Biographie universelle ancienne et moderne/1re éd., 1811/Alber (Érasme)

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ALBER (Érasme), né, selon les uns, dans la Wétéravie, selon les autres, dans un petit village près de Francfort-sur-le-Mein, fit ses études de théologie à Wittenberg, et devint un des plus chauds partisans de Luther, qui conçut pour lui une véritable amitié. Il fut quelque temps prédicateur de l’électeur de Brandebourg, Joachim II ; mais, s’étant élevé contre les impôts que ce prince faisait payer au clergé de son électorat, déjà très-pauvre, il perdit sa place. Appelé successivement à divers emplois, dans des lieux différents, il en fut dépouillé par les protestants eux-mêmes ; mais alors de tels renvois n’étaient pas une honte ; un théologien se rendait dans une ville, y prêchait quelque temps, et la quittait bienlôt pour aller prêcher ailleurs, sans que sa réputation en reçût la moindre atteinte. En 1548, Alber était prédicateur à Magdebourg ; le refus qu’il fit d’accéder à l’intérim proposé par Charles-Quint aux protestants, le força de s’en éloigner ; il vécut simpe particulier à Hambourg, jusqu’en 1553 ; alors il fut nommé surintendant-général à Neubrandebourg, dans le Mecklenbourg, où il mourut le 5 mai de la même année. Son principal ouvrage est l’Alcoran des Cordeliers, traduit en français, à Genève, par Conrad Badius, sous ce titre : L’Alcoran des Cordeliers, tant en latin qu’en français, c’est-à-dire la mer des blasphèmes et mensonges de cet idole stigmatisé, qu’on appelle S. François, recueilli par le docteur M. Luther, du livre des conformités de ce beau S. François, imprimé à Milan, en 1510, et nouvellement traduit à Genève, par Conrad Badius, 1556. Alber n’avait effectivement fait qu’extraire et traduire en allemand le fameux ouvrage de Barthélemi Albizzi, de Pise (Voy. Albizzi.), intitulé : Liber conformitatum S. Francisci ad vitam Jesu Christi, où la vie et les miracles de S. François sont représentés comme fort supérieurs à ceux de Jésus-Christ. Luther ajouta une préface au livre de son ami ; et, comme Alber n’avait pas mis son nom sur le titre, Conrad Badius attribua l’ouvrage entier à Luther, et y ajouta, tant en marge qu’en notes, des passages assez plaisants. Cette traduction a eu plusieurs éditions : la 4e parut à Amsterdam, en 1734, avec des gravures de Bernard Picart, 3 vol in-12 ; le troisième est composé de la Légende dorée, ou Sommaire de l’Histoire des Frères mendiants de l’ordre de S. François (par Nic. Vignier, le fils). Alber a écrit des traites théologiques et 49 fables intitulées : Le Livre de la sagesse et de la vertu, Francfort-sur-le-Mein, 1579, in-8º, en vers allemands. La tournure satirique de son esprit perce dans tous ses ouvrages. G—t.


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