Biographie universelle ancienne et moderne/2e éd., 1843/PELLISSON-FONTAINIER (Paul)

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Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843
Tome 32 pages 413-417

PELLISSON-FONTAINIER (Paul)


PELLISSON-FONTAINIER (Paul), de l’Académie française, naquit à Béziers en 1624, d’une famille qui professait les principes de la réforme et se distinguait dans la robe. Sa mère, très-attachée au protestantisme et douée d’un esprit cultivé, lui communiqua de bonne heure et ses sentiments religieux et son goût pour les lettres. Pellisson reconnaissant joignit le nom de cette tendre institutrice à celui de son père. Nourri des plus belles productions de la littérature grecque, latine, espagnole, et du petit nombre d’ouvrages dont s’honorait jusqu’alors la langue française, il tourna son ambition vers la magistrature. La route lui était tracée par les exemples de ses ancêtres. Son bisaïeul, Raimond Pellisson, avait été ambassadeur en Portugal l’an 1536, et était mort premier président du sénat de Chambéry. Pierre, son aïeul, initié en Allemagne aux dogmes de la réforme, et attaché au conseil de Henri IV, encore simple roi de Navarre, avait été nommé par ce prince membre de la chambre de l’édit à Castres, où les protestants siégeaient en nombre égal à côté des juges catholiques [1]. Son père, Jean-Jacques Pellisson, était conseiller en cette même chambre de l’édit, et on lui devait un estimable abrégé des arrêts de Maynard [2]. Le jeune Paul, assis à peine depuis quelques mois sur les bancs de l’école de droit de Toulouse, voulut écrire aussi sur la jurisprudence ; il publia en 1645 une paraphrase latine du premier livre des Institutes, laquelle ne se ressentait point de la rapidité d’une étude qu’on devait croire nécessairement superficielle. Il commençait à justifier au barreau de Castres les espérances qu’il avait fait concevoir, lorsque la petite vérole le rendit méconnaissable à ses amis eux-mêmes, et le força de se retirer à la campagne pour rétablir une constitution ébranlée. Pellisson avait pour compagnon de sa retraite un rêveur dauphinois nommé Villebressieux ; et il traduisit plusieurs chants de l’odyssée pour complaire à ce bonhomme, qui s’attendait à y trouver quelques données sur la pierre philosophale. Les lettres lui étaient devenues plus chères ; il prit la résolution de se fixer à Paris, où déjà quelques voyages l’avaient mis en liaison avec plusieurs gens de lettres accoutumés à se réunir chez Conrard, secrétaire de l’Académie française, son coreligionnaire et son ami. Une relation qu’il publia sur l’établissement de l’Académie et sur ses premiers travaux fut accueillie avec une faveur extraordinaire par cette compagnie au berceau. Dans l’impossibilité où il se voyait d’admettre son panégyriste parmi ses membres dont le corps était limité, ce corps savant le déclara surnuméraire ; et, mettant a l’écart toute concurrence, le désigna pour la première place qui viendrait à vaquer. Pellisson ne fut pas moins heureux dans les sociétés particulières, où il acquit une foule d’amis. La plus intime de ces liaisons fut celle qu’il contracta avec mademoiselle de Scudéri. Leur commerce n’excita point les soupçons de la médisance : l’amitié ne pouvait s’égarer auprès de mademoiselle de Scudéri, privée des agréments de son sexe ; et de son côté, Pestisson, suivant l’expression de Guilleragues, répétée par madame de Sévigné, abusait de la permission qu’ont les hommes d’être laids. Il figura, sous les noms d’Acante et d’Herminius, dans les romans de son amie. Cependant Pellisson ne négligeait point sa fortune ; il avait acheté une charge de secrétaire du roi et fait preuve d’une grande aptitude pour les affaires. Fouquet le choisit pour son premier commis, se reposa sur lui en grande partie du fardeau des finances, et lui fit délivrer en 1660 des lettres de conseiller d’État. L’année suivante on fit le procès au surintendant ; Pellisson fut enveloppé dans sa disgrâce. Fidèle au ministre déchu, il ne trahit point sa confiance. Enfermé à la Bastille, il oppose une fermeté inébranlable à toutes les