Biographie nationale de Belgique/Tome 9/HENRI DE GUELDRE

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HENRI DE GUELDRE. Après la mort de l’évêque Robert de Langres (26 octobre 1246), les prétentions de nombreux candidats au siège épiscopal de Saint-Lambert, provoquèrent à Liège, entre les chanoines électeurs des dissensions qui faillirent se prolonger pendant une année entière. La nomination de Henri de Gueldre mit enfin un terme à ce trop long interrègne (10 octobre 1247). Le nouvel élu ne possédait pourtant aucun titre aux sympathies du peuple. Les Liégeois eussent volontiers oublié son extrême jeunesse, mais pouvaient-ils lui pardonner d’être le fils de ce Gérard IV, qui avait jadis pris part au sac de leur ville avec le duc de Brabant et avait combattu contre eux dans les plaines célèbres de Steppes ? Malheureusement, la politique suivie alors en Allemagne par le Saint-Siège avait besoin de partisans dévoués, et Henri, qu’Innocent IV venait d’opposer à Frédéric II, semblait désigné d’avance pour la soutenir[1].

Néanmoins, rien ne vint troubler les premières années du règne de Henri : Gilles d’Orval terminait en 1251 sa fameuse chronique en lui adressant des éloges sans réserves et probablement mérités à cette époque. Au reste, nommé dans un but politique, Henri paraît avoir toujours attaché plus d’importance aux affaires extérieures qu’à l’administration de son évêché. Il quittait souvent sa capitale pour les contrées voisines où sa présence était nécessaire, et ses sujets se sentant libres de contrainte se résignaient plus facilement à supporter pour maître le fils de leur ancien ennemi. Pour lui, tour à tour à Neuss, à Mayence, à Francfort, à Walsberge, à Bruxelles, il fut activement mêlé tant aux troubles de l’empire, où il aida Guillaume à soutenir un pouvoir chancelant, qu’aux querelles intestines des princes belges. C’est ainsi qu’il faillit se laisser entraîner dans la guerre des d’Avesnes et des Dampierre. Nous le voyons, en effet, dès les premiers jours de son règne, le 26 septembre 1247, admettre Jean d’Avesnes à relever le comté de Hainaut, fief de l’église de Liège, à la place de sa mère Marguerite de Flandre[2]. Cependant, il n’intervint pas directement dans les luttes des maisons de Hainaut et de Flandre. Il semble plutôt, tandis que les princes voisins se combattaient les uns les autres, avoir voulu profiter de l’occasion pour fortifier son influence. Son adhésion à l’alliance de Walsberge, conclue le 17 novembre 1248 entre son frère Othon, comte de Gueldre, le duc de Brabant et le comte de Looz, se rattache probablement à cette pensée politique. Deux ans après, les mêmes princes se réunissaient à Bruxelles (19 mai 1251) pour signer une paix qui devait mettre fin définitivement, pensaient-ils, aux sanglants démêlés des enfants de Marguerite de Flandre. La guerre ne tarda pourtant pas à recommencer. Marguerite, défaite à Westcapelle par Guillaume d’Allemagne, beau-père de Jean d’Avesnes, appela en Hainaut Charles d’Anjou, fils de Louis IX. Aussitôt Guillaume marcha contre le prince français et Henri de Gueldre, suzerain de la province envahie, fit proclamer l’ost au perron de Liège.

C’est alors que le nouveau maître à temps de la cité, Henri de Dinant, s’opposa au départ des milices bourgeoises et donna ainsi le signal d’une guerre civile qui allait pendant trois ans détourner l’évêque de la politique extérieure. Toutes les communes importantes de la principauté soutinrent leur métropole contre leur suzerain. Le clergé, presque sans exception, et l’aristocratie bourgeoise se rangèrent, d’autre part, sous la bannière de Henri de Gueldre. Il ne faudrait pas, en effet, se figurer que la lutte existât uniquement entre ce dernier et les communes. Elle était bien plutôt entre les gens des métiers et les échevins, entre les petits qui aspiraient ardemment aux droits politiques, et les grands qui les leur refusaient avec autant d’opiniâtreté. Entre ces deux partis, un conflit devait nécessairement s’élever un jour : les circonstances voulurent qu’il éclatât pendant le règne de Henri. Aussi n’avons-nous pas à raconter ici en détail le soulèvement des communes liégeoises ; nous renvoyons le lecteur à la biographie de Henri de Dinant, son promoteur. Comme l’on devait s’y attendre, d’ailleurs, le parti populaire fut complètement vaincu malgré son héroïque résistance, et la paix de Bierset (14 octobre 1255) dut lui faire croire que ses plus chères espérances étaient à jamais anéanties.

