Biographie universelle ancienne et moderne/2e éd., 1843/NICERON (Jean-Pierre)
Tome 30 page 430 à 431
NICERON (Jean-Pierre)
NICERON (Jean-Pierre), compilateur utile et
laborieux, naquit à Paris en 1685, de la même
famille que le précédent. Après avoir achevé ses
études avec succès, il entra dans la congrégation
des Barnabites, où il avait un oncle qui se chargea
de le diriger dans ce nouvel état. Il professa
pendant quelques années la rhétorique et les
humanités dans différents collèges, et s’appliqua
en même temps à l’étude des langues modernes.
Rappelé à Paris en 1716, il abandonna l’enseignement
pour se livrer tout entier à l’exécution
du projet qu’il avait conçu de publier les Vies
des savants depuis la renaissance des lettres.
Cette entreprise immense l’occupa le reste de sa
vie, qu’abrégea l’excès du travail. Il n’avait que
53 ans lorsqu’il mourut, le 8 juillet 1738. L’ouvrage
du P. Niceron est intitulé Mémoires pour servir à l’histoire des hommes illustres de la république des lettres, avec un catalogue raisonné de leurs ouvrages, Paris, 1727-1745, 43 vol. in-12 [1].
Le 10e volume, divisé en 2 parties qui se relient
séparément, et le 20e contiennent des corrections
et des additions pour les Vies déjà publiées, et
les derniers volumes (à commencer au 31e) referment
chacun la table alphabétique générale
de tous les articles contenus dans les volumes
précédents, table d’autant plus nécessaire que
l’auteur ne s’est assujetti à aucune espèce d’ordre.
Ou lui a reproché avec raison d’avoir donné
à sa volumineuse compilation un titre inexact,
puisque la plupart des écrivains qui y ont trouvé
place ne sont rien moins que des hommes illustres.
Il n’a pas su non plus conserver la proportion
entre ses notices, dont l’étendue est souvent
en raison inverse de leur véritable importance[2].
Mais, malgré ces défauts, on doit convenir que
l’ouvrage de Niceron est un des plus utiles qui
aient été publiés en France sur l’histoire littéraire. L’abbé Papillon n’a pas rendu à cet écrivain laborieux la justice qu’il mérite : « C’est,
dit-il, un plagiaire qui ne se met guère en
peine de nous ennuyer par des Vies que nous
trouvons tous les jours sous notre main. Il est
aisé de faire un in-12 à ce prix-là et de gagner
les cinquante écus qu’on lui paye par quartier. » (Lettre à Leclerc, dans les Mémoires de d’Artigny, t. 5, p. 394.) Niceron a tiré ses matériaux des ouvrages mêmes de chaque auteur ou des biographies les plus estimées de l’Allemagne et de l’Italie. Il cite à la fin de chaque article les sources où il a puisé, ce qui facilite la vérification, et il a eu soin de donner le catalogue de toutes les productions d’un auteur, en indiquant les différentes éditions et les traductions avec une exactitude minutieuse. Mais le plan qu’il avait adopté était trop vaste : les 43 volumes de ses Mémoires ne contiennent pas seize cents articles. Il mourut pendant l’impression du 39e. Le P.Oudin, J.-B. Michault et l’abbé Goujet publièrent les quatre derniers volumes, dans lesquels ils insérèrent plusieurs notices intéressantes (voy. MICHAULT, à la note). L’abbé Rives avait le projet de faire réimprimer les Mémoires de Niceron dans un meilleur ordre, avec ses propres corrections et celles de l’abbé Sepher. (Voy. la Chasse aux bibliographes, p. 454.)
Le P. Niceron a traduit de l’anglais :
1e le Grand Fébrifuge, ou Discours où l’on fait voir que l’eau commune est le meilleur remède pour les fièvres et vraisemblablement pour la peste, Paris, 1724 ; réimprimé sous le titre de Traité de l’eau commune, ibid., 1730, 2 vol. in-12. Cet ouvrage est de Jean Hanckock.
2e Les Voyages de Jean Ovington à Surate, 1724, 2 Vol. in-12 ;
3e la Conversion de l’Angleterre au christianisme, in-8° ;
4e les Réponses de Woodward aux observations de Camerarius sur la géographie physique (voy. WOODWARD).
Barbier lui attribue le premier volume de la Bibliothèque amusante et instructive, continuée par Duport du Tertre. Enfin il a laissé en manuscrit : une Table de tous les journaux ; - des Mélanges littéraires ; - une Bibliothèque volante (voy. CINELLI), - et les trois premières lettres de la Bibliothèque française, ouvrage dans lequel il se proposait de rassembler des notices sur tous les Français qui ont cultivé la littérature et les sciences avec succès. On peut consulter l’Eloge de Niceron, par l’abbé Goujet, dans le 40e volume des Mémoires. Il en a été tiré séparément quelques exemplaires, et on l’a réimprimé avec quelques additions dans le Dictionnaire de Chausepié.
- ↑ cet ouvrage a été traduit au allemand, avec quelques additions, au moins jusqu’au 24e volume ; les quinze premiers par Sigism. Jacq. Baumgarten, Halle, 1749-57, in 8° ; les six suivants par Fred. Eberhard Rambach, ibid, 1758-61 ; le 23e et le 24e par Th. de Jani, ibid., 1771-77.
- ↑ Les Vies de Bossuet de Fénelon n'occupent que quelques pages, tandis que celles de plusieurs théologiens obscurs remplissent un grand nombre de feuillets.