Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BERCKEL, Théodore-Victor VAN

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BERCKEL, Théodore-Victor VAN



*BERCKEL (Théodore-Victor VAN), graveur en médailles et monnaies, ne à Bois-le-Duc (ancien Brabant) le 21 avril 1739 et mort dans cette ville le 19 septembre 1808. Dès son enfance, il montra le goût le plus prononcé pour l’étude des beaux-arts et apprit rapidement le dessin. Il choisit pour spécialité la gravure en médailles, qui lui inspirait une prédilection toute particulière, et il s’y appliqua avec ardeur chez Marne, graveur de l’hôtel de la monnaie, à Clèves. Revenu en Hollande, il alla se fixer à Rotterdam, où il se maria, et continua sans autre guide que son génie, à s’initier dans les secrets et la pratique de son art. Sa réputation grandit si rapidement qu’il n’avait guère que trente-six à trente-sept ans, lorsque le prince Charles de Lorraine, gouverneur général des Pays-Bas autrichiens, l’appela à la monnaie de Bruxelles, pour lui en confier la direction en même temps que la gravure des coins que faisait exécuter le gouvernement. En peu de temps, grâce aux belles médailles de Van Berckel, artiste de l’école d’Hedlinger, qui porta, en Allemagne, la gravure à un haut point de perfection, l’établissement belge acquit un renom qu’il n’avait point atteint jusque-là. L’artiste hollandais rendit ainsi un service signalé à la Belgique, et pendant vingt ans ses productions honorèrent le pays où l’avait attiré l’illustre protecteur que, malheureusement, il perdit trop tôt, : le prince Charles de Lorraine mourut au château de ïervueren le 4 juillet 1780. Quand la France républicaine conquit les Pays-Bas, Van Berckel se réfugia en Autriche, et fut attaché à la monnaie impériale de Vienne, avec le titre de graveur adjoint. Mais cette place secondaire n’était digne ni de lui, ni de son talent ; il la quitta bientôt, avec une modique pension, qui ne récompensait guère ses longs services. Découragé, il se revint en 1803 dans sa ville natale, et vécut livré au repos, au sein de sa famille, l’une des plus anciennes de Bois-le-Duc. Ce fut là le terme de sa carrière artistique.