C’est de cette époque, célèbre dans l’histoire de Liège, que datent les premiers rapports hostiles entre Henri de Gueldre et le duché de Brabant. Pendant la guerre qu’il soutenait contre ses sujets, Henri avait appelé à son aide son ancien allié de Walsberge. Celui-ci, fidèle à la vieille politique brabançonne, trouva l’occasion favorable pour se ménager des intelligences dans le pays de Liège, et sa conduite équivoque fit bientôt se repentir l’élu d’avoir eu recours à un aussi puissant allié. Le duc semblait en effet préparer l’annexion de Saint-Trond, porte de l’évêché du côté de ses États. Il s’était fait des partisans dans la place et il n’eut pas de peine à décider les bourgeois, exaspérés contre leur prince par suite des événements récents, à lui remettre les clefs de la ville. Henri sortait à peine d’une guerre où il avait chèrement payé la victoire : dans cette situation, il ne pouvait songer à en entreprendre presque immédiatement une nouvelle. Aussi, implora-t-il contre son trop habile voisin l’intervention du pape, bien plus redoutée que la voie des armes par un prince aussi profondément catholique que le duc Henri III. Ce ne fut point cependant sans une amertume facile à comprendre que ce dernier renonça aux espérances que la prise de Saint-Trond avait pu un instant lui faire concevoir. Pendant quatre ans, le Brabant et le pays de Liège se tinrent à l’égard l’un de l’autre dans une réserve pleine d’hostilité, et ce n’est qu’au commencement de l’année 1260 que la paix fut définitivement rétablie entre eux. Un mois à peine s’était écoulé depuis cette réconciliation, lorsque le duc mourut, laissant ses fils en bas âge sous la tutelle de son épouse Aleyde.

Cette princesse eut tout d’abord à repousser les prétentions du landgrave de Thuringe Henri l’Enfant et de Henri de Louvain sire de Herstal, qui voulaient lui enlever la régence du duché. Trop faible pour maintenir ses droits, elle eut recours à l’ancien ennemi de son mari, à l’évêque de Liège, qui parvint sans peine, avec le secours de son frère Othon de Gueldre, à la délivrer des deux prétendants. Mais, habile à profiter des embarras de la duchesse, il prit pour lui ce qu’il leur avait enlevé et, si, en titre, il ne fut point régent des États d’Aleyde, il exerça pourtant en Brabant jusqu’à la majorité de Jean Ier une influence prépondérante. C’est alors notamment qu’on le voit intervenir à Nivelles, pour réprimer une révolte de la commune contre l’abbesse du lieu. Cette partie de la vie de Henri de Gueldre a été trop peu étudiée jusqu’ici : « lacune malheureuse, dit M. Wauters, car Henri de Gueldre, cet Henri tant et si justement flétri, fut un instant l’arbitre de la Belgique presque entière. L’évêché de Liège subissait respectueusement sa domination ; étroitement uni à son frère Othon, Henri régnait par lui dans la Gueldre, le domaine de leurs aïeux, et en Hollande où une faction avait appelé le comte à la régence. Depuis l’année 1263 environ, la riche abbaye de Stavelot le reconnaissait pour son abbé. La comtesse de Flandre et de Hainaut, Marguerite de Constantinople, après avoir lutté contre lui, après avoir donné asile à Henri de Dinant, qui exerçait encore en 1263 les fonctions de bailli de Lille, la comtesse Marguerite, dis-je, était revenue à d’autres sentiments, et avait pris de lui en fief les francs-alleux qu’elle possédait dans la Flandre impériale, c’est-à-dire la ville de Grammont et la terre de Bornhem. Le fils de Marguerite, Gui de Dampierre, ayant acquis le comté de Namur, s’empressa également de relever de l’évêque le château de Samson. Enfin, à la même époque, et bien qu’absorbé par des préoccupations sans nombre, Henri consentit à intervenir comme médiateur dans la longue querelle des habitants de Cologne avec leur nouvel archevêque[3]. »

