Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BOILEAU DE BOUILLON, Gilles

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BOILEAU DE BOUILLON, Gilles




BOILEAU DE BOUILLON (Gilles), poëte et traducteur, né au commencement du XVIe siècle, à Bouillon suivant La Croix du Maine, auteur presque contemporain. Deux autres contemporains, Claude Grujet et Claude Collet, ont prétendu que Boileau était Flamand, ce qui est une erreur; car lui-même assure qu’il est Wallon et originaire de la ville de Liége. Ajoutons que le surnom de Bouillon était déjà porté par ses ancêtres, et qu’il ne provient pas du lieu de sa naissance. Boileau, qui avait reçu une excellente éducation, entra, jeune encore, au service de Charles-Quint et prit part, entre autres, aux campagnes de Hongrie, d’Italie, d’Allemagne et de France. Il occupa pendant longtemps à l’armée, les fonctions de commissaire-député aux monstres, c’est-à-dire aux revues. Grâce aux séjours prolongés qu’il lit dans divers pays, il s’y perfectionna dans la connaissance des principales langues de l’Europe et ses ouvrages prouvent, qu’outre le latin, il connaissait fort bien l’allemand, l’espagnol, le français, le flamand et l’italien.

Pour le récompenser de ses longs services, Charles-Quint le nomma commissaire et contrôleur de Cambrai. C’est en cette qualité qu’il fit partie de l’expédition que l’empereur dirigea contre François Ier, après le ravitaillement de Landrecies. Il doit même avoir été fort proche de la personne de l’empereur, car il rapporte, dit-il, les paroles « qu’il luy ouyt prononcer de sa bouche. »

Boileau ne resta pas longtemps commissaire de Cambrai; pour des motifs qui nous sont restés inconnus, il tomba bientôt dans la disgrâce et alla se réfugier à Paris, vers l’an 1549. Il y fut bien accueilli par Nicolas de Herberay, seigneur des Essarts, gentilhomme picard très-connu par ses traductions. Dès lors, jusqu’à la fin de sa carrière, Boileau fut obligé d’avoir recours à sa plume pour vivre. Il publia à Paris diverses traductions de l’espagnol. Après avoir passé au moins quatre ans dans la capitale de la France, Boileau, n’osant reparaître à la cour de Bruxelles, ni même dans les États héréditaires de Charles-Quint, se rendit à Liége, où il « s’est mis en debvoir de raccoustrer ung petit les statuts et ordonnances de cette ville » et où il écrivit divers ouvrages qui furent imprimés à Anvers, Liége ne possédant pas encore d’imprimerie à cette époque.

En 1555, Boileau fit plusieurs tentatives pour rentrer en faveur à la cour de Bruxelles, « car les urgentes nécessités, suivant son expression, lui chaussaient les éperons de près. »

Il s’adressa, à cet effet, à la reine Marie de Hongrie et à Philippe II, qu’il nomme « ce fils de Jupiter; » mais il paraît que ses démarches n’aboutirent point et que ses requêtes, tant en vers qu’en prose, restèrent infructueuses.

On ne connaît rien des dernières années de Boileau, qui vivait encore certainement vers 1560. — Gilles Boileau a publié : 1o Commentaire du seigneur don Loys d’Avila. Paris, Vincent Sartenas et Jehan Longis, 1550, in-4o de 4 ff. prélim. et 184 pages, édition originale très-rare. Dès l’année suivante, Boileau en publia une nouvelle édition augmentée, ibid., 1551, in-8o de 318 pages et 56 feuillets pour les annotations, avec une grande carte de l’Allemagne. Ces annotations du traducteur sont très-intéressantes. — 2o Le IXe livre d’Amadis de Gaule; Paris, Vincent Sartenas, 1552, in-folio. — 3o Petit traité des causes criminelles. Anvers, Jean de Laet, 1555; petit in-8o de 76 feuillets. Ce traité est traduit du flamand; — 4o La Sphère des deux mondes, composée en français, par Darinel, pasteur des Amadis, et commentée, glosée et enrichie de plusieurs fables poétiques, par G. B. D. B. cc. de C. N. L. Ovbli (Gilles Boileau de Bouillon). Anvers, Jean Richard, 1555, petit in-4o de 4 feuillets chiffrés et 57 non chiffrés, avec cartes et gravures en bois. Cet ouvrage est entremêlé de prose et de vers. La seconde partie, dédiée au seigneur de Fallais, est entièrement en vers. — 5o Prognostication pour l’an de Nostre Seigneur 1558. Anvers, Jehan Withage (1557), in-4o, de 4 feuilles, caractères gothiques. — 6o Prognostication pour l’an de Nostre Seigneur 1560. Anvers, Jehan Withage, l’an 1559, petit in-4o goth. de 4 feuillets. — 7o Une carte géographique de la Savoie, par Gilles Bullion, Belge. Anvers 1613 et Amsterdam 1619, in-fol. Ce sont là sans doute des éditions posthumes, que de plus anciennes ont dû précéder. Gilles Boileau a encore traduit de l’allemand le Traité d’Albert Dürer sur les fortifications, et du latin les Mémoires de Sleidan, mais on ignore si ces traductions ont été imprimées.

H. Helbig.

Bibliothèque française de la Croix du Maine et de Du Verdier, édit. de Rigoley de Juvigny, t. I, pp. 284-285. — Les ouvrages de Boileau. — Les Fleurs des vieux poëtes liégeois, pp. 1-14. — Bulletin du Bibliophile belge, t. XV, pp. 190-203.