tentatives employées pour lui arracher les secrets dont on le croyait dépositaire ; et il sortit de tous ses interrogatoires sans avoir donné prise à l’accusation. À l’une des séances où il fut confronté avec Fouquet, il lui communiqua la sécurité sans laquelle celui-ci risquait de se perdre : « Monsieur, lui dit-il, si vous ne saviez pas que les papiers qui attestent le fait dont ou vous charge sont brûlés, vous ne le nieriez point avec tant d’assurance. » Fouquet, averti par là que des pièces redoutables pour lui avaient été soustraites, tint ferme et ne put être convaincu. Pellisson était encore pour le surintendant l’homme nécessaire. On surprit un de ses billets, par lequel il conseillait à Fouquet de ne se défaire jamais de sa charge de procureur général. Louis XIV, en étant informé, s’écria que le commis en savait plus que le maître. Dans l’espoir de profiter de quelques paroles échappées par imprudence, on mit Pellisson en présence d’un Allemand grossier, réputé prisonnier comme lui, mais destiné réellement à épier ses discours. Pellisson le devine, met dans ses intérêts ce méprisable agent : par son moyen il correspond régulièrement avec mademoiselle de Scudéri, en même temps qu’il compose, pour la défense de Fouquet trois mémoires qui sont restés son chef-d’œuvre. L’apparition de cette éloquente apologie irrita de plus en plus Louis XIV. L’ordre fut donné de traiter le prisonnier avec la dernière rigueur : on lui interdit l’encre et le papier ; on ne laissa plus à sa disposition que les ouvrages des Pères de l’Église et quelques livres de controverse. L’idée lui vint d’écrire sur les marges des livres qu’on lui prêtait avec le plomb des vitres, ou avec une encre formée de croûtes de pain brûlé, qu’il faisait délayer dans quelques gouttes du vin qu’on lui servait. C’était le seul moyen qu’il eût de traduire sa pensée. La société d’un Basque stupide et les sons monotones d’une musette lui offraient une faible distraction contre l’ennui de la solitude. Pellisson sut se procurer un nouvel hôte. Il aperçut une araignée qui tendait sa toile dans un soupirail par lequel sa prison recevait le jour, et résolut de l’apprivoiser. Pendant que le Basque jouait de son instrument, il plaçait des mouches sur le bord du soupirail : l’insecte invité s’enhardit à venir chercher cette proie. Pellisson éloigna insensiblement l’appât du gîte de l’araignée ; et, au bout de quelques mois, elle se familiarisa tellement avec le son de la musette, qu’elle partait au signal et courait saisir une mouche à l’extrémité de la chambre, et jusque sur les genoux du prisonnier [3]. D’autres consolations pénétrèrent dans sa triste demeure. Les applaudissements que le public donnait à sa conduite venaient le fortifier contre les chagrins de sa situation. L’intérêt qu’inspirait la haute infortune de Fouquet se réfléchissait sur son confident courageux et persécuté. Aussitôt que Pellisson cessa d’être sous le poids du secret, Montausier, les ducs de St-Aignan, de la Feuillade, et d’autres personnages d’un rang illustre s’empressèrent de le visiter. Les gens de lettres lui transmirent les témoignages de leur estime. Tanneguy Lefèvre lui dédia son Lucrèce et sa traduction du traité de Plutarque sur la superstition. De nouveaux amis joignirent leurs efforts aux sollicitations de ceux auxquels il était cher depuis longtemps, et leurs démarches persévérantes lui obtinrent enfin sa liberté. Louis XIV, revenu de ses préventions et ne se souvenant plus que de la capacité qu’il avait reconnue dans l’ami de Fouquet, désira lui rouvrir la carrière administrative. On a même assuré qu’instruit des dispositions que manifestait Pellisson d’embrasser la foi catholique, il lui fit pressentir, comme une récompense de son retour à l’Église, l’honneur d’être nommé précepteur du Dauphin. Pellisson conservait encore des doutes ; il voulut s’éclairer davantage, et ne se détermina qu’on 1670 à changer de religion. Les créatures des ministres qui s’étaient réjouis de la disgrâce de Fouquet ne pardonnèrent point à Pellisson son généreux dévouement. Madame de Maintenon elle-même, pour laquelle il s’était