Biographie universelle ancienne et moderne/2e éd., 1843/PLATON (Pierre Befchin, plus connu sous le nom de)

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Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843
Tome 33 page nnn

PLATON (Pierre Befchin, plus connu sous le nom de)


PLATON (Pierre Befchin, plus connu sous le nom de), prélat russe, né le 29 juin 1737 dans les environs de Moscou, au village de Tschaschnikova, dont son père était le curé, fut destiné de bonne heure à la prêtrise et envoyé au séminaire de Levschine, où il fit des études solides et suivies. Dès l’âge de dix-sept ans il les avait achevées, et il ouvrit à Moscou un cours de poésie russe. En même temps il enseignait le catéchisme et prêchait dans les principales églises ; ce qui lui fit une grande réputation. Ayant ensuite embrassé l’état monastique dans un ordre religieux consacré à l’enseignement, il fut d’abord préfet du séminaire, puis recteur et maître en théologie. Les leçons qu’il donna en cette qualité furent aussi remarquables par une brillante élocution que par la force et la profondeur des pensées. L’impératrice Catherine II, l’ayant distingué, l’appela aux fonctions épiscopales et le chargea du discours par lequel elle voulut que fùt célébrée la mémorable victoire de Tschesmé, où la flotte turque avait été complètement détruite. Platon se surpassa encore dans cette occasion. Voltaire, à qui son discours fut communiqué par la princesse Daschkoff, en parle avec enthousiasme dans une lettre à Catherine. « Ce discours, dit le philosophe courtisan, prononcé devant le tombeau de Pierre le Grand, adressé au fondateur de Pétersbourg et de vos flottes, est, à mon gré, un des plus beaux monuments qui soient dans le monde. Je ne crois pas que jamais aucun orateur ait eu un sujet aussi heureux. Le Platon des Grecs n’en traita point de pareil. Je regarde celle cérémonie auguste comme le plus beau jour de votre vie. Je dis de votre vie passée ; car je compte bien que vous en aurez de plus beaux encore. Puisque vous avez déjà un Platon à Pétersbourg, j’espère que MM. les comtes Orloff vont former des Miltiade et des Thémistocle en Grèce… » Peu de temps après qu’il se fut illustré par cette belle oraison, Platon devint archevêque de Tver, puis bientôt de Moscou, et à la même époque il fut chargé de l’instruction du jeune grand-duc qui devait régner sous le nom de Paul Ier et qui reçut de ses mains le diadème impérial. C’était encore lui qui devait sacrer son successeur, l’empereur Alexandre Ier. Le discours qu’il prononça dans cette dernière circonstance, le 15 septembre 1801, n’est pas moins remarquable que ceux qui l’avaient précédé par une éloquence courageuse et qu’avec quelque raison on a comparée à celle de Bossuet. Ce digne prélat continua d’illustrer le règne d’Alexandre jusqu’à l’époque de sa mort, qui eut lieu le 11 novembre 1812. Platon ne se distingua pas seulement par sa piété et son éloquence, il composa encore un grand nombre d’ouvrages religieux qui sont très-répandus en Russie et qui y forment les premiers éléments de toute bonne éducation. Voici la liste des principaux dont la collection complète a paru à Moscou en 20 volumes de 1779 à 1807, non compris 2 volumes qui parurent séparément plus tard. 1° Sermons, allocutions, discours de compliment, etc.. occupant 16 volumes dans l’édition complète. On y remarque surtout, comme nous venons de le dire, sa Harangue en mémoire de la victoire de Tschesmé, ainsi que son Discours de couronnement d’Alexandre 1er . 2° Exhortation adressée aux raskolniks ou hétérodoxes, rédigée par ordre supérieur en 1766 et incorporée au volume 6 ; 3° Instructions pour les inspecteurs ecclésiastiques, Moscou, 1775, 1ère édit. ; 4° Catéchisme abrégé pour les enfants ; 5° Catéchisme abrégé pour les prêtres ; 6° Doctrine orthodoxe, ou Compendium de la théologie chrétienne, rédigé à l’usage du grand-duc Paul Pétrovitche (qui fut plus tard l’empereur Paul 1er ), St-Pétersbourg, 1765. Cet ouvrage fut traduit en latin, allemand, anglais, français, grec, arménien et géorgien. 7° Catéchisme, ou Première instruction dans la religion chrétienne, manuel rédigé pour les académies ecclésiastiques d’après des leçons publiques faites à celle de Moscou de 1753 à 1756. 2 vol. ; 8° Biographie de St-Serge, thaumaturge de Radom ; 9° Abrégé de l’histoire ecclésiastique russe, 2 vol., Moscou, 1805 ; 10° Mémoires d’un voyage à travers les gouvernements de Petite Russie et de Russie Blanche jusqu’à Kiew, en 1804.

