Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BENAU, Pierre

La bibliothèque libre.
◄  Tome 1 Tome 2 Tome 3  ►



BENAU (Pierre), lexicographe et poëte, né à Gand, le 14 février 1779, décédé en cette ville le 4 novembre 1815. Il était célibataire, fils de Michel-Joseph Benau, chapelier, à Gand, et d’Isabelle-Caroline Primelius. Il fit ses études à l’école centrale du département de l’Escaut, établie en 1798 dans l’ex-abbave de Baudeloo. Il s’adonna avec ardeur aux connaissances linguistiques, et publia, en 1809, pour les institutions primaires de la Flandre, un Dictionnaire français-flamand et flamand-français, à l’instar du lexique de J. Des Roches, en deux volumes in-8o. Imprimé par A.-B. Stéven, à Gand, l’édition fut tirée à cinq mille exemplaires, d’après la déclaration faite à l’autorité, et l’ouvrage eut longtemps la vogue dans les écoles flamandes. P.Benau cultiva, avec quelque succès, la poésie française. La Bibliographie gantoise (1483 à 1850) cite de lui deux cantiques maçonniques, mis en musique par les F. Ots et Devigne, pour célébrer l’installation de la loge gantoise Le Septentrion. Dans les Annales belgiques des sciences, arts et littératures, 1818 et 1821, on rencontre plusieurs de ses pièces de vers, publications posthumes, parmi lesquelles sont trois épigrammes, imitées des poésies de l’Anthologie, recueil manuscrit de la bibliothèque Laurentienne, à Florence, que P. Benau avait l’intention de traduire tout entier en vers français. La première des imitations de Benau a pour titre : In Theodulphum ; la seconde : Thanaïs et Triphonandre ; la troisième : La Mort et l’empirique, ou le pari. Comme maint autre de ses factums poétiques, ces pastiches français sont dirigés contre la Mort et les médecins. La Mort et l’empirique fut sa dernière épigramme ; l’auteur, atteint d’un mal incurable, ne sut pas même l’achever. La fin y fut ajoutée par Norbert Cornelissen, le spirituel et fécond littérateur, qui l’accompagna d’une note explicative. Les quatre vers qui la terminent et l’hémistiche précédent n’appartiennent pas à Benau, et sont peut-être un peu faibles. « La Mort, peu généreuse, dit N. Cornelissen, la Mort qui eût dû rire la première de vieilles plaisanteries mille et mille fois renouvelées des Grecs, ne voulut pas permettre que l’art et la science des médecins triomphassent d’une maladie de langueur, et elle enleva Pierre Benau avant l’âge de trente-six ans révolus. Au surplus, les pointes de ses épigrammes paraissent plus directement aiguisées contre les bâtards de la science, les charlatans, les empiriques, les médicastres et les débiteurs de drogues, les pharmacopolæ d’Horace. » — Pierre Benau, jusque-là sans profession, avait enfin choisi la carrière du barreau ; il était sur le point d’être reçu avocat, lorsqu’il mourut, regretté de ses concitoyens, qui appréciaient ses qualités et son esprit.

Edm. De Busscher.