Les médailles de Van Berckel sont, presque toutes, fort recherchées des numismates, et le méritent. Voici la nomenclature des principales : 1768, Médaille commémorative du vingt-cinquième anniversaire du mariage de messire Van Osy. — 1770, méd. idem, de la construction du temple luthérien à Amsterdam ; idem, Fête séculaire de la construction de l’hôtel de ville à Amsterdam. — 1772, idem, Incendie du théâtre d’Amsterdam ; idem, Fête bisséculaire de la délivrance de Flessingue ; idem, Naissance du prince d’Orange (Guillaume Ier des Pays-Bas) ; idem, Guillaume V, prince d’Orange, même événement ; idem, Expulsion des Espagnols hors de la Frise ; idem, Délivrance de la Brille et de Flessingue. — 1773, idem, Entrée de Guillaume V, prince d’Orange, gouverneur de la Frise, à Leeuwaerde ; idem, Clément XIV, suppression des jésuites ; idem, Fête bisséculaire de la délivrance d’Alkmaar. — 1774, idem, Naissance de Guillaume-Georges-Frédéric d’Orange ; idem, Fête bisséculaire de la délivrance de Leyde ; idem, Mort d’Elandus van Steveren, pasteur à la Haye. — 1775, idem, Fête bisséculaire de l’érection de l’Université de Leyde ; idem, Entrée solennelle à Bruxelles du baron Christian de Bartenstein, primus de Louvain ; idem, Jubilé de Saint-Romuald, à Malines ; idem, Érection de la statue de Charles de Lorraine, à Bruxelles ; — 1776, idem, Vingt-cinquième anniversaire du gouvernement du duc de Brunswick, à Bois-le-Duc ; idem, Effigie de Charles de Lorraine, établissement pour les veuves et les orphelins de militaires. — 1777, idem, Érections de nouveaux colléges dans les Pays-Bas. — 1778, idem, Charles de Lorraine, places publiques de Bruxelles ; idem, Charles de Lorraine, encouragements pour les académies de dessin. — 1779, idem, Charles de Lorraine, maladies contagieuses ; idem, Marie-Thérèse, paix conclue à Teschen ; idem, Marie-Thérèse, construction du palais de Justice à Bruxelles. — 1780, idem, Mort du prince Charles de Lorraine ; idem, Marie-Christine d’Autriche et Albert de Saxe-Teschen. — 1781, idem, Marie-Christine et Albert, entrée de Joseph II dans les Pays-Bas ; idem, Inauguration de Joseph II comme duc de Brabant et comte de Flandre. — 1782, idem, Marie-Christine et Albert, rétablissement des marchés aux Pays-Bas ; idem, Paul Petrowits et Marie-Federowna, à Bruxelles. — 1783, idem, Marie-Christine et Albert, agrandissement du port d’Ostende. — 1784, idem, Marie-Christine et Albert, enterrements hors des villes. — 1785, idem, Marie-Christine et Albert, encouragements à la pêcherie ; idem, Bois-le-Duc : me firmata firmiora. — 1787, idem, Marie-Christine et Albert, leur naturalisation brabançonne ; idem, Érection du séminaire général. — 1787, Révolution de 1787, médaille frappée par les patriotes d’Utrecht : Ob cives servatos, sans nom de graveur. — idem, Rétablissement de la Constitution du Brabant. — 1788, idem, Marie-Christine et Albert, institution de l’enseignement public. — 1790, idem, Marie-Christine et Albert, rétablissement du jour de repos ; idem, Léopold II, duc de Limbourg, fidélité des volontaires limbourgeois. — 1791, idem, Marie-Christine, Albert et Charles d’Autriche, médaille consacrée à la gouvernante ; idem, Retour de Marie-Christine et d’Albert ; idem, Inauguration de Léopold II, comme duc de Brabant et comte de Flandre (trois modules divers). — 1792, idem. Inauguration de François II, comte de Namur ; idem. Couronnement de François II, médaille frappée par les États du Namurois. — 1794, idem, Entrée de François II dans les Pays-Bas. — Médailles sans millésime : 1779, médaille à l’effigie de Marie-Thérèse, pour les accouchements à Gand ; idem, pour l’instruction publique : grammaire, poésie, éloquence ; idem (comtesse de Flandres), monnaies d’Ypres et de Furnes ; idem, Jetons de présence de l’Académie des belles-lettres de Bruxelles. — 1781, idem, Joseph II, comte de Flandre, le lion couronné ; idem, Juridiction d’Ypres (deux modules). — 1792, idem, Gundæ Thom. Com. a Starhemherg. La plus belle pièce de son œuvre est sans contredit la médaille des concours à l’effigie du prince Charles de Lorraine, ce protecteur éclairé des arts et des sciences. Le portrait y est traité avec un goût extrême, les traits sont ressemblants et naturels, l’expression de la physionomie est vraie et la chevelure d’une légèreté admirable. Cette médaille était destinée à l’encouragement des artistes et des littérateurs. La plus rare de ses productions est la médaille anonyme d’Utrecht. Les Prussiens la recherchèrent partout et détruisirent les exemplaires qu’ils purent s’en procurer.

Pendant son long séjour à Bruxelles, T.-V. van Berckel regrettait la patrie qu’il avait quittée, avec des espérances de fortune, peut-être exagérées, et qui ne se réalisèrent point au gré de ses désirs. Cependant, c’est à lui que nous sommes redevables des progrès que la gravure en médailles a faits en Belgique, s’y élevant enfin au degré où l’ont maintenue jusqu’à nos jours les artistes qui ont si dignement suivi ses traces.

Edm. De Busscher.

Messager des sciences et des arts, recueil publié par la Société royale dos Beaux-Arts de Gand, 1829-1830, pp. 452-458. — Immerzeel, Levens en werken der hollandsche en vlaamsche kunstschilders, graveurs, etc.