Biographie nationale de Belgique/Tome 2/BOURBON, Frère Jacques DE

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BOURBON (Frère Jacques DE), homme de guerre et historien, naquit dans la dernière moitié du XVe siècle et mourut le 27 septembre 1527. Il était fils naturel de Louis de Bourbon, prince-évêque de Liége. Les historiens le désignent quelquefois sous le nom de Bâtard de Liége; mais cette appellation peut donner lieu à quelque confusion, parce qu’on la trouve également appliquée aux deux frères aînés de Jacques, entachés comme lui de la barre d’illégitimité. Pierre, l’aîné, eut pour mère, paraît-il, une princesse de la maison de Gueldre, qui se laissa séduire « sous la bonne foi du mariage; » il mourut en 1529 et fut la tige des comtes de Busset. Louis, le second, est cité à la date de 1491 comme enfant d’honneur de Charles VIII. Quant à Jacques, il devint chevalier de Saint-Jean de Jérusalem, commandeur d’Oisemont, et, finalement, grand-prieur de France. Il jouit de toute la confiance de l’illustre et malheureux Villiers de l’Ile-Adam, qui l’envoya en France avec l’abbé de Saint-Gilles, en 1525, pour prier le roi d’honorer l’Ordre de sa protection auprès de Henri VIII. Dépossédés de l’île de Rhodes par Soliman, malgré leurs efforts héroïques, les Hospitaliers, ballottés sur les mers et cherchant un refuge, commencèrent alors leur triste odyssée de huit ans, qui ne se termina qu’à Malte. Les princes européens semblaient, pour la plupart, n’avoir attendu que cette occasion pour accabler les vaincus.

Henri VIII empêcha le chevalier Veston de prendre possession du grand-prieuré d’Angleterre; il prétendit, en outre, que les Hospitaliers anglais ne fussent désormais employés qu’à tenir garnison dans Calais; le non-accomplissement de cette condition devait entraîner la confiscation, au profit du domaine royal, du revenu de toutes leurs commanderies. Les envoyés du grand-maître obtinrent de François Ier des lettres très-pressantes pour son frère d’Angleterre ; mais là se bornèrent leurs succès. Il ne fallut rien moins, pour aboutir à une transaction, que l’intervention personnelle du vénérable Villiers lui-même, qui dut, malgré son grand âge, se résigner à entreprendre le voyage de Londres. — On doit à Jacques de Bourbon une relation détaillée du siége de Rhodes. L’abbé de Vertot la cite plus d’une fois dans son Histoire de l’Ordre de Malte ; il a même cru devoir en reproduire intégralement le texte (t. II de l’édition in-4o p. 627 et suiv.). En voici le titre exact : La grande et merveilleuse et très-cruelle oppugnation de la noble cité de Rhodes, prinse naguères par sultan, Suleyman à présent grand Turcq… rédigée par escript. Imprimé de rechief (à Paris), l’an mil cinq cens xxvij, au moy de Octobre, petit in-folio de 36 ff. en lettres rondes. (La première édition est datée du mois de mai 1525, Paris, par Pierre Vidoue pour Gilles Gourmont, petit in-folio goth.)

Alphonse Le Roy.

Les historiens de la maison de Bourbon. — Moreri, Dict. hist. — Vertot, Histoire de l’Ordre de Malte, livres VIII et IX. — Brunet, Manuel du libraire, 5e éd., t. I, col. 1175.