Biographie nationale de Belgique/Tome 1/ALOST, Seigneurs D’
ALOST (Seigneurs D’). La terre ou pays d’Alost, comprise dans l’ancien comté de Flandre, eut, pendant assez longtemps, des seigneurs particuliers. Nous allons citer les principaux qui méritent figurer dans la Biographie nationale
Raoul, comte d’Alost, est le premier de ces seigneurs dont l’existence soit prouvée par les diplômes. Il vivait du temps de Henri II, roi de France, et de Baudouin de Lille, comte de Flandre. Issu de la noble maison de Gand, et, à ce qu’il paraît, marié à la sœur de Baudouin, il tint un rang distingué parmi les grands seigneurs de la cour de ce prince. Quelquefois il est qualifié d’avoué, parce qu’il possédait, en effet, dans sa terre, l’avouerie des biens qui appartenaient aux abbayes de Saint-Bavon et de Saint-Pierre à Gand. Il était aussi seigneur de Tourcoing.
Baudouin II, seigneur d’Alost, petit-fils du précédent, succéda à son père, Baudoin Ier, en 1081 ou 1082, et fut surnommé le Grand et le Gros à cause de sa haute taille et de son obésité. Il fut du petit nombre de seigneurs flamands qui accompagnèrent le comte Robert le Frison dans son pèlerinage à la terre sainte. Après son retour, il eut une querelle avec le seigneur de Ninove, et tomba même entre ses mains dans une défaite qu’il essuya près du village d’Okegem. Mais, bientôt remis en liberté, il s’empressa de prendre la croix avec le comte Robert II, et repartit sous sa bannière pour l’Orient, où l’on se promettait beaucoup de sa force et de sa bravoure, quand il fut tué d’un coup de pierre à l’assaut de Nicée, le 13 juin 1098.
Baudouin III, dit le Louche et le Barbu, fils du précédent, était bien jeune encore quand il succéda à son père. Il déploya beaucoup de zèle à poursuivre les meurtriers de Charles le Bon, comte de Flandre, et plus encore à soutenir la cause de Guillaume le Normand. À la tête d’un corps d’armée assez nombreux de Gantois, il marcha contre le comte de Hainaut, qui avait envahi la châtellenie d’Audenarde ; mais il fut entièrement défait et ne put empêcher le vainqueur de ravager cruellement sa terre. Peu après, ayant sonné du cor avec trop de violence, une blessure qu’il avait reçue au front, se rouvrit et laissa s’échapper une partie de la cervelle.
Il crut ce mal sans remède et prit l’habit religieux dans l’abbaye d’Afflighem, où il mourut au bout de quelques jours, en 1127. Gualbert le qualifie de Pair des pairs de Flandre, et Meyerus le nomme à son tour, le plus illustre des grands seigneurs flamands.
Yvain ou Ivan le Chauve, était le second fils de Bauduoin II. Du vivant même de son frère, il mérita d’être loué par Orderic Vital comme un seigneur noble et puissant, d’une générosité et d’une bravoure à toute épreuve, réputé pour ses grandes richesses et ses nombreux amis, comme pour les places fortes qu’il possédait, et grand surtout par l’amour de ses concitoyens. Mais ce brillant éloge ne put être entièrement vrai qu’après qu’il eut recueilli la succession de Baudouin le Louche. Il poursuivit plus ardemment que celui-ci la vengeance des meurtriers du comte Charles et embrassa de même le parti de Guillaume le Normand, mais quand il s’aperçut du mépris de ce prince pour les Flamands, de ses exactions et de sa conduite arbitraire, il s’unit avec le seigneur de Termonde, son parent, et se mit à la tête du peuple soulevé contre Guillaume. On appela pour le remplacer Thierri d’Alsace, fils du duc de Lorraine, qui avait réellement les titres les plus légitimes au comté de Flandre. La guerre cependant ne favorisa pas les insurgés et, malheureux dans plusieurs combats, les chefs furent contraints de se réfugier dans Alost. Ils s’y virent bientôt assiégés à la fois par Guillaume et par son allié, le duc de Brabant. Leur position paraissait désespérée, quand la mort imprévue du Normand, des suites d’une blessure, vint la changer complétement : le prince brabançon se retira et les droits de Thierri au comté de Flandre ne furent plus contestés. Ivan qui, l’année avant cette heureuse révolution, s’était mis en possession de la seigneurie d’Alost et des autres domaines de la maison de Gand, au détriment de sa nièce, enfant en bas âge, obtint de Thierri la confirmation de ses titres avec la main de Laurette, fille aînée de ce prince. Dès lors, sa vie fut toute paisible et occupée surtout de la restauration de l’abbaye de Tronchiennes, dont il était avoué, et qu’il dota royalement, après y avoir établi des religieux de Prémontré. Il mourut en 1145.