Biographie universelle ancienne et moderne/1re éd., 1811/Cyriaque-Pizzicolli

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CYRIAQUE-PIZZICOLLI, plus connu sous le nom de Cyriaque d’Ancône, naquit dans cette ville vers 1591. On l’avait destiné au commerce, et dans les voyages que ses affaires lui firent entreprendre en Sicile, en Dalmatie, à Constantinople et en Egypte, il profita de ses moments de loisir pour étudier le grec et le latin. Il eut pour cela rarement recours à des maîtres. Sa patrie l’avait nommé membre du conseil de ville. Il renonça à cet emploi et aux affaires pour consacrer tous ses moments à l’étude des monuments anciens. 11 avait recueille dans ses vovages précédents des inscriptions, des manuscrits, des antiques. Il continua à rassembler ces curiosités dans les voyages qu’il fit pour satisfaire son goût, et forma même le projet de pénétrer dans la haute Egypte et dans l’Éthiopie, mais il ne put l’effectuer. On sait qu’il était de retour en Italie et qu’il se trouvait à Ferrare en 1449, et, peu de temps après, il mourut à Crémone. P. Burmann et d’autres savants ont avancé, d’après le témoignage d’Apianus et d’Amantius , que Cyriaque avait fait ses voyages aux dépens du pape Nicolas V ; mais cette assertion est dénuée de fondement, il ne nous reste que des fragments de ce que Cyriaque avait écrit : I. Kyriaci Anconilati Itinerarium, nunc primùm ex manusscript. cod. in lucem erutum : editionem recensuit, animadversionibus ac prœfatione illustravit, nonnulisque ejusdem Kyriaci epistolis partìm editis, partìm ineditis locupletavit  Laur. Mehus, Florence, 1742, i vol. in-8o. Ce voyage consiste en une longue lettre sans date, adressée au pape Eugène IV, et écrite sans ordre ; elle n’a pas la forme d’un journal. Cyriaque se contente de faire une succincte mention de quelques objets qui l’ont frappé dans ses voyages, mais sans indiquer les années auxquelles ils ont eu lieu. Cette lettre n’est réellement curieuse que parce que Cyriaque y nomme beaucoup de savants qu’il a connus. Le style en est d’ailleurs souvent inintelligible. Les autres lettres, adresséees à différents personnages, contiennent quelques détails sur les voyages de l’auteur dans les pays situés à l’entrée du golfe Adriatique. On trouve aussi des lettres de Cyriaque dans le voyage en Toscane de Tozzetti. II. Epigrammata reperta per Illyricum, apud Liburniam, sive inscriptiones CCLXIX græccæ et latinæ in itinere per hanc regionem suscepto repertœ, in-fol. Cette édition, commencée par les soins du cardinal François Barberini l’ancien (mort en 1674), fut arrêtée à l’impression de la 34e page[1]. III. Inscriptiones et epigrammata gr. et lat., Rome, 1747, i vol. in-fol. Cyriaque y a, le premier, fait connaître ces anciennes constructions, connues sous le nom de Monuments Cyclopéens, et il en donne de bons dessins. IV. Fragmenta cum notis Pompeii Compagnonii, Pesaro, 1763, i vol. in-fol. On trouve dans les ouvrages de Cyriaque des citations de passages d’auteurs anciens qui sont évidemment fausses. Méhus pense que des imposteurs auront abusé de sa crédulité. Ces citations erronées l’ont sans doute fait accuser d’avoir aussi indiqué des médailles et des inscriptions imaginaires. Le Pogge et Prosper Marchand lui ont surtout amèrement reproché ce genre d’imposture. Méhus et Tiraboschi l’ont lavé de cette imputation, et ils ont prouvé que les personnages les plus doctes de son temps le regardaient comme très habile dans la connaissance des antiques ; que la p1upart des inscriptions qu’il avait citées, et sur lesquelles on avait élevé des doutes, avaient depuis été retrouvées par d’autres savants ; qu’il a pu commettre des méprises, parce qu’il ramassait probablement tout ce qui au premier coup-d’œil lui paraissait remarquable, mais qu’il n’a jamais eu l’intention de tromper. Le Pogge peut avoir eu des motifs de mécontentement contre Cyriaque. On sait que de leur temps les imputations calomnieuses étaient entre savants plus communes qu’elles ne le sont aujourd’hui, et malheureusement d’un plus grand poids jour le public. E—s.


  1. Fabric., Bibl. mod. et infim. lat., I, 1261.



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