Dès avant cette époque, les relations de Henri avec le Brabant étaient de nouveau devenues hostiles. Des différends s’étaient élevés entre lui et Walther Berthout à propos de Malines, fief liégeois engagé au duc Henri III et que Berthout refusait de restituer à l’évêché, malgré le remboursement de l’engagère. Henri brusqua les choses et vint mettre le siège devant Hannut. L’arrivée d’une nombreuse armée brabançonne l’ayant contraint à rentrer précipitamment dans ses États, il n’en fut que plus ardent à se venger des Berthout. « La comtesse de Flandre qui lui devait le service féodal à double titre, pour le comté de Hainaut d’abord, puis pour Grammont et Bornhem, se prépara à l’appuyer et concentra ses vassaux sur les bords de l’Escaut, entre Bornhem et Rupelmonde. » Dans ces circonstances, Henri franchit de nouveau la frontière brabançonne. S’il faut en croire le trop fabuleux Jean d’Outremeuse, l’évêque accompagné des comtes de Gueldre, de Juliers, de Berg, de Nassau et de Looz, aurait détruit successivement, à la tête d’une armée de 60,000 hommes, Hannut, Landen, Tirlemont et Vilvorde. Quoi qu’il en soit, il ne put pénétrer dans Malines. Grâce à l’entremise de Marguerite de Flandre, une trève fut conclue entre les belligérants, trève qui accordait au belliqueux prélat le droit de poser la main en signe de victoire sur la barrière de la ville qui lui avait fait prendre les armes. Il fallut bien se contenter de ce maigre résultat, et Henri pour la seconde fois rentra sans succès dans son évêché. Mais bientôt, comme s’il se fût repenti de sa peu glorieuse expédition, il pénétra par surprise dans Maestricht, démolit la tour de Wyck et s’empara du château de Hierges. Heureusement, les hostilités s’arrêtèrent là et n’amenèrent point une guerre en règle. Les Berthout n’osant affronter la puissance de l’évêque, et Henri trouvant satisfaisante la réparation qu’il avait tirée de ses ennemis, on convint de s’en remettre à des arbitres, et un arrangement fut signé le 14 décembre 1268.

Pendant que Henri était ainsi impliqué à l’extérieur dans des embarras de toute espèce, à Liège, le parti populaire avait repris confiance et ne craignait plus de manifester ouvertement sa haine pour la paix de Bierset. La forteresse de Sainte-Walburge, élevée par l’évêque aux portes de la cité après la soumission des communes, en 1253, faisait surtout l’objet de ses réclamations. Un coup de tête était imminent, la négligence de l’évêque le rendit inévitable : en 1269, le château-fort fut surpris par les bourgeois et ruiné de fond en comble. Cet événement fut le signal d’une nouvelle guerre civile. Huy, Dinant et Saint-Trond renouèrent leur ancienne alliance avec Liège, tandis que l’élu détournait ses hommes d’armes de la frontière brabançonne pour les faire marcher contre ses sujets. L’issue de la guerre ne pouvait être douteuse. Sans organisation, sans plan de campagne, sans chefs reconnus, les communes ne tardèrent pas à s’apercevoir qu’elles s’étaient lancées en aveugles dans une malheureuse échauffourée dont il fallait sortir au plus tôt. Elles implorèrent la médiation de Marguerite de Flandre et, grâce à cette princesse, obtinrent en juillet 1271 une paix moins défavorable qu’elles ne le craignaient (paix de Huy).

Sur ces entrefaites, Jean Ier avait atteint sa majorité, et, suivant les traditions de sa famille, commençait à s’occuper des affaires de son voisin de l’est. Il semble même avoir soutenu les communes dans leur dernier soulèvement[4]. Deux ans plus tard, et sans qu’on puisse au juste en trouver la cause, il envahissait la Hesbaye et brûlait Fontaine-l’Évêque. Heureusement, la mort de sa mère et l’avènement au trône d’Allemagne de Rodolphe de Habsbourg nécessitèrent presque aussitôt la présence du jeune duc en Brabant d’abord, puis à Aix-la-Chapelle, et le contraignirent, bien malgré lui, à interrompre cette expédition. Il ne devait plus d’ailleurs prendre les armes contre l’évêque.

