Biographie nationale de Belgique/Tome 1/ALLEYNS, Laurent

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ALLEYNS (Laurent), dit VAN HOVE, instituteur flamand du xvie siècle, né à Anvers et mort à Francfort-sur-le-Mein, vers 1615. Une sentence de bannissement perpétuel portée contre lui, comme latitant, par le conseil des troubles, le 5 novembre 1568, nous apprend qu’il avait mérité ces rigueurs pour avoir tenu école malgré la défense du chapitre de Notre-Dame et du magistrat d’Anvers. Alleyns était luthérien ou, comme l’on disait alors, un martiniste. Ses coreligionnaires l’avaient appelé, dès 1566, à diriger leurs écoles et à organiser dans leur temple le chant des Psaumes, qui est l’une des parties les plus importantes de leur liturgie. Aux yeux des inquisiteurs, c’en était assez pour le condamner ; mais ce que leur sentence ne dit point, c’est que, mécontent du texte et de la musique des cantiques flamands, alors en usage, il proposa à son consistoire de traduire ceux de Martin Luther et de les adapter à des mélodies populaires. Les calvinistes des Pays-Bas avaient donné l’exemple : on les imita. Plusieurs circonstances, qu’il serait trop long de rapporter ici, nous permettent d’accorder à Alleyns la part la plus large dans la composition du livre de cantiques, publié en 1567, sous ce titre révélateur : Alle de Psalmen der H. conincklyken Profeten Davidts mets de christelycke Loffsangen, Gebeden ende Danckliedekens soo Tantwerpen (in de christelycke gemeynte van d’Augsburgsche confessie tot loffprys ende eere des Almachtigen Gods) ordentlyk gesongen worden ; uyt veel sangboecken tot dienst van alle christenen ; t’samen vergadert, gecorigeert, vermeedert ende uyt de hoochduytsche ende nederlantsche talen in dicht overgesedt. C’est un grand in-12 de 290 feuillets. La préface, datée de Francfort-sur-le-Mein, où Alleyns s’était rendu en quittant les Pays-Bas, nous apprend que le livre, non moins à plaindre que son auteur, était encore sous presse au moment où les temples luthériens d’Anvers furent fermés et leurs pasteurs chassés. Dans l’exil, Alleyns n’eut d’abord d’autres ressources que de donner des leçons de langue française. Cependant, dès qu’une communauté flamande suivant la confession d’Augsbourg se fut formée à Francfort, ses compatriotes s’empressèrent de lui rendre ses anciennes fonctions de chantre et de maître d’école. Le 31 mai 1585, une fondation ayant été faite en faveur des Belges « errants et fugitifs, » Laurent Alleyns fut nommé l’un des deux premiers diacres ou aumôniers, et il resta dans cette charge jusqu’à sa mort. Ou lui doit encore :

1o Une traduction française du catéchisme de Martin Luther, imprimée à Francfort en 1538 ;

2o Un nouveau livre de cantiques à l’usage du service français suivant la confession d’Augsbourg, publié en 1612. Ce dernier ouvrage méritait son titre, parce qu’il renfermait, outre les soixante et dix cantiques usités jusqu’alors, trente-quatre chants nouveaux, traduits et mis en vers par Alleyns.

C.-A. Rahlenbeek.

Archives gén. du Royaume à Bruxelles, Livre des sentences du conseil des troubles, de 1567 à 1569 — Pauw’s Lutherdom. — Lehnemann’s Hist. Nachrichte von die luth. Kirche in Antorff. — Schulz Jacobi in de Bydragen tot de gesch. der evang. luth. Kerk in Nederl. — Documents particuliers.