Biographie nationale de Belgique/Tome 1/AKEN, Jérôme VAN

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AKEN (Jérôme VAN) ou AGNEN, BOS ou BOSCH, peintre, graveur, né à Bois-le-Duc (ancien Brabant), mort en 1516. Avant que de nous apparaître tel qu’il est écrit ici, le nom de famille du peintre, connu sous le nom de Jérôme Bosch, a été l’objet d’une méprise qui menaçait de le défigurer pour toujours, si l’erreur n’avait été heureusement réparée par M. Alexandre Pinchart.

Connu durant trois siècles sous le nom dont il signait ses tableaux, Jérôme Bosch a repris aujourd’hui son véritable nom de famille, qui est Van Aken. Il doit être substitué à celui de Agnen que la lecture inexacte d’un document de Bois-le-Duc avait fait adopter à quelques biographes, sur la foi d’un biographe hollandais, Immerseel, junior.

Jérôme van Aken passa, sinon toute sa vie, au moins la plus grande partie de sa carrière à Bois-le-Duc, et tout fait croire qu’il a vu le jour dans cette ville de l’ancien Brabant. Le surnom de Bosch (du nom flamand de Bois-le-Duc, ’s Hertogen-Bosch) qu’il s’est donné vient à l’appui de cette opinion. La date de sa naissance est restée incertaine : elle est rapportée diversement aux années 1450, 1470 et 1498 ; mais aucune de ces dates n’est étayée de preuves. Un compte d’une confrérie pieuse de Bois-le-Duc, De illustre Lieven Vrouwen Broederschap, établit que Jérôme Bosch en faisait déjà partie en 1488. Eu égard aux usages généralement observés dans les Pays-Bas, on peut présumer qu’il devait déjà avoir atteint au moins l’âge de dix-huit ans. Ce serait donc à 1470 ou à une année antérieure qu’il conviendrait de rapporter la naissance du célèbre peintre. Sur l’autorité d’Immerseel, junior, on a cru, pendant plusieurs années, que Jérôme Bosch était décédé à Bois-le-Duc en 1518. Lorsqu’on a constaté l’inexactitude du nom d’Agnen donné par cet écrivain à l’artiste, il a été établi qu’il s’était également trompé dans la lecture de la date de la mort, qui doit être lue 1516 et non 1518.

Jérôme Bosch fut le créateur d’un genre nouveau en peinture : il excellait à peindre les sujets les plus bizarres, les plus fantastiques, qu’on appelait en flamand grillen (caprices). Dans les tentations de saint Antoine surtout, qu’il a peintes en grand nombre, il montre une imagination des plus folles et souvent des plus bouffonnes. Il possédait une assez grande force de coloris et savait donner aux attitudes de ses personnages, et même à celles des animaux monstrueux dont il garnissait ses tableaux, des expressions très-caractéristiques.

On ne connaît pas d’élèves formés par Jérôme Bosch, mais il n’a pas manqué d’imitateurs ni surtout de copistes ; de sorte qu’il est difficile de reconnaître les tableaux dont il est véritablement l’auteur.

On a cru que Jérôme Bosch avait pratiqué la gravure sur bois, et quelques auteurs ont même attribué à son burin des gravures sur cuivre. M. Pinchart, après une étude approfondie des pièces signées du nom de Bosch, a acquis la conviction qu’elles sont dues à un contemporain de notre peintre, Allard Duhamel, ou Duhameel, architecte et graveur, qui était aussi natif de Bois-le-Duc et qui grava plusieurs des tableaux de Jérôme Bosch.

Le portrait de Jérôme Bosch est gravé dans l’Opus chronographicum orbis universi d’Opmeer et Beyerlinck.

Chev. L. de Burbure.