Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BEYAERT, Jean
BEYAERT (Jean), dit VANDEN BORRE, frère de Lancelot, dont il est fait mention a l’article précédent, naquit en 1499, à Louvain, et y mourut en 1543. 11 épousa la fille de Josse Metsys, ferronnier, architecte, horloger et frère du fameux peintre Quentin Metsys. En 1524, il aida son beau-père dans l’exécution, en pierres d’Avennes, du modèle des trois flèches, dont on avait alors l’intention de surmonter le beffroi de l’église de Saint-Pierre. Ce modèle, qui fut monté, en 1529, dans l’une des salles de l’hôtel de ville, par Jean Beyaert, forme encore un des plus beaux ornements du musée archéologique de la ville de Louvain. Deux ans après, en 1531, notre artiste exécuta un groupe figurant la Sainte -Trinité, qui était destiné à occuper une niche dans la façade de la porte de Diest, alors nouvellement construite. Un second groupe de trois personnages, deux lions et deux griffons, ainsi que les armoiries sculptées de la ville, qui devaient décorer la façade de cet édifice du côté de la campagne, furent également confiés à son ciseau.
Jean Beyaert, qui, dans sa jeunesse, avait eu maille à partir avec la justice pour divers détournements, donna à la fin de sa vie des preuves nouvelles de son caractère fougueux et irréfléchi. Sa fin lamentable appartient à la sanglante histoire des persécutions religieuses du xvie siècle. Nous la rapporterons en quelques lignes.
On sait qu’en 1543, quarante bourgeois de Louvain furent arrêtés pour cause d’hérésie. Enlevés à la juridiction des échevins, on les traduisit devant une commission spéciale nommée par l’empereur Charles-Quint. Jean Beyaert et sa femme se trouvèrent au nombre des accusés. Catherine Metsys, qui avait reçu une certaine instruction, était une protestante convaincue. Elle exerçait une action profonde sur son époux, néophyte plus zélé que réfléchi. En effet, Beyaert ne se contenta pas de déclamer contre le culte catholique et d’assister aux réunions de ses coreligionnaires ; il se livra parfois à des excès d’ardeur qui ne pouvaient manquer de tourner contre la cause de la réforme. Un jour il enleva des églises de Saint-Pierre et de Saint-Jacques des peintures réprésentant le purgatoire, les mit en morceaux, puis les brûla. Arrêté après cet acte inconsidéré, il fut livré à la torture et subit l’épreuve de l’eau. Beyaert ne trouva pas en lui une foi assez sérieuse pour résister aux tourments qui lui furent infligés. Soumis une seconde fois à la torture, ainsi que sa femme, Catherine Metsys, ils devinrent par leur faiblesse les véritables dénonciateurs de leurs coaccusés. Les aveux de Beyaert ne le sauvèrent cependant pas du dernier supplice. La seule grâce qu’on lui accorda fut celle de périr par le glaive, au lieu d’être exécuté par le feu. Quant à Catherine Metsys, elle fut enterrée vive avec Antoinette van Roesmael, une femme de cinquante-huit ans, qu’on envisageait comme l’âme de la réforme à Louvain. Cette horrible exécution eut lieu au mois de juillet 1543. Les interrogatoires de ces victimes du fanatisme et de la cruauté de ce siècle ont été publiées par M. Ch.-Al. Campan, à la suite des Mémoires de Francisco de Enzinas. Bruxelles, 1862.
Comptes de la ville. — Registres des chambres échevinales. — Louvain monumental. — Mémoires de F. de Enzinas.