Biographie nouvelle des contemporains/18/Roland, Armande

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ROLAND (JOSÉPHINE-LUCILE-JEANNE-ARMANDE DELILLE, DAME), est née à Angers, le 28 octobre 1769 ; elle est fille de M. Marchandeau Delille, administrateur des domaines du roi, homme aussi recommandable par son mérite que par ses vertus. M Roland dès sa plus tendre jeunesse, annonça une grande vivacité d’esprit et d’imagination : ses talens se développèrent de très-bonne heure. Elle fit, n’ayant encore que huit ans, une comédie, qu’elle avait composée sans secours, intitulée : le Retour des Matelots, ou la Prise de la Grenade. On s’étonne, à part l’esprit qui étincelait dans l’ouvrage, de voir un si jeune auteur animé des sentimens les plus vifs pour la gloire de sa patrie ; sentimens qui, plus tard, n’ont fait que se développer dans son cœur, et qui respirent dans toutes ses productions. Mme Roland a possédé d’illustres amis ; elle en était digne, car son affection pour eux s’accrut dans leur noble adversité, et aujourd’hui, qu’ils reposent dans la tombe, sa mémoire leur conserve un culte fidèle. Elle épousa, à l’âge de 13 ans, M. Barrairon, et se remaria, en 1796 à M. Roland, aujourd’hui (1825) directeur des domaines à Périgueux. Mme Roland cultive avec succès les lettres ; elle compte au premier rang des femmes auteurs de ce temps ; mais, modeste autant qu’aimable, elle est satisfaite de passer ses jours dans le sein de sa famille et de ses amis, dont elle fait le bonheur ; elle se refuse à tout se qui pourrait l’enlever à la simplicité de ses habitudes. L’académie de Lyon voulut, en 1810, l’admettre dans son sein ; elle s’y refusa, toute surprise d’un honneur qui effrayait sa modestie. Elle a écrit plusieurs romans, dont nous allons donner la liste ; ils se distinguent tous par un plan habilement tracé, par des caractères soutenus et souvent neufs ; par la peinture gracieuse et vraie de la nature et des pays qu’elle décrit, par un style élégant et facile, et par des scènes variées, qui procurent alternativement à l’âme de douces et de violentes émotions. Ses ouvrages sont : 1° Palmira, 4 vol., 1re  éd., 1801 ; 2° Mélanie de Rostange, 3 vol., 1804 ; 3° Alexandra, ou la Chaumière russe, 3 vol., 1806 ; 4° Adalbert de Montgelas, 3 vol., 1810 ; 5° Émilia ou la Ferme des Apennins, 3 vol., 1812 ; 6° Lydia Stevil, ou le Prisonnier français, 3 vol., 1817 ; 7° la Jeune Bostonienne, suivie d’Amica, 2 vol., 1820 ; 8° le Trésor de la famille Lowembourg, 3 vol., 1824.