Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BLATON, Thomas

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BLATON (Thomas), peintre d’histoire, de portrait et de paysage, né en 1787, au village de Marcke, près d’Audenarde, mort le 3 juin 1817. Dès son enfance, il se sentit une vocation décidée pour le dessin ; avant d’avoir reçu la moindre instruction plastique, il se mit à copier des images et de petites estampes. Il vendit ces essais primitfs aux enfants, afin de se procurer les moyens d’aller chercher l’enseignement hors de son village. Il n’avait que seize ans lorsqu’il se rendit à Audenarde, où il fut assez heureux de rencontrer des protecteurs. Après avoir fréquenté quelque temps l’école de dessin, il entra dans l’atelier du peintre anversois Van Larebeke, et y fit de rapides progrès. Bientôt il fut employé à orner de peintures décoratives les appartements des maisons particulières. Ayant ainsi amassé quelque argent, il partit pour la ville de Gand, et dès l’arrivée, même sans en avoir sollicité l’autorisation, il alla s’asseoir sur les bancs académiques. C’était en 1807 ; il avait atteint l’âge de vingt ans. Sa manière d’agir lui attira de la part des directeurs de l’Académie un accueil sévère, car les leçons en étaient à la moitié de leur cours annuel. Cependant, sa remarquable aptitude le fit admettre, et à la fin de l’année scolaire le jeune Blaton remporta le premier prix de sa classe.

Encouragé par ce succès, il se livra avec ardeur à la peinture du portrait, et y réussit au delà de son espoir. Quatre de ses productions : un portrait en pied, dans un paysage ; deux portraits en buste et celui d’Hélène Forment, seconde femme de Rubens, copiée de l’original du cabinet de M. Schamp d’Aveschoot, à Gand, furent reçues au salon d’exposition de 1810 et lui valurent des éloges. Mais l’artiste comprit qu’il lui fallait encore les leçons d’un habile maître, et il s’adressa à l’éminent portraitiste brugeois François Kinson, qui lui ouvrit son atelier, à Paris. Thomas Blaton sut en peu de mois, auprès de lui et sous son active direction, acquérir les qualités que l’instruction primaire et l’étude isolée n’avaient pu lui donner. Quand il quitta Paris, pour revenir dans sa patrie, Kinson lui déclara, avec effusion, qu’il se trouvait payé de ses conseils et de ses soins, par la satisfaction de le compter parmi ses meilleurs élèves. Depuis cette époque, Thomas Blaton peignit quelques tableaux religieux, des portraits et des paysages : ces derniers sont estimés pour leur heureuse disposition, leur aspect naturel. En 1814, il fut nommé professeur à l’Académie d’Audenarde, sa première école. Il n’y professa que trois années ; à peine âgé de trente ans, il fut enlevé à un brillant avenir peut-être, par une phthisie pulmonaire. Sa dernière œuvre, le portrait en pied d’un enfant, placé dans un de ces fonds champêtres qu’il affectionnait, figura à l’exposition artistique de Gand, en août 1817. Le catalogue mentionnait la mort de l’artiste.

Edm. De Busscher.

Annales de la Société royale des beaux-arts et de littérature de Gand, t. I, 1844-1845.