Biographie nationale de Belgique/Tome 1/ARANDA, Bernard DE

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ARANDA (Bernard DE ou D’), négociateur, né à Bruges en 1608, décédé en 1658. Il était le frère aîné d’Emmanuel de Aranda qui nous a laissé, de sa captivité en Algérie, une si intéressante relation.

Après avoir achevé ses études, il entra dans l’ordre des Jésuites et vint enseigner la grammaire à Gand. Mais n’ayant pas de vocation suffisante pour rester dans cet ordre, il l’abandonna et embrassa la carrière militaire. Il s’engagea au service de Christiern IV, roi de Danemark, bien que ce prince eût, à la tête de la ligue protestante, combattu les Impériaux avec Ernest de Mansfeld. On pense qu’il s’attacha à ce prince en 1637, à l’époque où Christiern et le duc de Holstein entreprirent, avec le roi d’Espagne, de ruiner le commerce des Provinces-Unies.

L’amiral Tromp défit, sur les côtes d’Angleterre, la flotte que Philippe IV avait envoyée, en Danemark, au secours de son allié.

En qualité de flamand, Aranda était sujet du roi d’Espagne ; il crut ainsi pouvoir prendre part à une guerre qui favorisait les intérêts de son souverain.

Quoi qu’il en soit, Aranda sut si bien faire éclater son mérite dans cette guerre mémorable, que le roi Christiern lui confia, conjointement avec le comte d’Uhlfeld, une mission secrète auprès du roi de France. Il avait à peine terminé les négociations dont il avait été chargé, qu’il fut envoyé en ambassade auprès de l’empereur Ferdinand III pour solliciter son appui contre les Suédois avec qui le Danemark était en guerre. Aranda, pour éviter l’armée ennemie, prit son chemin par la Pologne et négocia si habilement auprès de l’Empereur que celui-ci accorda le secours demandé et combla l’ambassadeur de marques de bienveillance. Sur ces entrefaites, Christiern vint à mourir et eut pour successeur le roi Frédéric dont le gouvernement despotique fit éclater des troubles graves en Danemark. Uhlfeld ayant été disgracié à la suite d’un traité conclu, en 1649, avec les Provinces-Unies, se tourna contre son pays et s’engagea dans l’armée suédoise. Bernard de Aranda ne voulut point suivre sa fortune et rentra en Flandre. Il y resta peu de temps et partit, en 1650, pour l’Italie, en compagnie de deux, artistes dont il s’était constitué le protecteur et qui dessinèrent pour lui un grand nombre de monuments et de vues dans ce pays. Cultivant lui-même les arts, il savait en apprécier tous les avantages. Toutefois, il ne put résister aux ardeurs de ce climat. Il tomba malade et revint dans sa patrie dans l’espoir d’y rétablir sa santé. Mais se voyant bientôt abandonné de son médecin, il partit pour Hambourg, où il avait appris qu’un docteur renommé opérait des cures merveilleuses. A son arrivée, il apprit que ce dernier était parti à la suite des armées suédoises. Sans se décourager, il alla le chercher sous les murs de Cronstadt, assiégé par le comte d’Uhlfeld, mais il y succomba entre les bras de son ancien ami en septembre 1658, âgé de 51 ans.

Bernard de Aranda, dont la vie avait été fort remplie, était un homme de cœur et d’énergie qui savait plusieurs langues, possédait des connaissances variées, et semblait né pour passer sa vie dans les cours.

Bon de Saint-Genois.

Bon de Saint-Genois, Voyageurs belges. — Biographie de la Flandre occidentale.