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Biographie nationale de Belgique/Tome 1/ADALBÉRON Ier

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ADALBÉRON Ier, abbé de Saint-Trond, évêque de Metz, était fils de Vigeric ou Wideric, le premier de l’illustre maison des comtes d’Ardenne dont l’existence soit bien avérée. Adalbéron lui-même, dans une charte datée du 6 octobre 945, par laquelle il rétablit l’abbaye de Sainte-Glossinde de Metz, dit expressément que ce comte fut son père et que ses aïeux avaient occupé les premières places à la cour et dans le royaume[1]. Le biographe du bienheureux Jean de Gorze assure qu’il était de sang royal[2], et Sigebert, dans la vie de Guibert de Gemblours[3], le nomme le plus chrétien d’entre les nobles et le plus noble d’entre les chrétiens. Sa mère Cunégonde, appelée aussi Ève, se remaria avec un seigneur nommé Vichizon, dont elle eut plusieurs enfants, ce qui porta quelque préjudice à ceux du premier lit et força, plus tard, Adalbéron à implorer contre son beau-père la protection du comte Boson, fils de Richard le Justicier, duc de Bourgogne.

Sa position de famille, que rehaussaient encore son savoir et ses vertus, le fit élire unanimement, à la fleur de l’âge, évêque de Metz, en 929. Il se distingua parmi les plus célèbres prélats de cette époque, et s’appliqua surtout à réformer et à protéger les monastères, ce qui lui fit donner le nom de père des moines.

L’abbaye de Saint-Trond dépendait, depuis son origine, des évêques de Metz[4]. Adalbéron, voyant ce monastère en décadence, résolut de le rétablir et prit lui-même, en 944, le titre d’abbé de Saint-Trond, pour être mieux autorisé et plus indispensablement obligé de procurer à cette maison les secours spirituels et temporels dont elle avait besoin. Il en éloigna l’abbé Reinier, à cause de sa mauvaise conduite, et dirigea lui-même l’abbaye avec une grande sagesse pendant vingt ans. Il en restaura les bâtiments dégradés par la négligence de ses prédécesseurs, fit restituer les biens usurpés par des nobles et y rétablit une observance sévère de la vie monastique. Chaque fois que l’administration de son diocèse de Metz lui permettait de disposer de quelques loisirs, il ne manquait jamais de se rendre à Saint-Trond pour s’y retrouver avec ses moines et les encourager, par son exemple, à la pratique des vertus de leur état.

L’empereur Otton Ιer, dans une charte de 960, lui donne l’honorable qualification de compère[5]. Le roi Charles le Simple l’appelle son cousin. Ce prélat, dont les princes et le clergé aimaient à suivre les conseils, mourut en odeur de sainteté, dans son abbaye de Saint-Trond, le 23 février ou le 26 avril de l’année 964, et non en 960, comme le disent les auteurs de l’Histoire générale de Metz, (t. II, p. 68), ou en 962, comme le rapporte l’auteur de la vie de Thierri, son successeur sur le siége de Metz, publiée par Leibnitz, dans ses Scriptores Brunswicenses (t. I, p. 294).

Le corps d’Adalbéron fut transféré de Saint-Trond à l’abbaye de Gorze et de là à Saint-Arnoul de Metz, où sa mémoire a toujours été en grande vénération, sentiment déjà consigné dans les ouvrages de différents écrivains qui ont vécu vers l’époque de la mort d’Adalbéron. Ainsi, l’auteur cité de la vie de Thierri l’appelle reparatorem sanctæ religionis. L’empereur Otton, dans une charte de 968, le qualifie du titre de sanctissimus[6]. L’auteur de la vie de saint Cadroé dit qu’il était, opinatissimæ sanctitatis præsul[7]. Jean, abbé de Saint-Arnoul à Metz, désirait que quelqu’un voulût écrire l’histoire de tout ce que cet évêque avait fait pour la religion[8].

L’éminent prélat dont nous venons de retracer la vie s’occupa tout particulièrement de l’éducation de la jeunesse et soigna nommément celle de son neveu Adalbéron, qui devint archevêque de Reims. (Voir ce nom.)

P. F. X. de Ram.


  1. Dom Calmet a publié cette charte, d’après l’original, dans les preuves du tom. I de son Histoire de Lorraine.
  2. Ipse Adalbero… quum esset regii quidem sanguinis, sed ob rei familiaris inopiam, quœ secundis matris nuptiis laborabat censu aliquanto tenuior, consensu omnium in sanctœ Mettensis cathedrœ pontificium sustollitur. Vita cit. cap. V, num. 40 ; apud Bouquet, t. VII, p. 698.
  3. Act. SS., Maii, t. V, p. 262.
  4. Saint-Trond demeura sous la puissance des évêques de Metz jusqu’en 1227, époque à laquelle Hugues du Pierpont, évêque de Liége, en fit l’acquisition pour son église.
  5. Compater noster, Adalbero, egregius scilicet Sanctæ Mellensis ecclesiæ præsul. Calmet, ouvr. cit.. I, t. I, preuv., p. 367.
  6. Voyez Miræus, Op. diplom, t. I, p. 343.
  7. Acta SS. Martii, t. I, p. 480, num. 32.
  8. Acta SS. Julii, t. VI, p. 224.