Depuis que Grégoire X, jadis archidiacre de Liège, avait succédé à Clément IV sur le trône de saint Pierre, le Saint-Siège s’était ému des scandales éclatants de la vie de Henri de Gueldre. S’il faut en croire une lettre du pape qui nous est parvenue, ce n’est pas seulement des plus honteuses débauches qu’il se serait rendu coupable, c’est encore d’avoir dilapidé les deniers publics, vendu au plus offrant les bénéfices ecclésiastiques, violé les libertés des églises ; c’est de s’être enfin laissé corrompre dans l’exercice de la justice séculière[5]. Henri ne tint aucun compte des remontrances apostoliques. Son caractère violent ne lui permettait guère de se rendre à la persuasion et lui cachait même le danger auquel il s’exposait en ne changeant pas de conduite. Le viol d’une jeune fille patricienne lui avait, en effet, aliéné les sympathies de la noblesse sur lesquelles il avait pu compter jusque-là. Nul, s’il était accusé, ne prendrait sa défense : il ne comptait plus que des ennemis, et il n’était personne dans l’évêché qui ne souhaitât sa perte. Aussi les Liégeois avaient-ils salué avec joie la nomination de Grégoire X au siège de saint Pierre. Ils le savaient hostile à leur prince et voyaient d’avance dans ce vieillard qui avait si longtemps habité leur pays le vengeur de leurs défaites passées. Des députés furent envoyés à Rome pour se plaindre de Henri : ils firent si bien, que le pape, convaincu de l’insuccès de ses démarches précédentes, le cita au concile de Lyon. Là, tout se réunit à la fois pour l’accabler. Aux accusations anciennes, on ajouta celle plus réelle encore d’ignorance. Après une enquête sévère, le malheureux fut reconnu indigne de la dignité épiscopale et « lui qui était naguère duc, comte, marquis et abbé, sortit prêtre à peine du tribunal du pape » (3 juillet 1274).

À partir de ce moment, la vie de Henri nous est peu connue. Son testament, daté du 12 décembre 1277, et par lequel il fait abandon de tous ses biens à son neveu, est le dernier acte signé par lui qui nous soit parvenu. Selon toute vraisemblance, son naturel batailleur lui fit prendre part encore à plus d’une expédition militaire. Le pays de Liège qu’il avait si longtemps gouverné fut à maintes reprises harcelé par ses gens d’armes. De son château de Nieustadt, près de Ruremonde, il pénétrait souvent dans l’évêché sous prétexte que des sommes jadis avancées par lui ne lui avaient pas été remboursées. Son successeur, Jean d’Enghien, voulut enfin loyalement s’entendre avec lui à ce sujet. On convint d’une entrevue à Brule, près de Hougaerde. Jean, trop confiant dans la bonne foi de son adversaire, s’y rendit presque sans escorte. Mal lui en prit. Pendant la nuit, il fut surpris, dans la maison fortifiée où il logeait, par des soldats de Henri qui le lièrent sur un cheval et l’emmenèrent avec eux en grande vitesse à travers la campagne. Le pauvre prélat était d’un embonpoint excessif ; il ne put supporter la rapidité de la course et ses ravisseurs furent contraints de le déposer à la porte de l’abbaye d’Heylissem, où il mourut de suites de ses fatigues le jour de la Saint-Barthélemy, 1281. À dater d’alors, on perd toute trace de Henri. Il faut considérer comme une fable la tragique aventure dans laquelle il aurait perdu la vie, suivant Jean d’Outremeuse. Hocsem affirme, au contraire, qu’il finit tranquillement ses jours dans le comté de Gueldre en 1284.

Henri Pirenne.