employé à obtenir une pension de cinq cents écus, dans un temps où, épouse résignée du fameux cul-de-jatte, elle n’était pas à l’abri de la misère ; madame de Maintenon ne montra jamais aucune bonne volonté pour lui ; aussi termine-t-il une lettre qu’il lui adresse par cette formule : Votre très-oublié serviteur. Pellisson était demeuré cinq ans à la Bastille, et y avait sacrifié cinquante-quatre mille francs de sa fortune. Il consacra le souvenir de sa délivrance en brisant tous les ans à pareille époque les fers de quelques malheureux. Louis XIV voulut qu’il l’accompagnât dans sa première expédition en Franche-Comté. Pellisson écrivit la relation de cette rapide conquête ; et le roi en fut si content, qu’il choisit l’auteur pour rédiger l’histoire de son règne, et lui assigna une pension de six mille francs. Une seule considération, l’attachement de l’heureux historiographe à la communion protestante, pouvait nuire à son crédit dans l’esprit du monarque : il la fit disparaître en abjurant entre les mains de Gilbert de Choiseul, évêque de Comminges, élevé depuis au siège épiscopal de Tournai. Ceux dont il abandonnait la cause et les ennemis de sa prompte fortune attribuèrent son changement à des vues ambitieuses ; mais la candeur et le zèle du nouveau converti doivent faire pencher vers l’opinion de sa bonne foi. Lorsqu’il marchait encore sous la bannière de Calvin, il avait montré, en fondant à Pézénas un service annuel en mémoire du poëte Sarrazin son ami, qu’il ne tenait plus que faiblement aux préjugés de son éducation. Peu de temps après il fut ordonné sous-diacre, et pourvu de l’abbaye de Gimont et du prieuré de St-Orens, deux bénéfices situés dans le diocèse d’Auch, et produisant ensemble quatorze mille livres de revenu. Pellisson devint successivement économe du clergé de St-Germain des Prés et de St-Denis. Le roi, ayant consacré le tiers du produit des économats à la conversion des hérétiques, lui confia l’administration de cette caisse. Organiser des bureaux de prosélytisme, inviter les évêques à faire leur cour au monarque en lui envoyant des listes nombreuses de convertis, faciliter ce résultat par des indemnités pécuniaires en faveur des nouveaux catholiques déshérités par leurs parents, et recevoir les actes des ah jurat sons : te les étaient les fonctions de l’espèce de ministère dont Pellisson était chargé. Il paraît que, pour étendre les conquêtes de la croyance qu’il avait embrassée, il fournit les fonds à pleines mains, et reproduisit les traces de la comptabilité désordonnée de Fouquet : du moins la tradition conservée dans les bureaux des économats ne lui est pas favorable. Il n’oublia point les intérêts des lettres, et fonda un prix de poésie de la valeur de trois cents livres à décerner par l’Académie française. C’est à ses démarches auprès du roi que l’académie de Soissons dut son établissement. Il continua de suivre Louis XIV dans ses campagnes, pour recueillir par ses propres yeux les faits qu’il devait transmettre à la postérité ; mais desservi par madame de Montespan, à laquelle il avait fait perdre au conseil d’État un procès dont il était rapporteur comme maître des requêtes, il vit passer entre les mains de Boileau et de Racine son privilége d’historiographie du roi. Cependant Louis, flatté de l’idée de laisser plus d’un monument historique élevé à sa gloire, lui ordonna de continuer séparément son travail. Si le dépit ralentit d’abord le zèle de l’écrivain, l’aiguillon d’une noble concurrence dut réveiller son talent. Son ouvrage resta néanmoins imparfait ; et le public ne connut du travail de ses rivaux que d’informes linéaments ou des fragments trop faibles pour exciter des regrets. Pellisson n’avait pas besoin de ce motif pour être indisposé contre Boileau. Ce poëte, rappelant les succès galants de Fouquet, que les femmes ne pouvaient trouver beau, mais qu’elles trouvaient magnifique, avait encadré à la suite le nom de Pellisson. Il avait dit dans sa huitième satire :

Jamais surintendant ne trouva de cruelles ;
L’or même à Pellisson donne un teint de beauté ;
Mais tout devient affreux avec la pauvreté.

