Biographie nationale de Belgique/Tome 1/ASSELIERS, Robert D’

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ASSELIERS (Robert D’ ou VAN), chevalier, docteur en droit, conseiller-avocat fiscal du conseil de Brabant, membre du conseil privé et du conseil d’État et chancelier de Brabant, naquit à Anvers en 1576 et mourut à Bruxelles le 2 décembre 1661. Il appartenait à une famille distinguée d’Anvers dont plusieurs membres, gradués en droit, ont rempli honorablement des fonctions élevées dans la magistrature. Son père, Guillaume van Asseliers, d’origine nobiliaire (comme sa mère, Isabelle van Haeften), décéda en 1619, conseiller du conseil de Brabant. Son grand-père, Pierre van Asseliers, occupait le même emploi. En septembre 1567, il apparaît comme commissaire des confiscations pour les villes d’Anvers, de Lierre et les villes des franchises. Son oncle, Antoine van Asseliers, était conseiller ecclésiastique du grand conseil de Malines et membre du conseil privé en 1603. Nous connaissons encore Jean Asseliers, historien et greffier, ainsi que Asseliers, le chancelier[1] des états généraux en 1579. L’exemple de ces aïeux, éminents par leur science et leurs vertus, devaient stimuler le zèle de Robert et le faire marcher sur leurs traces. Le goût qu’il montra de bonne heure pour les études du droit et les conseils de son père lui firent faire des progrès tels à l’Université de Louvain, qu’il fut bientôt jugé digne d’obtenir le bonnet de docteur.

Ses succès au barreau attirèrent l’attention de l’archiduc Albert, qui lui conféra la place d’auditeur militaire pour l’Irlande et les gens de guerre qui se trouvaient au delà du Rhin ; il la remplit pendant quelques années avec intégrité et un grand esprit de justice. En 1619, il fut appelé à remplacer son père au conseil de Brabant. Peu de temps après, il en fut nommé avocat fiscal et, par conséquent, chargé de veiller au maintien de l’autorité du prince, à la conservation de ses domaines et des droits du fisc. Ayant occupé ces charges pendant plusieurs années à la satisfaction du gouvernement, son entrée au conseil privé en devint, la récompense. En 1639, Philippe IV l’appela en Espagne pour siéger comme ministre au conseil suprême des Pays-Bas et de Bourgogne, poste élevé qui fut toujours occupé par des hommes savants et considérables ; les exemples des Hopperus, Tisnacq, De Pape et Wynants le prouvent. D’Asseliers ne profita pas de sa position pour obtenir d’autres titres ou pour augmenter sa fortune. Les solliciteurs qui l’assiégeaient ou que les notables de la cour lui recommandaient ont été d’accord pour dire qu’ils n’obtenaient de lui que ce qui était équitable. Pendant les treize années que d’Asseliers passa à Madrid, aucune mesure importante relative aux Pays-Bas ne fut prise sans son avis ou son conseil. Si, pendant le règne de Philippe IV, nous avons vu l’Escaut se fermer par le traité de Munster, nos provinces démembrées par le même traité et par celui de Pyrénées, le pays ruiné par la guerre et désuni par les partis politiques et religieux, nous devons attribuer une faible part de responsabilité à d’Asseliers : ce n’était pas lui qui, sous ce monarque incapable, aurait pu changer le cours des événements et modifier la politique espagnole. Une dernière dignité attendait Asseliers, la plus recherchée du pays et à laquelle le plus d’honneurs et de priviléges étaient attachés : celle de chancelier de Brabant dont le roi disposa en sa faveur après le décès de François Kinschot, arrivé au mois de mai 1651. Il remplit ces fonctions avec la même probité, le même esprit de justice et la même aménité de caractère qui l’avaient fait aimer et respecter dans ses charges antérieures. Son grand âge exigea enfin (cinq ans avant sa mort) qu’on lui donnât un coadjuteur : ce fut Jean Thulden, vice-chancelier, le plus ancien conseiller et frère du grand jurisconsulte Diodore Thulden.

Au mois de mars 1608, d’Asseliers avait contracté mariage avec Antoinette Vandenberghe, fille d’Antoine Vandenberghe, seigneur d’Erkeghem et bourgmestre de Bruges en 1584. De cette union naquit : Isabelle, mariée à René Devos van Steenwyck, chevalier, président de la chambre des comptes à Lille ; Pierre-Antoine, qui embrassa l’état ecclésiastique et devint chanoine, et Barbe, épouse de Jacques Uwens, conseiller au Conseil de Brabant. Une de ses nièces, Clémence d’Asseliers, avait épousé le chancelier de Gueldre, Henri Uwens, père de ce Jacques et dont la fille Anne, épousa, en 1614, Charles Laurin, chevalier, seigneur de la Haye, président du conseil d’Artois, puis membre du conseil privé et du conseil d’État.

Britz.

Loyens, Tractalus de Curia Brab., p. 379. — Le Roy, Théâtre sacré du Brabant, t. I, p. 223, et t. II. p. 71. — Théâtre de la noblesse du Brabant, p. 210. — Butkens, Trophées, t. II, p. 376. — Tombeaux des hommes illustres qui ont paru au conseil privé, p 39. — Gailliard, Bruges et le Franc, t. I. p. 362, et t. II. — Christyn, Jurisprudentia heroica, p. 362. — Mss. 12,383 et 17.611 de la bibliothèque royale de Bruxelles. Dans ce dernier manuscrit, Foppens fait mourir Robert van Asseliers le 28 novembre 1661.


  1. ERRATA ET RECTIFICATIONS DU Ier VOLUME : au lieu de : Jean Asseliers, historien, greffier, ainsi que Asseliers, le chancelier, lisez : Jean Asseliers, historien, secrétaire et audiencier. (Voir l’article qui précède.)