Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BETS, Jean

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BETS (Jean), jurisconsulte, né à Malines dans la première moitié du xvie siècle, mort dans l’exil vers 1580. Il était fils de Josse Bets, ancien pensionnaire de la ville de Dordrecht et receveur des fiefs du marquisat de Berg-op-Zoom, et d’Anne Everaerts, de Malines, que nous tenons, jusqu’à preuve du contraire, pour la sœur du fameux poëte latin Jean Second. Il fut reçu docteur en droit à l’Université de Louvain et vint se fixer à Anvers pour y exercer sa profession. Ayant fait preuve d’un grand zèle pour la cause des réformés, ceux-ci le nommèrent leur avocat à gages, ce que les conseillers-inquisiteurs Parys et Sexagius ont traduit par pensionnaire du consistoire des Gueux. La nature de ces fonctions nous porte à voir en Bets l’auteur du vade-mecum des calvinistes de ce temps-là intitulé : Recueil des choses advenues en Anvers touchant le fait de la religion en l’an MDLXVI. Il avait épousé une demoiselle Nicolai, fille de l’ancien président du grand conseil de Malines, et devait à cette alliance d’avoir été reçu avocat près de ce tribunal suprême. Ce fut en cette dernière qualité qu’il protesta, avec plusieurs de ses collègues, contre la défense des prêches et assemblées promulguée par le grand conseil à la requête de la duchesse de Parme, et défendit, avec un plein succès, les prédicateurs hétérodoxes contre l’illégalité de cette défense. Le grand conseil, qu’il avait entraîné et gravement compromis par son éloquence, se vengea de lui, dès que la réaction eut triomphé, non-seulement en le destituant, mais en le bannissant à perpétuité sous peine de la hart et en le dépouillant de ses biens. Sa campagne, située à Bergh, près de Vilvorde, fut vendue, en 1568, pour la somme dérisoire de soixante-cinq livres d’Artois. Il avait eu pour amis et protecteurs le comte de Lalaing-Hochstraeten et les princes de Nassau, mais ces grands seigneurs ne pouvant plus rien pour lui, il se rendit d’abord d’Anvers à Meurs, chez le comte de Nieuwenaar, puis à Cologne. Là il descendit chez le bourgmestre de Lyskirken « son bon ami », et servit à la fois les intérêts du prince d’Orange et ceux de la princesse sa femme, Anne de Saxe, dont le douaire était hypothéqué sur des propriétés que le duc d’Albe venait de confisquer. Bets voyageait beaucoup dans l’intérêt de ses clients. En 1569, à son retour de Vienne, on vint lui signifier, comme d’ailleurs à tout protestant notoire, qu’il eût à sortir sans délai des murs de Cologne. N’étant ni rebelle à son roi, ni iconoclaste, ni anabaptiste, il demanda à pouvoir ajourner la date de son départ, ce qu’on lui accorda. Il alla se fixer à Heidelberg. L’électeur de Saxe et le landgraf de Hesse auraient bien voulu qu’il consentît à se rendre en Espagne, avec l’ambassade impériale de 1570, afin d’y intercéder auprès de Philippe II en faveur de la princesse d’Orange, mais il s’y refusa malgré un cadeau de mille thalers, sachant bien que ce serait livrer sa tête à l’inquisition. Son fils Nicolas devint un savant jurisconsulte. On a de lui une dissertation publiée, en 1611, sous le titre de : Tractatus de Statutis, pactis et consuetudinibus familiarum illustrium et nobilium, illis præsertim quæ jus primogenituræ concernant.

C-H. Rahlenbeck.

R.-H.-C. Backhuysen vanden Brinck, Het Huwelyk van W. van Oranje. Amst., 1853 in-8o. — Groen van Prinsteren, Archives de la maison Orange-Nassau, vol. II. — Boettiger, Wilhelms von Oranien Ehe dans le Raumers hist. Taschenbuch de 1836. — Dr H. Ennen, Uber den Gcburtsort des P.-P. Rubens, Koeln, 1861. — Notes diverses prises aux arch. du roy. à Bruxelles.