Biographie nationale de Belgique/Tome 3/BRIXHE, Jean-Guillaume
BRIXHE (Jean-Guillaume), jurisconsulte et homme politicien né à Spa, le 27 juillet 1758, mort à Liége, le 25 février 1807. Procureur à la Cour de Spa, dès l’âge de dix-neuf ans, et immatriculé notaire en février 1784, Brixhe fut l’un des principaux promoteurs du mouvement libéral qui agita le pays de Liége, dans les dernières années du dix-huitième siècle, l’un de ceux qui déployèrent le plus d’énergie dans la revendication des droits populaires anéantis par le règlement de Maximilien-Henri de Bavière.
Il était bourgmestre de Spa lorsque la révolution du 18 août 1789 éclata. Dès le 9 de ce mois, un autre Franchimontois, Dethier, bourgmestre de Theux, avait convoqué les délégués des communes du marquisat à se réunir en congrès, « à l’effet de délibérer et de résoudre en commun sur les moyens les plus efficaces et les plus constitutionnels d’obtenir le redressement des griefs de la nation. » Le Congrès s’ouvrit le 26 et Brixhe en fut nommé secrétaire. Il rédigea en cette qualité le journal des séances du Congrès, qui parut à Liége, la même année, in-4o[1].
L’assemblée commença par déclarer qu’elle était réunie pour soutenir et rétablir sur une base inébranlable les libertés nationales, et « pour régénérer, voire même, si c’était possible, pour perfectionner d’après les lumières actuelles, la constitution du pays tant de fois scellée du sang des ayeux ». Elle proclama en même temps l’inviolabilité de ses membres, demanda la convocation d’une assemblée nationale où les campagnes seraient représentées aussi bien que les villes, et décida que le marquisat composé de cinq bans avait droit de ce chef à six députés, dont un pour Verviers qui, en sa qualité de ville, était déjà représentée au tiers-État par son bourgmestre.
Brixhe, Dethier, Detrooz, Bazin et Fauconnier, nommés pour représenter les communautés des cinq bans à la future assemblée nationale, apportèrent eux-mêmes à Liége les vœux de leurs commettants ; mais, malgré l’appui qu’ils trouvèrent dans une partie du Conseil de la Cité, notamment chez Bassenge, et bien que l’état noble et l’état primaire reconnussent à chacun des trois corps le droit de s’organiser comme il l’entendait, ils ne purent obtenir de l’État tiers, l’admission des députés des campagnes dans ce corps, et après des démarches réitérées pourb vaincre cette obstination, le Congrès de Franchimont, dont Brixhe était l’âme, usa de la seule ressource qu’il eût en son pouvoir, il protesta et suspendit le payement des impôts dans toute l’étendue du marquisat, jusqu’à ce qu’il eût été fait droit aux justes réclamations des communautés.
Mais les choses changèrent de face le jour où, après avoir vainement essayé d’entrer en arrangement avec le prince, il fallut marcher en avant dans la voie révolutionnaire : à partir de ce moment, ce furent les idées défendues par le Congrès de Franchimont qui triomphèrent ; l’admission des députés des campagnes fut enfin décidée le 3 mai 1790, et Brixhe nommé, peu de temps après, député suppléant à l’État tiers. Cette même année, il publia une brochure intitulée : Plan de municipalité pour le bourg et la communauté de Spa, à suivre provisoirement à la prochaine élection, et dont la ratification finale est laissée aux cinq sections. Spa, Badon et Cie, 1790, in-4o de 20 pages.
La révolution, malheureusement, ne tarda pas à être comprimée, et une réaction violente suivit cette courte époque de liberté. Les troupes autrichiennes ramenèrent le prince fugitif, et ceux qui avaient rêvé l’affranchissement de leur patrie se virent contraints de s’exiler. Brixhe fut proscrit par la Commission impériale comme étant l’un des quatorze premiers chefs de la révolution ; il se réfugia en France avec Bassenge et quelques autres, et y devint membre du 'Comité général des Belges et des Liégeois unis.
Quand la guerre éclata entre la France et l’Autriche, en 1792, les patriotes rentrèrent dans leurs foyers à la suite des armées républicaines. Brixhe fut replacé à la tête de la municipalité de Spa, et nommé par le peuple député général à l’Administration provisoire du pays de Liége ; il s’y montra l’un des plus chauds partisans de la révolution française et de la réunion pure et simple du pays à la France.
Lors de la retraite de Dumouriez, Brixhe fut de nouveau contraint de se réfugier à Paris; il y fut employé dans les bureaux de la vérification générale des assignats. En prairial an ii, le Comité du salut public réuni à celui des finances, le nomma vérificateur dans les départements du Nord et des Ardennes. Par divers arrêtés des représentants du peuple, il fut envoyé en cette même qualité dans les pays conquis, et continua de remplir le même emploi jusqu’à la suppression des assignats.
À cette époque, il commença à exercer les fonctions de défenseur officieux, près les tribunaux civils et criminels des départements de l’Ourthe, Sambre-et-Meuse et Meuse-Inférieure. Une âme passionnée, une éloquence entraînante jointes à un excellent jugement et à une connaissance approfondie des lois, lui firent bientôt obtenir dans cette nouvelle carrière, les plus brillants succès. En l’an vi, l’assemblée électorale scissionnaire le nomma administrateur du département. En l’an vii, il fut envoyé au Conseil des Cinq-Cents; il en fut exclu par la loi du 19 brumaire an viii. Il revint alors à Liége et y continua la profession de défenseur officieux. Le 27 frimaire an ix, il fut nommé par le premier consul, avoué près le tribunal d’appel séant à Liége, et le 18 fructidor an xiii, l’école de droit de Paris lui délivra le diplôme de licencié.
Brixhe a laissé plusieurs plaidoyers remarquables, tant par les questions auxquelles ils se rapportent que par le talent avec lequel elles sont traitées. Il a aussi travaillé à la rédaction de plusieurs recueils périodiques; nous citerons entre autres : La tribune politique du département de l’Ourthe. Liége, Latour, an v, in- 8°, dont il n’a paru, croyons-nous, que dix-huit numéros, formant 312 pages.
- ↑ Les procès-verbaux des séances du congrès de Franchimont ont été publiés d’une manière beaucoup plus complète par Brixhe, en l’an iv, dans l’ouvrage intitulé : Code du droit public du pays réuni de Franchimont, Stavelot et Logne. Verviers, 2 vol. in-8o. Rare.