Pellisson se plaignit d’être représenté comme le type de la laideur. Le satirique changea son hémistiche en substituant l’or même à la laideur : l’offensé murmura encore, mais ne put obtenir une correction plus complète. Dans son ressentiment, il appuya de sa voix les auteurs trop susceptibles qui se forçaient de décrier Boileau dans l’esprit de Montausier, et redoubla d’instances auprès de ce personnage sévère pour que l’on refusât le privilége nécessaire à l’impression de l’Art poétique. Des démarches plus honorables l’occupèrent bientôt : il entra en lutte avec Leibniz sur la grande question de la tolérance religieuse, et seconda Bossuet dans la négociation entamée avec le philosophe allemand pour la réunion des Eglises dissidentes. Les hors-d’œuvre de la discussion derrière lesquels se retranchait Leibniz semblaient annoncer un dessein bien différent du résultat qu’on mettait en avant. En effet, son but était d’obtenir, à la faveur de ces rapprochements, la liberté de conscience, et tandis qu’il ne pouvait avoir en vue que d’amuser les théologiens, il comptait sur la toute-puissance de Louis XIV pour l’accomplissement de son vœu chéri : c’est ce qu’insinuent les termes de sa seconde lettre à madame Briuon (voy. éd. de Dutens, t. 5, p. 558). Pellisson mettait la dernière main à un Traité de l’Eucharistie, contre Aubertin, lorsqu’il fut emporté par une maladie précipitée, le 7 février 1693. La promptitude de sa mort l’empêcha de recourir aux sacrements ; mais il avait communié quelques jours auparavant, et, le jour même où il expira, il devait être entendu par son confesseur. La malveillance et l’esprit de secte ne manquèrent pas de répandre qu’il avait emporté dans la tombe des sentiments d’indifférence pour le culte dont il avait été un laborieux propagateur. Le chansonnier Linière, écho de ce bruit calomnieux, composa l’épigramme suivante :

Je ne jugerai de ma vie
D’un homme avant qu’il soit éteint :
Pellisson est mort en impie,
Et la Fontaine est mort en saint.

Le témoignage de ceux qui environnèrent Pellisson dans ses derniers moments vengea sa mémoire de l’accusation dont on cherchait à la flétrir, et Bossuet, dans une lettre publique à mademoiselle de Scudéri, prit soin, lui-même, de justifier ses sentiments religieux [4]. Pellisson fut extrêmement regretté : l’aménité de son commerce et ses qualités solides inspiraient l’attachement à un plus haut degré que la considération. « Il est bien laid, disait madame de Sévigné ; mais qu’on le dédouble, et l’on trouvera une belle âme. » Il n’eut rien des qualités d’un écrivain remarquable ; mais il mérita la haute estime que ses contemporains accordèrent à l’élégance de son style, estime qui n’a pu se soutenir et passer jusqu’à nous, quand les richesses de la littérature ont rendu nécessairement le goût dédaigneux. Son style, à travers sa noblesse étudiée, n’est pas exempt de négligences et de constructions embarrassées ; la continuité de ses longues périodes est fatigante et messied surtout à l’histoire, genre auquel il s’est principalement appliqué. D’ailleurs, il n’a aucune force d’imagination : c’est toujours la manière uniforme et froide d’un rhéteur qui domine dans ses pages. Sa réputation était encore respectée lorsque Voltaire lui donna une place dans le Temple du goût : les juges difficiles l’y maintiendront, au moins en considération d’un de ses ouvrages : nous voulons parler des Discours au roi en faveur de Fouquet, tribut d’amitié au-dessus de toute comparaison avec les productions juridiques de cette époque. Dans cette discussion lumineuse, toujours directe et sans digression, le style est noble, abondant, animé