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Biographie universelle ancienne et moderne/2e éd., 1843/SPENER (Philippe-Jacques)

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Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843
Tome 40 page 33 à 37

SPENER (Philippe-Jacques)


SPENER (Philippe-Jacques), un des plus célèbres docteurs de l’Église protestante dans le 17e siècle, est regardé comme le fondateur de la secte appelée des piétistes. Son père, originaire de Strasbourg, était conseiller au service du dernier comte de Ribeaupierre, en Alsace. Il naquit le 13 janvier 1635, à Ribeauviller, chef-lieu de cette petite souveraineté, et reçut par les soins du chapelain une éducation littéraire très-distinguée. Un événement fort simple frappa vivement son imagination, à l’àge de treize ans et y laissa une impression qui ne s’effaça jamais. Dans un précis de sa vie, rédigé par lui-même, qu’on trouva parmi ses papiers après sa mort, il raconte qu’à cette époque il fut appelé au lit de mort de la comtesse douairière de Ribeaupierre, qui, l’ayant tenu sur les fonts baptismaux, l’aimait d’une tendresse de mère et s’était beaucoup occupée de son éducation. Cette dame fit un effort inutile pour lui parler ; mail il crut entendre par ses mouvements qu’elle voulait l’exhorter à rester fidèle aux principes qu’elle lui avait inspirés. Dans ce moment solennel, le jeune homme prit avec lui-même l’engagement de consacrer toute son existence au service de Dieu. Cette disposition fut nourrie en lui par la lecture assidue de la Pratique de piété de Thomas Bailey, dont il traduisit divers passages en vers allemands. A l’âge de quinze ans, il fut envoyé au gymnase de Colmar pour y continuer ses études, et, après y avoir passé une année, il fut jugé capable de fréquenter l’université de Strasbourg, où il se livra à l’étude de la théologie. Cette ville possédait deux célèbres professeurs, Sébastien Schmidt et Jean-Conrad Dannhauer, l’un et l’autre zélés luthériens et ennemis fanatiques du système calviniste, qu’on appelle en Allemagne réformé. Tout en suivant les cours de ces maîtres, Spener ne négligea pas de se perfectionner dans les langues anciennes ; il s’appliqua aussi avec zèle à l’hébreu et, ce qui était rare alors, à l’arabe. Les diverses branches de philosophie l’intéressaient vivement ; il lut à plusieurs reprises l’ouvrage de Grotius sur le droit de la guerre et de la paix. Enfin il s’occupa avec une prédilection marquée de l’histoire de sa nation, où il devait un jour frayer de nouvelles routes. Après avoir soutenu une dissertation contre les erreurs de Hobbes, il prit, à l’âge de dix-huit ans, les grades académiques en philosophie et fut nommé, en 1654, instituteur de deux princes de Birkenfeld, avec lesquels il revint à Strasbourg, où il passa deux années. Le père de ces princes, qui appartenait à une maison électorale, voulait que ses fils s’appliquassent de préférence à la connaissance des généalogies. Cette circonstance fut cause des recherches de Spener dans cette partie. Depuis 1659 jusqu’en 1662, il fit des voyages en Allemagne, en Suisse et en France. A Bâle, il étudia l’hébreu sous le fameux Buxtorf. A Lyon, il connut le P. Ménestrier, qui lui inspira du goût pour le blason, science que Spener transporta en Allemagne. Le sénat de Strasbourg lui avait destiné une chaire d’histoire ; en attendant qu’elle devînt vacante, on lui offrit, en 1662, un emploi secondaire de prédicateur. Il l’accepta et prit, en 1664, le grade de docteur en théologie, le jour même où il épousait Suzanne Erhard, fille d’un des premiers magistrats de Strasbourg. Bientôt il acquit une si grande réputation par son éloquence, par la pureté de ses mœurs et par sa piété qu’en 1666 le sénat de Francfort lui offrit la première place parmi les pasteurs de cette ville. Il n’accepta ni ne refusa une proposition si honorable, laissant aux chefs des deux républiques le pouvoir de disposer de lui. Ceux de Strasbourg décidèrent qu’il devait entrer dans la carrière qui s’ouvrait devant lui. Les