Biographie nationale de Belgique/Tome 3/CAMMAERT, Jean-François

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CAMMAERT (Jean-François), poëte flamand, né à Bruxelles en 1710. Il se voua à la littérature dramatique avec une rare activité. En 1750 le nombre de pièces de théâtre écrites par lui était de soixante-et-dix; quinze ans plus tard, ce nombre, au dire de ses amis, s’élevait jusqu’à cent. Le premier chiffre est constaté par un panégyriste dans ces deux vers latins :

Sunt septem decies, quos usque amplissimus auctor
Fertilitate opulenta in lucem versibus adfert.

Quoi qu’il en soit de l’exactitude de cette assertion poétique, on ne connaît plus qu’une trentaine de pièces dues à la plume de Cammaert; elles sont devenues assez rares, malgré la précaution prise par l’auteur de réunir en volumes les exemplaires restés invendus chez les éditeurs. Ce recueil porte le titre suivant : De Wercken, Bly-ende Treur-Spelen van Joannes Franciscus Cammaert, in naemsletter-voerende Scat-Cascier of Musen-Minnaer. Bruxelles, s.d., in-8o. La collection la plus complète que j’en connaisse appartient à la Société littéraire de Leide; elle forme sept volumes et contient vingt-neuf pièces. Voici les titres de celles que j’ai eu en main et qui toutes furent représentées sur le grand théâtre de Bruxelles :

Esther ofte opgang van Mardocheus ende ondergang van Aman, bly-eyndig treurspel, 1749. — 2° Straf ende dood van Balthasar, bly-eyndig treurspel, 1749. — 3° Adam ende Eva, treurspel, 1746. — 4° Bloedige nederlaeg ende dood van Saül, treurspel, 1751. — 5° David zegepralende op Goliath, bly-eyndig treurspel, 1751. — 6° Den Rooms-moedigen Horatius, verwinnaer der Albaenen, bly-eyndig treurspel, 1751. — 7° Joas van de moord bevryd door Josoba, bly-eyndig treurspel, 1748. — 8° Bloedig martel-kroon, ofte Maria Stuart, treurspel, 1747. — 9° Mahomet den tweeden, of moord-baerende liefde, treurspel, 1748. — 10° Constantinus Rooms-Keyser, treurspel, 1750. — 11° De rampsalige ontrouw van Maria van Arragon, treurspel, 1750. — 12° Doodbaerende stantvastigheyt in den graeve van Essex, treurspel, 1750. — 13° De advocaet Patelin, kluchtspel, 1754. — 14° Belphegor, kluchtspel, 1754. — 15° Den Heere de Pourceaugnac, kluchtspel, 1754. — 16° De onrust door den Ryckdom, kluchtspel, 1754. — 17° De dry verliefde Nichten, kluchtspel, 1757. — 18° Den hervonden man, kluchtspel, 1757. — 19° Den Hoogmoedigen, kluchtspel, 1757. — 20° Ninette in het Hof, blyspel met sangen, 1757, 2e édit. 1761. — 21° Den Waersegger van het dorp, tusschen-spel in sangen, 1758. — 22° Den valschen Astrologant, blyspel gemengt met sangen van de uyvinding van F. Krafft, 1763. — 23° Den Koning en den Pachter, blyspel gemengt met sangen 1764. — 24° Den Peerdesmid, boertig blyspel gemengt met sangen, 1766. — 25° Den Kuyper, boertig musieck-spel gemengt met sangen, 1768. — 26° De twee Jagers en het Melk-meysje, blyspel met sangen, 1768. — 27° Den Soldaet Tooveraer, boertig blyspel, 1768. — 28° Den Tooveraer, blyspel, 1769. — 29° Den Lands-soldaet, blyspel, 1770. — 30° Den Hout-Kliever, ofte de dry Wenschen, blyspel, 1770. — 31° Den Deserteur, blyspel, 1770.

Parmi ces pièces, celles imprimées pendant les années 1747 à 1750 appartiennent au genre tragique. A partir de cette époque, l’inspiration de Cammaert semble s’être appliquée exclusivement à l’opéra comique, à la comédie et aux pièces bouffonnes. Toutes sont empruntées à la littérature française, à l’exception de deux ou trois que notre auteur traduisit ou imita de l’italien. Ni l’histoire, ni les mœurs du pays ne paraissent avoir stimulé sa verve. Cependant Cammaert fut protégé par quelques personnages éminents du pays et il est telle de ses pièces qui eut l’honneur d’être représentée devant l’archiduchesse Marie-Élisabeth. Les écrivains flamands, qui jusqu’alors avaient été laissés dans l’oubli par suite de la domination espagnole et de la conquête française, virent de bon œil cette tendance bienveillante de la maison d’Autriche et espérèrent une ère nouvelle pour le mouvement littéraire. Malheureusement, Cammaert n’était pas à la hauteur de la mission qu’il aurait pu remplir; son style dur et incorrect trahissait une connaissance incomplète de la langue maternelle.

Outre ses poésies dramatiques on possède de Cammaert : 1° Une imitation, en vers, de la vie d’Alexandre le Grand de Quinte-Curce, portant pour titre : Lofschaterende Krygs-bazuyn ofte rym-weergalmende echo op alle de edelmoedige daeden van Alexander den grooten. Brussel, 1745, in-4o. — 2° Une traduction de l’Art poétique de Boileau, publiée en 1754, in-4o. Cette traduction, accompagnée de notes, revèle de l’érudition, mais le sentiment individuel, l’esprit national y font totalement défaut.

F. Snellaert.

Van Daele, Tydverdryf, n° 16, bl. 4. — Willems, Verhandeling over de nederduytsche tael- en letterkunde, II, 172 — Snellaert, Schets eener geschiedenis der Nederlandsche letterkunde, 4e uitg., 212.