Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BLONDEL, Antoine

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BLONDEL (Antoine), plus connu sous le nom de baron de Cuincy ou de Cunchy, poëte, né à Tournai, vers 1550, mort le 18 juin 1603. Il était fils de Jacques Blondel, gouverneur du Tournaisis, et de Marie Le Blanc. Il épousa Madeleine de Bercus et eu eut plusieurs enfants. Non moins favorisé par la fortune et son rang social que par de remarquables dispositions naturelles, il fit de bonnes études et se distingua également par son goût pour la musique et par son aptitude à tous les exercices de corps qui formaient, jadis, l’éducation d’un gentilhomme. Après avoir résidé assez longtemps en Italie, où il trouva à développer ses goûts artistiques, Blondel revint dans sa patrie et alla se fixer dans son château de Cuincy près de Douai. Il y fonda, le 20 septembre 1593, ce fameux cercle littéraire connu en Flandre, en Artois et en Picardie sous la dénomination de Banc poétique du baron de Cuincy. « Là, dit M. Dutilhœul, Blondel attira auprès de lui les beaux esprits des contrées environnantes, les artistes, les peintres, les musiciens. Lui-même touchait le luth avec talent et composait des vers et des chants amoureux que lui inspirait sa passion pour une jeune beauté dont Sanderus parle comme d’une nouvelle Laure. »

Les séances de cette société d’élite, consacrées à la musique et à la danse, se tenaient dans la belle saison et sous les frais ombrages du château. Blon- del s’efforçait d’y faire revivre l’esprit, le charme, l’élégance, la correction de diction qui l’avaient séduit en visitant les différentes cours d’Italie. Tous les lettrés des environs, hôtes habituels de ces fêtes, se plaisaient à rendre hommage à la munificence presque princière et aux talents poétiques de Blondel. Les encouragements qu’il ne cessait de prodiguer aux arts et aux lettres étaient, en effet, dignes des éloges qui retentissaient autour de lui. Poëte correct, mais plein du style maniéré du temps, il a laissé beaucoup de compositions en vers, dont quelques-unes ont été publiées avec celles de Claude de Rosinbos. Dans les œuvres de son ami, Jean Lays, poëte lauréat de Douai, se trouvent deux de ses sonnets. Toutefois c’est surtout à l’influence exercée par Blondel sur le mouvement intellectuel de cette partie de la France qu’est due la célébrité de son nom. Les écrits de ses contemporains ne tarissent point sur ce sujet ; jamais Mécène de province ne fit, paraît-il, les choses plus généreusement.

Il ne semble pas que ses poésies aient jamais été réunies et publiées. Peut-être a-t-on bien fait ; le genre poétique que représentait le baron de Cuincy à cette époque n’aurait guère d’admirateurs aujourd’hui.

Bon de Saint-Genois.

Dutihœul, Galerie Douaisienne, pp. 31-35. — Paquot, Mémoires, t. XVI.