Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BERTULF

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BERTULF, fils d’Erembald, châtelain de Bruges, né à Furnes, vers le milieu du xie siècle. Ce personnage, tristement célèbre dans l’histoire de la Flandre, occupait, lors de l’assassinat de Charles le Bon, la place de prévôt de Saint-Donatien, à Bruges, et était de ce chef chancelier héréditaire du comte de Flandre. Les historiens ont jugé diversement les meurtriers du bon comte. Ils sont unanimes à dire que ce furent les neveux de Bertulf, et surtout Borsiard, qui commirent le crime. Toutefois les mots du chroniqueur contemporain, Gautier (partie VI, chap. 26, n. 38) insinuent que Bertulf fut leur complice[1]. M. le chanoine Carton a tâché, dans les Hommes remarquables de la Flandre occidentale, de disculper Bertulf de toute participation à ce meurtre. Il est, je crois, le seul de son opinion, que nous abandonnons à la saine critique. Coupable de complicité, ou innocent, ainsi qu’il prétendit l’être, Bertulf crut plus prudent de s’évader que de se laisser appréhender lors du mouvement populaire qui suivit l’indignation générale, après la mort du comte Charles. Le 16 mars 1127, le prévôt s’échappa de Bruges, erra à travers champs jusqu’à Keyem, d’où il se rendit à Furnes. Poursuivi par des hommes d’armes, il fut arrêté à Warneton et livré aux mains de Guillaume d’Ypres. Conduit dans la capitale de l’ancienne Flandre occidentale, l’ex-chancelier de Flandre, dont relevait la justice de tout le comté, tomba entre les mains d’une populace frénétique, qui, comme le dit Gualbert, le tirailla de droite à gauche au moyen de longues cordes, en l’accablant de paroles injurieuses. Il fut conduit sur la grand’place d’Ypres, où il expira attaché à un ignoble gibet. Il est inutile d’entrer dans les longs détails de la lugubre histoire du meurtre de Charles le Bon et du supplice de Bertulf ; nous renvoyons le lecteur aux sources originales de Gualbert et de Gautier, si savamment commentés par les Bollandistes (Acta SS. Mart., t. I, p. 152 et suiv.).

J. Vande Putte.


  1. O insanissime Bertulphe, quid consentisti ?