Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BOCKHORST, Jean VAN

La bibliothèque libre.
◄  Tome 1 Tome 2 Tome 3  ►



BOCKHORST (Jean VAN), peintre d’histoire, surnommé Langhen-Jan, à cause de sa haute taille, naquit vers 1610, en Flandre, selon les uns, à Munster, en Westphalie, selon d’autres. Il mourut à Anvers, le 31 avril 1668 et fut inhumé dans l’église collégiale de Saint-Jacques. « Bockhorst était issu d’une bonne famille, dit Descamps, son éducation ne fut point négligée, mais comme on reconnut en lui des dispositions décidées pour la peinture, ses talents naissants furent heureusement confiés à Jacques Jordaens. » Sous un tel maître, le jeune Bockhorst fit des progrès si rapides, qu’en peu de temps ses tableaux excitèrent l’admiration générale. Ses compositions, tirées de l’Ancien et du Nouveau Testament, portent une empreinte ascétique que l’on ne rencontre que très-rarement dans les œuvres des plus grands peintres de cette époque. Chez Bockhorst, le sentiment religieux domine. Sa foi profonde se reflète dans toutes ses œuvres. Ses compositions sont largement conçues, bien traitées et correctement dessinées. Sa touche est vigoureuse et hardie, son coloris brillant et harmonieux. Ses figures sont belles, pleines d’expression et de dignité et presque toujours bien groupées. Faut-il s’étonner qu’avec des qualités aussi éminentes on ait comparé les œuvres de ce maître à celles de Van Dyck, dont il s’était du reste parfaitement approprié la manière ?

Les toiles les plus remarquables de Bockhorst sont à Gand, dans l’église paroissiale de Saint-Michel ; elles représentent : Saint Hubert chassant le cerf dans la forêt des Ardennes ; le Symbole du triomphe de la loi nouvelle sur la loi ancienne ; le jugement de David repentant et la Délivrance des âmes du Purgatoire, petite esquisse. L’église paroissiale de Saint-Jacques possède le Martyre de saint Jacques et l’église conventuelle des Récollets l’Apparition de la Vierge à saint Antoine de Padoue.

À Anvers, où Bockhorst habitait une maison située dans le Hopland (rue Houblonnière), on a de lui un magnifique tryptique dont le panneau principal représente la Résurrection du Sauveur, celui de droite l’Annonciation de la Sainte-Vierge et celui de gauche, l’Ascension de Jésus-Christ ; cette belle composition appartient au Béguinage. À l’ancienne église des Augustins on conserve une grande toile, l’Invention de la croix ; à l’hospice Terninck trois petites toiles allégoriques, représentant la Foi, l’Espérance et la Charité, et au Musée le Couronnement de la Sainte Vierge, que Bockhorst exécuta pour l’abbaye de Saint-Bernard.

Ces compositions ne sont pas les seules que l’on connaisse de ce maître. Ses biographes citent encore, une Adoration des Mages, qui se trouve à Bruges ; un Martyre de saint Étienne et un Martyre de saint Maurice appartenant aux églises de Lille. L’église conventuelle des Carmes déchaussés, à Anvers, possédait autrefois un tableau représentant le prophète Élie apparaissant à sainte Thérèse. Le monastère des Annonciades de Gand, fondé en 1624, commanda en 1664, à Bockhorst, une Annonciation pour orner le retable du maître-autel de son église. À Loo on avait de ce maître un Calvaire d’une grande beauté et à la Haye une toile représentant Esther devant Assuérus. Le prince Charles de Lorraine estimait à une haute valeur un Martyre de saint Georges, qu’il possédait de ce maître.

Citons enfin une grande composition qu’il exécuta pour l’abbaye de Tongerloo ; elle représentait un groupe d’Anges portant au ciel l’effigie de saint Dominique. Pour rendre plus exactement les traits de l’illustre fondateur de l’ordre des frères prêcheurs et du Saint-Rosaire, Bockhorst partit pour l’Espagne, d’où il rapporta le portrait du saint entièrement achevé, qu’il appliqua ensuite dans le médaillon que les anges enlèvent.

Comme Van Dyck, Bockhorst excellait à peindre le portrait ; mais ceux qu’il a laissés sont peu nombreux. Il ne traitait que rarement des sujets profanes, et il est facile de voir que l’histoire sacrée avait seule le pouvoir d’inspirer son génie. Il menait une vie austère et quelques écrivains assurent qu’il porta l’habit ecclésiastique jusqu’à la fin de ses jours.

Kervyn de Volkaersbeke.

Descamps, Vie des Peintres, t. II, p. 172. — Catalogue du Musée d’Anvers. 1857. p. 331. — Kervyn de Volkaersbeke, Églises de Gand, t. II.