Biographie nationale de Belgique/Tome 3/BRUYNS, Anne-Françoise DE

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BRUYNS, Anne-Françoise DE



BRUYNS (Anne-Françoise DE), peintre de portrait, née en 1605. Elle était la nièce de Jacques Francquart, de Bruxelles, peintre, ingénieur, architecte, attaché au service de l’archiduc Albert. Élevée probablement auprès de son oncle, elle devint son élève. On ne sait en quel lieu elle naquit. Le Blanc la cite comme peintre et graveur, née en Flandre en 1605, femme d’Isaac Bullart, et comme ayant probablement gravé des portraits de l’Académie des sciences et des arts. M. Chr. Kramm infirme cette supposition, mais son argumentation ne repose que sur une base erronée. Nous allons tâcher d’apporter un peu de jour dans cette question fort intéressante en ce qu’elle se rattache à un ouvrage des plus rares et des plus curieux.

Anna de Bruyns naquit donc en Flandre, en 1605; elle dut être initiée fort jeune à l’art de la peinture, puisqu’elle fit le portrait de son oncle et maître, en 1622, c’est-à-dire, lorsqu’elle n’était âgée que de dix-sept ans. Elle était établie à Bruxelles, où, entre les années 1622 et 1629, elle épousa le chevalier Isaac Bullart, de Rotterdam, que Fiorillo, par erreur, désigne comme son fils. Ce chevalier était un homme considérable, savant, lettré. En 1629, il alla, avec sa femme, s’établir à Arras. Une inscription placée sous un portrait gravé d’Anna et que nous donnerons plus loin, énumère ses titres et ses qualités. Bullart écrivit le texte d’un ouvrage publié chez Foppens et intitulé : L’Académie des sciences et des arts, contenant les vies et les éloges historiques des hommes illustres depuis environ quatre siècles. Paris, 1682 : en deux tomes avec figures. Ce précieux ouvrage, devenu très-rare, contient deux cent quarante-cinq portraits d’hommes célèbres, portraits très-bien gravés; c’est de lui que parle Le Blanc lorsqu’il dit « qu’Anna de Bruyns a probablement gravé des portraits de l’académie des sciences et des arts. » Nous soulignons des parce que M. Kramm a traduit ce mot par les! ce qui est bien autre chose. Le biographe hollandais dit qu’il n’a vu nulle part qu’Anna de Bruyns ait gravé; que Le Blanc, après avoir dit qu’elle était née en 1605, rend un peu trop difficile à admettre qu’elle ait fait les gravures d’un ouvrage paru en 1682. A notre tour, reprenons les traces d’Anna de Bruyns et celles de son mari, indiquées par M. Kramm lui-même ; nous verrons alors que la supposition de Le Blanc peut être parfaitement exacte. Bullart, dit Kramm, mourut à Arras, en 1672, âgé de soixante-treize ans ; il y a été enterré à côté de sa femme, déjà décédée, dans l’église de Notre-Dame de Foy. « Bullart, continue le même auteur, a, pendant de longues années, employé à ses frais deux artistes pour les gravures de son ouvrage, et, à la fin, son fils, Jacques Ignace, qui acheva la partie gravée. » Puisque l’Académie des sciences et des arts a demandé, nécessairement, à son auteur, de longues années de travail, Anna de Bruyns, si tant est qu’elle ait gravé, a pu exécuter non pas les portraits de l’œuvre, mais des portraits pour l’œuvre de son mari. Le livre n’a pas été publié du vivant de Bullart : il décéda en 1672 et l’ouvrage porte la date de 1682. C’est sans doute le fils, Jacques-Ignace, qui soigna la publication.

Paquot cite deux portraits gravés d’Anna de Bruyns. Sur le premier se lit l’inscription suivante, en tête : Anna Francisca de Bruyns, ætatis XXIV. Anno MDCXXIX.

Puis au-dessous :

Clarissima et eximiâ pingendi arte illustrissima Domina D. Anna Francisca de Bruyns, nobilissimi ac generosissimi Domini D. Isaaci Bullart, Regii Ordinis Equitis, Regii Vedastinorum monasterii apud Atrebates Prœloris primarii, supremi Montium Pietatis in Flandriâ et Artesiâ Prefecti, etc. De suâ effigie à se depictâ. — Peniculi norunt nostri miracula Belgæ : — Galle coles : stupuit, vidit ut Italia. — Galli, Itali, Belgæ, porro hæc mirantur et ora. — Quæ nostrâ hic etiam sunt animata manu F. Bouttats fecit A° 1648.

Sous le second portrait, on lit :

W, Hollar fecit aqua forti, A° 1648 ; Antverpiæ.

Ad. Siret.