Le 13 mars 1846, il l’atteignit de nouveau, le battit, lui enleva tous ses bagages et fut sur le point de l’enlever lui-même.

I Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850 K