vingt années de son séjour à Francfort furent les plus actives et les plus heureuses de sa vie. Il y posa les fondements de la révolution qu’il se crut appelé à opérer et s’y attira aussi des tribulations par un zèle que l’expérience ne lui avait pas appris à modérer. Le caractère particulier des théologiens luthériens de cette époque était une haine fanatique, moins pour l’Eglise dont ils s’étaient séparés que pour leurs confrères calvinistes, dont la croyance ne différait pas essentiellement de la leur. Cet esprit d’intolérance avait été inspiré à Spener par les professeurs de Strasbourg, ses maîtres : il en donna une preuve en désignant les réformés, dans un de ses sermons, comme les faux prophètes qui, d’après l’Evangile, sont des loups couverts de la peau de brebis. Les réformés, exclus par la constitution de toute participation au gouvernement de Francfort, y formaient cependant la classe la plus riche et la plus considérée de la bourgeoisie. Leur ressentiment contre le prédicateur indiscret lui attira des désagréments qui le corrigèrent. Il changea si complètement à cet égard qu’un des plus grands reproches que ses adversaires lui firent par la suite était la tolérance qu’il montrait envers les hétérodoxes. Dès lors il ne dirigea plus ses prédications que contre les vices, l’immoralité et les préjugés. La théologie des protestants à cette époque n’était qu’une vaine érudition scolastique, une science purement mondaine. Spener regardait la véritable théologie comme une lumière venue d’en haut, mais qu’on ne pouvait recevoir sans être régénéré par la foi et pénétré d’une véritable piété. Quoiqu’il eût approfondi toutes les parties de la philosophie, ou peut-être pour cette raison même, il voulait exclure de la théologie tout système philosophique et particulièrement celui d’Aristote ; il attribuait à la vogue de ce système la corruption qui avait envahi l’Eglise, l’intolérance et l’esprit querelleur de ses ministres, enfin la décadence du christianisme. Convaincu que les prédications, qui constituaient l’essence du culte protestant, ne peuvent produire beaucoup d’effet sur les masses, il institua chez lui, en 1670, des assemblées particulières, dans lesquelles, après des actes de dévotion, il répétait, d’une manière populaire et sommaire, le contenu de ses sermons et expliquait quelques versets du Nouveau Testament, sur lesquels il permettait à chaque auditeur de proposer avec simplicité des doutes et demander des éclair- cissements. Les femmes étaient admises à ces exercices de piété, mais elles ne pouvaient pas y prendre part directement ; elles étaient même soustraites à la vue du reste de l’auditoire. On appelait ces réunions des collèges de piété. Pendant l’espace de douze ans, ces collèges de piété subsistèrent sans donner lieu à des plaintes. L’époque de leur dégénération est celle oû, à la demande de plusieurs personnes des hautes classes de la société, on en étendit le cercle en les transférant dans une église. Les abus augmentèrent lorsqu’à l’exemple de la société de Francfort, il se forma des assemblées pareilles à Essen, à Schweinfurth, à Augsbourg et dans d’autres villes, quelquefois sans le concours des ecclésiastiques. Les pasteurs et les magistrats commencèrent à s’en inquiéter, et il s’éleva de tout côté des plaintes, sur lesquelles Spener n’eut pas de peine à se justifier. Poursuivant sans relâche le but qu’il s’était proposé, de corriger les mœurs de ses contemporains, il publia, en 1673, un livre intitulé Pia desideria, dans lequel il démontra la nécessité d’une réforme générale dans tous les états de la société, en s’arrêtant particulièrement aux ecclésiastiques dont les études n’étaient dirigées que pour faire briller les prédicateurs dans des disputes religieuses. Cet ouvrage n’était ni une satire ni une invective contre le siècle : c’étaient, comme le titre l’annonçait, les pieux désirs d’un homme de bien, qui pratiquait lui-même ce qu’il demandait aux autres. Ne se contentant pas de signaler le mal, il proposa les moyens de le guérir, et