par un pathétique naturel, et rarement mêlé de négligences. L’orateur, sans rien relâcher de la justice de sa cause, incline à la clémence l’amour-propre du monarque par des tournures adroites ; la clarté, l’agrément même qu’il répand sur des détails de finance, la force avec laquelle il s’élève contre les jugements par commissaires, constamment odieux à la nation, découvrent son intention d’être entendu, d’être appuyé par l’opinion publique, laquelle ne laisse point de plaider éloquemment dans les temps où elle n’est pas encore une puissance. Ces discours ont été réimprimés en 1805, avec deux harangues académiques et quelques autres morceaux de faible prose, sous le titre d’Œuvres choisies de Pellisson, 2 vol. in-12, par les soins de Désessarts. Voici la liste des ouvrages de Pellisson : 1º Histoire de l’Académie française jusqu’en 1652, Paris, 1653. in-8o. Trop de vétilles, peu de critique et de discernement dans la louange, une diction parfois triviale et incorrecte, et de nombreuses inexactitudes, déparent cet écrit. L’auteur ne prit pas même la peine de le retoucher dans les éditions subséquentes. Les meilleures sont celles de 1730 et de 1743, 2 vol. in-12, contenant la continuation par d’Olivet, et les notes où cet académicien relève les fautes ou les omissions de son prédécesseur. Dans plusieurs éditions, l’on a réuni à l’histoire de l’Académie le fameux panégyrique de Louis XIV, prononcé en 1671 par Pellisson, et traduit en anglais, en italien, en espagnol, en latin et même en arabe (voy. Pétis de la Croix). 2º Abrégé de la Vie d’Anne d’Autriche, en forme d’épitaphe, Paris, 1666, in-4o. 3º Histoire de Louis XIV, publiée en 1749, par l’abbé Lemascrier, 3 vol. in-12. Les faits y sont groupés avec ordre ; la narration a de l’agrément. L’auteur s’est attaché à éviter cette monotonie qui rend si fastidieuses tant d’histoires modernes : il traite avec soin la partie politique ; mais il n’a pas toujours su donner du mouvement aux formes de son style ; il n’a pas assez observé la différence qui existe entre le fond d’une histoire et les détails des mémoires particuliers, et l’on désirerait qu’il eût sacrifié des particularités et des noms qui n’étaient pas faits pour passer des gazettes à la postérité. D’ailleurs on est en droit de se défier d’une histoire écrite sous l’influence d’une admiration sans bornes, et dont le héros lui-même entendit partiellement la lecture. Cet ouvrage, qui commence à la paix des Pyrénées, ne s’étend que jusqu’en 1672, car un dixième livre qui conduit les événements jusqu’à la paix de Nimègue, en 1678, a été mal à propos ajouté par l’éditeur comme appartenant à Pellisson, sous le nom duquel il avait d’abord été publié en 1730. La différence du style et l’origine du manuscrit, qui provenait des papiers de Valincour, ne permettent pas de douter que ce précis fut composé par Racine, sous le nom duquel il parut pour la première fois en 1784. La relation de Pellisson sur la conquête de la Franche-Comté se retrouve imprimée à part dans le 7e volume des Mémoires de littérature de Desmolets. 4º Lettres historiques et opuscules, 1729, 3 vol. in-12. Les premières roulent sur les campagnes et voyages du roi, de 1670 à 1688 ; les secondes consistent en petits morceaux de circonstance qui remplissent 28 pages. Un choix de ces Lettres a été publié par M. Campenou, à la suite des Lettres choisies de Voiture, etc., 1806, 2 vol. in-12. 5º Réflexions sur les différends en matière de religion, 1686 et années suivantes, 4 vol. in-12. Ce recueil, recommandable par la netteté d’exposition, renferme les objections tant de fois présentées contre le principe de la réforme, des réponses à Jurieu, et la correspondance de Pellisson avec Leibniz. 