Hocsem, Gesta pontificum Leodiensium. Chapeaville, t. II. — Rodulphe, Gesta abbatum Trudonensium. Pertz ss., t. X. — Chronicon sancti Pantaleonis colon. Ibid., t. XXII. — Jean d’Outremeuse, Ly myreur des Histors, t. V. — Fisen, Sancta Legia… sive historiarum ecclesiæ leodiensis partes duo. — Foullon, Historia leodiensis, t. Ier. — Bouille, Histoire de la ville et pays de Liège, t. Ier. — Ernst, Histoire du Limbourg. — Id., Tableau historique et chronologique des suffragants ou coévêques de Liège. — Polain, Histoire du pays de Liège. — Henaux, Id. — Wauters, Le duc Jean Ier et le Brabant sous le règne de ce prince. — Id. Table chronologique des chartes et diplômes imprimés, t. IV. — Bullet. de la Comm. roy. hist., 3e série, t. XIV. — Édits et ordonnances de la principauté de Liège.


HENRI DE HORNES, sire de Perwez et de Craenenbourg, était fils de Thierry de Hornes et de Catherine Berthout. Son oncle, Arnould de Hornes, prince-évêque de Liège, l’attira vraisemblablement auprès de lui, et l’évêque Jean de Bavière, successeur d’Arnould, l’honora, au commencement de son règne, de sa confiance et de son amitié. La vie mondaine et dissipée de Jean de Bavière fortifia le parti populaire des haydroits (osores juris), qui excitèrent la multitude, soulevèrent les villes, rappelèrent les bannis et proscrivirent les amis du prince. Celui-ci sortit de Liège, fit fermer la cour des échevins et établit à Maestricht celle de l’official. Les États du pays, rassemblés à Liège, résolurent d’élire un mambour, chose inouïe lorsque le siège épiscopal n’était point vacant. Jean de Rochefort, sur qui les voix s’étaient réunies, refusa cette charge qu’il estimait dangereuse. On songea alors à Henri de Perwez, déjà vieux et cassé, mais habile homme de guerre. Jean de la Chaussée, l’un des bourgmestres, s’adressa à Marguerite de Rochefort, épouse de Perwez, qui avait un empire absolu sur son mari. Il dit que la cause de Jean de Bavière était perdue, son principal allié, le duc de Bourgogne, étant trop occupé en France pour lui porter secours ; que le peuple aimait la famille de Hornes et avait résolu de lui demander à la fois un mambour dans la personne de Henri de Perwez et un évêque dans celle de son fils Thierry. « Que le sire de Perwez arrive donc à Liège, il y sera reçu en triomphe ; le palais de l’évêque l’attend ; les trésors et les revenus de la mense épiscopale lui appartiennent. » (Zantfliet).

Marguerite, séduite par les grandeurs promises à sa famille, parvint à vaincre la résistance de son mari, qui se rendit

  1. Le caractère politique de l’élection de Henri sera moins douteux encore, si l’on remarque qu’élu en 1247, il ne fut sacré évêque que de longues années après, en 1252 et qu’il fut obligé dès l’abord de s’adjoindre un suffragant pour le spirituel. Il fit choix pour ces fonctions d’Arnould de Semigalle, qui paraît en avoir été le premier officiellement chargé à Liège.
  2. Henri conféra le Hainaut à Jean d’Avesnes, en qualité d’évêque de Liège, dès le 26 septembre 1247. Il ne reçut pourtant officiellement le titre d’évêque que le 10 octobre suivant ; mais il est probable que quelques jours avant cette date, sa nomination était déjà accomplie en fait.
  3. Wauters, Le Duc Jean Ier, p. 32 et 33.
  4. C’est du moins ce que permet de supposer le titre d’avoué de Liège qui lui est reconnu dans un acte du 27 novembre 1270.
  5. On sera peut-être surpris de ne pas trouver ici une mention plus étendue des débauches généralement attribuées à Henri. Mais Jean d’Outremeuse étant le seul chroniqueur qui les rapporte avec les détails si réalistes, mais il faut bien en convenir, si pittoresques que tout le monde connaît, je n’ai pas osé ajouter une foi entière aux assertions d’un chroniqueur qui, déjà si fantaisiste dans le reste de ses écrits, le paraît plus encore dans tout ce qui concerne le règne de Henri de Gueldre.