M-Dj et R-L-N.


PLATOU (Louis-Stoud), géographe et littérateur norvégien, né le 28 mars 1778 à Slagelse. mort à Christiania le 30 novembre 1833. Après avoir enseigné l’histoire et la géographie a l’école des cadets et à l’université de Christiania, de 1811 à 1817, il devint membre du storthing, et plus tard secrétaire du gouvernement norvégien. Il a publié :

1e Courte géographie pour les écoles maternelles, (en danois), Copenhague, 1803 : 2e édition avec Kierulf, ibid., 1805 ; 4e et suivantes par Rabbek, 1809, 1810 et 1811 ; les dernières, depuis la 7e, 1813, jusqu’à la 17e, par Samme, 1842. Ce livre utile fut traduit dans le dialecte norvégien, Christiania, 1831, et en islandais, Videy, 1843.

2e Chrestomatio danoise pour la lecture et la déclamation, Christiania, 1806 ; 3e édit., 1827 ;

3e Revue historique des événements de Norvège et de la guerre de sept ans dans le Nord, ibid., 1808 ;

4e Manuel de géographie, en trois parties, ibid., 1809 et 1812 édit., 1819-1820 ;

5e Géographie de Danemark et Norvège, ibid., 1819 ;

6e Extraits du Manuel de géographie, ibid., 1810 ; 10e édit.. 1837 ;

7e Sur les fêtes nationales norvégiennes, ibid., 1812 ;

8e Manuel d’histoire par E. Munthe, retouché par Platou, ibid., 1823 : 2e édit., 1830 ;

9e Extraits de l’histoire des royaumes scandinaves, ibid., 1825 ;

10e Manuel de l’histoire des États de l’antiquité, ibid., 1830 ;

11e ouvrages d’Enevold Falser, publiés par Platou, 2 vol., ibid., 1821. Platou a rédigé en chef le journal intitulé Budstikken, ibid., 1808-1813, 1814, 1817-1821.

Dans le Minerve il a, en 1801 et 1803, inséré des articles esthétiques sur l’antique mythologie du Nord et les rimes de cette poésie : puis des poèmes dam la revue le Jour en 1813) et dans Nor. Etrennes pour 1813 ; enfin des articles économiques sur le sel, etc., dans les Collections historiques et philosophiques de la Société royale de Norvège, t. 4.