6º Traité de l’Eucharistie, 1694, in-12 ; 7º Prières ou St-Sacrement de l’autel, pour chaque semaine de l’année, avec des méditations sur divers psaumes, 1734, in-18 ; 8º Prières sur les épîtres et évangiles de l’année, 1734, in-18 ; 9º Courtes prières pendant la messe, in-18, qui eut un cours prodigieux. On peut rapprocher ces livres ascétiques des Prières de Sanadon et des effusions de Laharpe éclairé par la grâce. 10º Préface des Œuvres de Sarrazin, extrêmement vantée dans le cercle de mademoiselle de Scudéri. Pellisson s’était élevé contre les longues préfaces : pour se sauver de la contradiction où le mettait celle-ci, il dit qu’il en était des préfaces faites pour des amis comme des pompes funèbres, qu’on devait négliger pour soi-même, et dont il fallait prendre soin pour autrui. 11º Pellisson figure dans la foule des versificateurs que deux ou trois morceaux ingénieux n’arrachent point à leur obscurité. Il composa des poésies morales et chrétiennes, et un plus grand nombre de pièces galantes. Ces dernières, mêlées aux Œuvres non moins médiocres de la comtesse de la Suze, 1695, 4 vol. in-12, furent réimprimées à Trévoux en 1725. Pellisson y célèbre, sous le nom d’Olympe, cette demoiselle Desvieux qui subjugua Bossuet adolescent, et fut, dit-on, sur le point de l’enlever à l’Église, par une union qu’ils désiraient tous deux. L’abbé Souchay a recueilli, sous le titre d’Œuvres diverses de Pellisson, les poésies, les discours et quelques autres pièces de cet académicien, Paris, 1739, 3 vol. in-12. On a encore attribué à Pellisson une relation latine de l’état de la religion en 1682. Son portrait se trouve dans le Recueil d’Eloges de Perrault. — George Pellisson, frère aîné de Paul, était un homme d’esprit, d’un caractère singulier et difficile. Il avait formé à Castres une académie mélangée de catholiques et de protestants ; il vint ensuite à Paris, où il vécut dans une solitude studieuse jusqu’en 1677. Il est auteur d’un Mélange ds divers problèmes sur plusieurs choses de morale et astres sujets, 1647, in-12. Il y agite assez mal le pour et le contre. — Jean Pellisson, principal du collége de Tournon, est auteur d’un Eloge latin du cardinal de Tournon, Lyon, 1534, et d’un Abrégé de la grammaire latine de Despautère, ibid., 1530, in-12. F—t.

  1. Il passait, suivant Borel, pour le meilleur joueur d’échecs de son temps. On le croit auteur du Mémoire et recueil de l’origine, alliance et succession de la royale famille de Bourbon, etc., la Rochelle, 1587, in-8º, que d’autres attribuent à P. de Belloy, avocat général au parlement de Toulouse.
  2. On trouve d’amples détails sur cette famille dans le Trésor des recherches de P. Borel, au mot Glouper. « J’en dirais davantage, ajoute-t-il, si Jean Posselius n’avait fait un livre des louanges de Raimond Pellisson et de la ville de Chambéry, imprimé à Lyon, chez Gryphius. « C’est par faute d’impression que, dans l’édition de Borel donnée en 1750 par Jault (à la suite du Menage, in-fol.), on lit, page 109, Jean Pellisson au lieu de Jean Posselius. Le livre de ce dernier, intitulé Oratio da Reimondi Pellisonis ac urbis Camberii laudibus, Lugd. apud Gryph., est cité par Draud. dans sa Bibl. classica, imprimée en 1625 (p. 1291), mais il n’en indique pas la date ni le format.
  3. Ce fait, embelli par Delille, forme un épisode du sixième chant de l’Imagination.
  4. Voy. sur la mort de Pellisson, et sur un passage de l’Histoire de Louis XIV, par le sieur de Riencourt, catholique, correcteur des comptes, les Grands hommes vengés, par Dessablons, t. 2.