Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BERTHOLF, Hilaire

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BERTHOLF (Hilaire), poëte, né à Gand, mort à Paris à l’âge de soixante-quatre ans, dans la deuxième moitié du xvie siècle. Paquot nous a laissé un portrait assez piquant de ce personnage, remarquable, paraît-il, autant par sa laideur que par les saillies de son esprit ; selon ce biographe, Érasme, auquel il se fit présenter pendant qu’il séjournait à Gand, admira les qualités d’une pièce de vers latins, dont il lui fit hommage ; il ajoute qu’il voyagea en France, qu’il y fut admis à la cour et qu’on le trouve à Lyon en rapport avec Rabelais, dont le rapprochaient ses goûts et la causticité de son esprit. En effet, l’auteur du Pantagruel vécut avec lui dans l’intimité pendant deux ans, se réjouissant de ses idées originales et facétieuses. Sanderus loue les poésies badines et joyeuses, que Valère André dit avoir été publiées à Cologne vers 1530, mais dont, jusqu’ici, on ne connaît aucun exemplaire. Le philosophe français Charron aimait également Bertholf pour ses spirituelles réparties. Quant à la correspondance qu’au dire de certains biographes il aurait entretenue avec Érasme, on en a fort exagéré l’importance ; on ne connaît qu’une seule lettre d’Érasme à Bertholf : elle est datée de Bâle, le 16 mai 1526, et offre peu d’intérêt. Plus hasardée encore est l’assertion qui lui attribue la composition de deux histoires populaires flamandes, connues sous le nom : de Pastor van Lapschure et Tyl Uylenspiegel. Peut-être s’est-on fondé sur la tournure railleuse de son esprit pour le gratifier de la paternité de ces ouvrages. En résumé, Bertholf, qui était contrefait et fort ami de la dive bonteille, constitue une personnalité qui appartient plutôt à la tradition qu’à l’histoire littéraire, s’il faut s’en rapporter au peu qu’en dit Sanderus.

Bon de Saint-Genois.

Paquot, Mémoires, t, IX. — Sanderus, De Gandavensibus eruditionis fama claris (Antv. 1624), pp. 57-58.