Biographie nationale de Belgique/Tome 3/CAMPENE, Corneille VAN

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CAMPENE (Corneille VAN), chroniqueur, né à Gand, le 24 juin 1516, mort le 7 novembre 1567. Il fit partie de la magistrature de sa ville natale et remplit différents emplois, nommément ceux d’échevin de la Keure, de Vindere, de bourgmestre et d’autres. C’est comme chroniqueur surtout qu’il mérite une mention. Il annota tous les faits remarquables survenus dans la ville de Gand et ses environs, dès l’origine des dissensions religieuses du XVIe siècle, jusqu’au 5 avril 1571. On a vu que Corneille van Campene est mort en 1567 ; l’œuvre a donc été continuée et n’est pas exclusivement son travail. C’est son frère Philippe qui, à sa demande, en a fait la continuation jusqu’au 5 avril 1571 ; elle se compose de trois cent neuf pages, grand in-4o, d’une petite écriture. Corneille van Campene appartenait au parti catholique ; sa chronique fait le pendant de celle du père De Jonghe, ainsi que de celle connue sous le nom de De Kempenaere. Elle est cependant beaucoup plus complète, surtout pour ce qui concerne la première partie. En effet, on y rencontre des particularités que l’on chercherait vainement ailleurs, et qui sont d’autant plus intéressantes qu’elles concernent les personnes qui ont joué un rôle dans des événements de cette époque de troubles. Ce qui en augmente encore l’intérêt, ce sont les renseignements donnés par l’auteur sur les objets d’art, tableaux, sculptures, orfèvreries, etc., détruits par les iconoclastes. Non-seulement Van Campene les fait connaître, mais il en donne l’historique. D’après le titre de son manuscrit, il y avait une première partie, qui n’a pas été retrouvée et dont on ignore le sort.

La chronique inédite des frères Van Campene n’a point de copie. Philippe van Campene en fit une traduction en latin, conservée à la bibliothèque royale, à Bruxelles, sous le no 16,892 (Fonds Van Hulthem). Cette traduction porte le titre de Diarium rerum Gandavensium ab anno 1566 ad annum 1585 ; per magistrum Philippum Campenæum, regii provincialis Flandriæ Concilii quondam causarum patronum. Annorum 1566-1577. Cette version latine, que l’on regardait comme l’originale, fut, au XVIIIe siècle, traduite en flamand, par J. P. van Male, curé de Bovekerke, ou par Zeger-Ignace Van de Vivere, licencie en droit et notaire apostolique à Gand ; le manuscrit fait pareillement partie du même dépôt et porte pour titre : Dach register van geschiedenissen van de stede van Ghendt, tsedert den 5 julii 1566 tot 15 junii 1585, door Ghillies de Kempenaere. On voit qu’on y avait traduit fautivement le nom de Campenæus en celui de De Kempenaer ; c’est sous ce dernier nom que M. Ph. Blommaert a publié ce texte flamand.

M. Fr. De Potter, de Gand, connu par un important travail sur les communes de la Flandre, publié en collaboration avec M. Bouckaert, a retrouvé le texte primitif de cette chronique, beaucoup plus complet et tel qu’il avait été rédigé en flamand par les frères Van Campene. Il vient de le mettre au jour sous le titre de Dagboek van Cornelis en Philippe van Campene. Gent, Annoot-Braekman, 1870.

Il est fâcheux que la première partie n’ait pas pu être découverte; elle comprenait des détails intéressants sur le Compromis des Nobles et les faits qui en ont été la suite. Il en est de même de la troisième partie, qui s’étend jusqu’à l’an 1585. — Corneille van Campene est aussi auteur du Bouck van den Geslachte van De Campene (1566), manuscrit infolio de cent cinquante-sept pages, conservé à la bibliothèque de l’Université de Gand (n° 638). Les Van Campene, tout en appartenant à la noblesse flamande, ne croyaient par déroger en faisant le commerce.

Aug. Vander Meersch.

De Potter, Dagboek van Cornelis en Philippus van Campene. Introduction. Eendragt, 21 juillet 1867, N° 2.