Biographie nationale de Belgique/Tome 1/ALLAMONT, Eugène-Albert D’

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ALLAMONT (Eugène-Albert D’), évêque de Gand, né à Bruxelles en 1609, mort à Madrid le 20 août 1673. Son père, gouverneur de Montmédy, et son frère Jean (voir ces noms) s’étaient distingués dans la carrière militaire. Par sa mère, Agnès de Mérode-Waroux, il appartenait aux meilleures maisons des Pays-Bas catholiques ; aussi fut-il tenu sur les fonts baptismaux par les archiducs Albert et Isabelle et baptisé par le cardinal Alphonse de la Cueva. Après avoir fait ses humanités sous la direction des pères jésuites à Luxembourg, à Trèves et à Mayence, il alla étudier la philosophie au collége de Saint-Antoine à Louvain. Mais, destiné d’abord, comme son père et son aïeul Antoine, à la carrière des armes, il prit service sous l’archiduc Léopold. Il eut part à plusieurs engagements et fut fait prisonnier à la bataille de Lens. Conduit à Clermont, il ne sortit de sa captivité qu’après avoir subi beaucoup de mauvais traitements et moyennant une rançon considérable. C’est à son retour de l’armée qu’il se voua à l’état ecclésiastique. En 1653, il obtint une prébende dans la cathédrale de Liége, et ayant reçu en cette qualité l’ordre de la prêtrise, d’Allamont célébra sa première messe en 1654. En 1657, les Français investirent la place de Montmédy, où commandait son frère Jean d’Allamont, qui y périt. Notre futur prélat l’assista dans ses derniers moments, encouragea la garnison pendant le siége et s’y distingua par son humanité envers les blessés. Il reçut la récompense de son courage deux ans après et fut consacre évêque de Ruremonde le 24 août 1659, dans l’église métropolitaine de Malines. De grandes difficultés étaient alors inhérentes à la mission que lui imposait cette nouvelle dignité. Il eut d’abord à soutenir un procès fameux pour défendre les droits de son Église et dut, pour le terminer honorablement, aliéner une partie de son patrimoine. Cet acte généreux lui valut les éloges du pape Alexandre VII, qui l’investit, peu de temps après, de la dignité de vicaire apostolique et d’administrateur de l’évêché de Bois-le-Duc, où les fidèles qui habitaient les Pays-Bas protestants réclamaient depuis longtemps un pasteur. D’Allamont se conduisit avec autant de prudence que de sagesse dans cette partie délicate de ses fonctions ; nous en avons pour témoignage un fait irrécusable ? Arrivé à la Haye pour réclamer une rente de 800 florins, due à l’évêché de Ruremonde, sur la prévôté de Meerssen, dans le quartier d’Outre-Meuse, il fut reçu et complimenté officiellement par la princesse douairière d’Orange et le jeune prince Guillaume, son petit-fils, le futur roi d’Angleterre. Le 5 juin 1665, un terrible incendie réduisit en cendres presque toute la ville de Ruremonde. Le palais épiscopal et sa curieuse bibliothèque n’échappèrent point à cette catastrophe. Le prélat se signala de nouveau par son dévouement non moins que par sa générosité ; car il fit bâtir un palais plus beau que celui qui avait été détruit, grâce aux subsides qu’il parvint à recueillir de toutes parts. Nommé évêque de Gand, l’année d’après, il y fit son entrée le 18 octobre 1666. Il figure en cette qualité sur la deuxième édition de la gravure du tableau de François Duchastel (Musée de Gand), représentant l’inauguration de Charles II, roi d’Espagne, comme comte de Flandre, à Gand, le 2 mai 1666. Ici encore il fit de grandes libéralités aux pauvres et aux soldats espagnols, fort mal vêtus, qui gardaient la citadelle. Le premier acte de son administration fut, comme à Ruremonde, de terminer un long procès intenté par son prédécesseur au chapitre, en y introduisant la nouvelle fondation des grands vicaires. En même temps, il contribua puissamment à la défense militaire de Gand en faisant munir la ville et la citadelle de contrescarpes et de palissades. D’Allamont se souvenait en toute circonstance, qu’il avait été soldat et il en donna une nouvelle preuve en participant, pour une somme de 5,000 florins, aux frais de la levée d’une compagnie chargée de garder la ville. Généreux, éclairé, charitable surtout, il offrit un asile, dans son palais, à un évêque irlandais, chassé de sa patrie pour son attachement à la foi catholique. Malheureusement sa carrière épiscopale ne devait pas être longue. Après avoir gouverné son diocèse pendant sept ans, et avoir donné l’exemple de toutes les vertus chrétiennes, il mourut âgé de soixante deux ans, à Madrid, où il s’était rendu pour obtenir du roi d’Espagne Philippe IV la décharge de la pension qui lui avait été assignée sur son évêché de Ruremonde. Son corps fut enseveli dans l’église de l’hôpital de Saint-André de cette ville ; son cœur toutefois fut rapporté en Belgique et déposé à la cathédrale de Gand, dans un magnifique mausolée de marbre, dû au ciseau du sculpteur liégeois, Jean Delcour.

Bon de Saint-Genois.

Hellin, Histoire chronologique des évêques de Gand, t. I. pp. 48 et 52. — Kervyn de Volkaersbeke, Églises de Gand, t. I, pp. 105-108. — Le Fidelle et Vaillant Gouverneur, représenté par l’histoire de la vie et de la mort de messire Jean d’Allamont. Liége, 1668 : in-12, 2e éd. port., par Des Hayons.