Biographie nationale de Belgique/Tome 1/BARBIREAU, Jacques

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BARBIREAU (Jacques), compositeur de musique au xve siècle, décédé le 8 août 1491. Ce maître, dont le nom a été tour à tour écrit Barbariau, Barbyrianus, Barbiryant, Barbingant, Harbinguant, et en latin, Barbareola, vécut à Anvers depuis 1448 jusqu’en 1491. Dans les livres de comptes du corps des chanteurs-chapelains de la collégiale de Notre-Dame, il est déjà désigné comme maître de chant ou directeur des choraux de cette église en 1448.

Originaire du Hainaut, né peut-être à Mons, où existait, au xve siècle, une famille du même nom, Barbireau appartient à cette nombreuse pléiade de musiciens wallons qui, durant quatre siècles ont été les soutiens des jubés des églises des Pays-Bas. « Barbireau, dit M. F. Fétis (Biographie universelle des musiciens, 2e édition, Barbireau), est un des artistes belges les plus intéressants du xve siècle ; car il fut le maître de beaucoup de musiciens célèbres qui vécurent dans ce siècle ou au commencement du seizième. » Parmi ceux qui se sont trouvés sous sa direction, à Anvers, nous comptons Jean Okegem, Jacques Godebrye, dit Jacotin, Jean Kic, dit Pulloys, Égide Cartier, Antoine Vanden Wyngaerde, dit Vinea, Henri Bredeniers, Philippe de Passagio. « Tinctoris, contemporain de Barbireau, ajoute M. Fétis, le cite en plusieurs endroits de ses ouvrages, comme une des plus grandes autorités dans la musique de son temps, notamment dans le troisième chapitre du Traité de l’imperfection des notes, où il donne un fragment de la chanson française de ce compositeur qui commence par ces mots : L’home (l’homme) banny de sa plaisance. » La bibliothèque impériale de Vienne possède de ce musicien, dans un manuscrit sur vélin du xvie siècle : 1° La messe à cinq voix, intitulée : Virgo parens Christi. — 2° Une messe à quatre voix, qui a pour titre Faulx perverse. — 3° Et, enfin, le Kyrie d’une messe paschale, à quatre voix. Un autre manuscrit de la même bibliothèque contient le Kyrie et le Christe d’une messe (sine nomine) de Barbireau. Kiesewetter avait mis en partition la chanson à trois voix de ce musicien, L’home banny de sa plaisance, et le Kyrie à cinq voix de la messe Virgo parens Christi. Ces deux morceaux sont passés à la Bibliothèque impériale après la mort de ce savant, ainsi que toute sa collection d’ancienne musique. Enfin, un précieux manuscrit de la Bibliothèque de Dijon, côté 295, renferme plusieurs chansons notées, à trois et à quatre voix de Barbireau (sous le nom de Harbinguant), et de plusieurs autres musiciens célèbres du xve siècle.

Sous la direction magistrale de Barbireau, l’exécution des offices en musique prit, à Notre-Dame à Anvers, un grand développement : le corps des chapelains et vicaires-musiciens, composé, en 1448 de trente-huit personnes seulement, tant laïques que prêtres, avait atteint, en 1490, le nombre de soixante-neuf exécutants, divisés en deux groupes égaux, celui de la droite et celui de la gauche du grand chœur. En outre, douze choraux, élevés et instruits aux frais du chapitre et un bon nombre de chanoines (parmi lesquels de très-experts dans l’art du chant et plusieurs qui avaient même fait partie de la chapelle papale à Rome), coopéraient activement à la solennisation des cérémonies du culte. Ce fut pour une réunion de chanteurs aussi eminente que Barbireau composa ses principales œuvres dont, malheureusement, bien peu sont parvenues jusqu’à nous, n’ayant pas été vulgarisées par l’impression typographique.

Entouré d’une grande considération pour son caractère et ses talents, et honoré de l’affection d’un savant tel que Rodolphe Agricola, avec lequel il a entretenu une correspondance littéraire, Barbireau, quoique parvenu à un âge avancé, conserva ses importantes fonctions de maître de chapelle jusqu’à sa mort. Il laissa la majeure partie de ses biens à Jacqueline Barbireau, sa fille, qui vivait encore, à Anvers, en 1512, et du surplus de sa fortune, il fit diverses fondations pieuses.

Jacques Barbireau eut pour successeur un autre compositeur célèbre, Jacques Obrecht, dont les compositions venues jusqu’à nous attestent le talent le plus eminent.

Chev. L. de Burbure.