R.-L.-N

PLAUTE (Marcus-Accius-Plautus), poète comique latin, naquit à Sereine en Ombrie ; Festus et St-Jérôme le disent. On a fixé sa naissance à l’an 224 avant J.-C. ; cette date n’est pas très-sûre ; car en l’admettant il faut supposer que Plaute n’a pas vécu plus de quarante ans ; qu’il n’en avait que dix-sept lorsqu'il fit ses premières comédies, et vingt et un quand déjà il avait acquis une réputation brillante. Des succès si précoces sont pourtant possibles ; et ceux qui les tiennent pour certains en concluent que ce poète avait reçu une très-bonne éducation ; que par conséquent il n’était pas né dans l’esclavage, comme on l’a prétendu. Ce qui est incontestable, c’est que vers la fin de la seconde guerre punique, aux années 207, 206 et 205 avant l’ère vulgaire, on représentait plusieurs de ses pièces qui obtenaient des applaudissements unanimes. Il brillait au théàtre en même temps que Caton à la tribune ; c’est Aulu-Gelle qui fait ce rapprochement. Il parait que les productions dramatiques de Plaute lui avaient été fort lucratives ; mais il se mêla de négoce, y perdit sa fortune, et revint à Rome se mettre au service d’un boulanger ; il se vit même, selon Varron cité par Aulu-Gelle, obligé de tourner la meule. Ce fait, dont on voudrait douter, n’est pas moins attesté que beaucoup d’autres généralement accrédités dans l’histoire littéraire : les auteurs qui nous l’apprennent ajoutent que Plaute continua, dans son moulin, de composer des comédies. Le surnom d’Asinius lui a été quelquefois donné à cause de ce déplorable service, auquel on suppoaait qu’il s’était vu réduit. Ce surnom pourrait bien étre purement imaginaire ; et quand Festus, grammairien du 4e siècle, dit qu’on l’appela Plotus, depuis Plautus, parce qu’il avait les pieds plats, cette étymologie est aussi très-hasardée : elle n’est indiquée par aucun des écrivains antérieurs à Festus qui ont parlé de Plaute. Mais la date de la mort de ce poète nous est fournie par Cicéron, qui la fixe au consulat de Claudius. Pulcher et de Porcius (l’an 184 avant notre ère). Térence avait alors neuf ans. On cite comme ayant été composés par Plaute, pour étre inscrits sur sa propre tombe, des vers qui disent que depuis sa mort la scène est déserte ; la Comédie éplorée ; les Jeux, les Ris, la Poésie et la Prose inconsolables. Sans l’autorité de Varron, Aulu-Gelle douterait de l’authenticité de ces vers, dont nous ne sommes pas très-sûrs d’avoir le véritable texte ; car dans les Nuits attiques ce sont trois vers hexamètres, et ailleurs quatre iambiques. Plaute n’avait pas besoin de se louer si pompeusement lui-même ; les auteurs latins des âges suivants lui ont rendu assez d’hommages. Varron répète, après Stolon, que les muses emprunteraient la voix de ce poète si elles voulaient parler latin ; éloge au moins exagéré et qui a fort scandalisé Muret, selon lequel le langage de Plaute conviendrait mieux à des courtisanes qu’aux chastes nymphes du Parnasse. Cicéron, quoiqu’il n’en dise pas tant que Stolon, trouve néanmoins de l’urbanité, de l’esprit, de la grâce même dans les plaisanteries de l’auteur comique. Horace, en le jugeant avec plus de rigueur, nous apprend qu’il avait été longtemps admiré. Quintilien, aux yeux duquel la comédie latine est restée inférieure à la grecque (in comedia maxime claudicamus), ne connaît pas d’essais plus heureux, plus honorables que ceux de Plaute. Volcatius Sédigitus, qui, dans Aulu-Gelle, distribue à dix poètes comiques latins les places dues à leurs talents, assigne la première à Caecilius, la deuxième à Plaute, et la sixième seulement à Térence. Sans doute ceux qui attachaient un très-haut prix à la pureté et à l’élégance du style pouvaient contredire cette opinion ; mais elle devait avoir pour partisans ceux qui voulaient, par-dessus tout, qu’une comédie les divertit. Aulu-Gelle, en son propre nom, comble d’éloges l’auteur de l’Amphitryon, de l’Avare et des Ménechmes ; il l’appelle l’honneur de la langue latine ; Macrobe l’égale à Cicéron ; St-Jérôme retrouve dans ses comédies le plus piquant atticisme ; il avoue qu’il a du plaisir à les lire et à les expliquer aux enfants. Quelques modernes, Erasme, Jules Scaliger, Muret, comme on vient de le voir, Rapin, et surtout Laharpe se sont montrés plus difficiles. Laharpe