Biographie nationale de Belgique/Tome 3/BUSNOIS, Antoine

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BUSNOIS (Antoine) ou DE BUSNE, musicien du XVe siècle. On est dépourvu de renseignements sur la patrie de ce remarquable compositeur ; d’après certaines versions, il serait originaire de la Picardie ou de l’Artois ; d’après d’autres, la Flandre aurait le droit de le revendiquer comme un de ses enfants. Nous adoptons cette dernière opinion.

Messire Antoine Busnois entra au service de Charles le Téméraire au mois de décembre 1467, en qualité de chanteur ; en octobre 1470, on le voit figurer comme demi-chapelain de la musique ducale ; au mois de novembre suivant, le duc lui fit un don pour aucuns agréables services non désignés, probablement pour l’avoir aidé à écrire certains motets ou certaines chansons, dont Charles se faisait un passe temps.

Busnois devait être en faveur à la cour et avoir obtenu la confiance du prince, car il l’accompagnait souvent, non-seulement dans ses voyages, mais même dans ses expéditions militaires. Il jouissait de plusieurs bénéfices ecclésiastiques. D’après le chroniqueur Jean Molinet, son contemporain, il possédait entre autres une prébende qui lui donnait le titre de doyen de Vorne; quelques biographes ont traduit erronément ce nom par celui de Furnes, et ont prétendu que notre compositeur était doyen de cette ville. Il est plus probable qu’il était doyen de Voorne ou Oostvoorne, en Zelande, où il y avait en effet un petit chapitre, dont la collation appartenait au duc, comme prince de l’endroit.

Le 4 mai 1473, il résigna à Maestricht la direction de la chapelle de Saint-Silvestre, au château de Mons, fonctions qu’il avait obtenues quelque temps auparavant. Après la mort de Charles le Téméraire, Busnois resta au service de sa fille Marie de Bourgogne; mais, d’après un biographe, les musiciens de cette princesse ayant été congédiés, l’habile compositeur s’adonna, dit-on, à l’agriculture. Quoi qu’il en soit, la mort de Busnois paraît devoir être fixée entre le 26 octobre 1480 et le 2 février 1481, époque à laquelle son nom disparait des listes de la chapelle ducale. — M. Fr. Fétis a trouvé dans un manuscrit, appartenant à Guilbert de Pixericourt, plusieurs chansons et motets à trois voix; il les a transcrits en notation moderne et mis en partition. M. Robert van Maldeghem a pareillement découvert six messes inédites et quatorze motets pour trois et quatre voix de ce remarquable musicien du XVe siècle; il les a aussi mis en notation moderne et imprimé dans le journal Cecile. La chanson intitulée O Dieu! quel mariage est particulièrement remarquable, par la pureté de l’harmonie. Ne possédât-on que ce morceau, dit le célèbre directeur du Conservatoire de Bruxelles, on aurait la preuve que la réputation de Busnois ne fut pas usurpée. Les autres pièces retrouvées confirment le mérite de ce maître comme harmoniste. Il paraît qu’il avait écrit un traité de musique à l’usage de ses élèves, travail qui n’est pas parvenu jusqu’à nous. Le plus intéressant de ses manuscrits se trouve à la Bibliothèque royale de Bruxelles et provient de la chapelle des anciens ducs de Bourgogne. La Biographie universelle des Musiciens apprécie d’une manière détaillée les diverses productions que nous devons à cet illustre compositeur belge.

Aug. Vander Meersch.

F.-J. Fétis, Biographie universelle des musiciens, 2e édition.