tout le reste de sa vie fut consacré à exécuter le plan de réforme qu’il avait médité. Il corrigea les mœurs et la doctrine, non qu’il touchàt au système de croyance qu’il trouva établi ; mais il changea la méthode d’enseignement, et, sans abolir les prédications, il sut les rendre utiles, en y joignant des leçons plus populaires. Malgré le grand nombre d’ouvrages de théologie et d’instruction religieuse qu’il publia pendant son séjour à Francfort, il trouva encore le temps de donner suite à des travaux d’une autre espèce, pour lesquels il avait pris du goût dans sa jeunesse. Le premier volume de son grand ouvrage généalogique sur les familles nobles européennes parut en 1668. Quoique imparfait, cet écrit fit époque. Ce fut depuis 1668 jusqu’en 1690 que Spener mit au jour les trois ouvrages par lesquels il devint le fondateur de la science héraldique en Allemagne. L’érudition dont ils sont pleins, la sagacité et la critique avec lesquelles une foule de questions historiques y sont discutées donnent encore aujourd’hui une grande valeur à ces compositions. Jean-Georges, électeur de Saxe, qui, dans ses campagnes, avait connu Spener, voulut l’attirer à son service. Avec la simplicité et la candeur qui le caractérisaient, Spener mit par écrit les motifs qui paraissaient lui imposer le devoir d’accepter ses propositions et ceux qui devaient le retenir à Francfort à la tète de son troupeau. Le sénat de Francfort, auquel il soumit cette espèce de consultation, ayant refusé de prononcer, Spener nomma un jury composé de cinq ecclésiastiques distingués, qu’il rendit arbitres de son sort. Ils déclarèrent qu’ils reconnaissaient le doigt de Dieu dans la détermination de l’électeur, le réformateur pouvant être plus utile sur ce nouveau théâtre qu’à Francfort. En conséquence, il accepta, en 1686, la place de prédicateur de la cour de Dresde, de confesseur de l’électeur et de membre du consistoire suprême. Il continua alors de travailler, par des écrits, des sermons et surtout par des instructions, à la réforme qu’il se croyait appelé à opérer ; mais, pendant son séjour à Dresde, il fut enveloppé dans deux disputes religieuses, dont l’une n’est pas sans importance pour l’histoire ecclésiastique, et l’autre a rendu Spener, bien malgré lui, chef de secte et presque hérésiarque. En contradiction avec le principe fondamental du protestantisme, qui exclut toute autorité en matière de religion (excepté la Bible), les luthériens d’Allemagne, pour maintenir une certaine conformité de doctrine, se sont vus obligés d’avoir recours à quelques formulaires, qu’ils appellent livres symboliques, parce qu’ils renferment leur croyance commune. Un pasteur de Hambourg s’avisa, en 1690, d’augmenter le nombre de ces symboles, en invitant quelques-uns de ses collègues à signer des reservales, par lesquelles ils s’engageaient sous serment à s’opposer à tous les novateurs, principalement aux adhérents de Jacques Boehm (voy. BŒHM) et aux chiliastes ou millenaires. Cette formule était indirectement dirigée contre Spener, qui penchait pour le mysticisme et pour l’opinion des millenaires. La prétention de quelques pasteurs d’imposer à leurs coreligionnaires un nouveau symbole était contraire à l’esprit du protestantisme et aux droits des gouvernements. Spener s’y opposa par un ouvrage qu’il publia, en 1691, sous le titre d’Indépendance des chrétiens de toute autorité humaine en matière de foi. La dispute de Spener avec les théologiens de Hambourg a contribué à répandre les principes de tolérance, en établissant la maxime que la liberté que les protestants se sont arrogée en matière de foi ne leur permet pas de condamner des opinions qui s’écartent de celles du plus grand nombre. La seconde dispute était plus personnelle à Spener. En vertu de sa charge, il exerçait une inspection sur les facultés de théologie des universités de Wittemberg et de Leipsick. Il s’était efforcé d’y changer l’enseignement, en engageant les professeurs à s’occuper de préférence de l’exégèse ou de l’interprétation des saintes Ecritures. D’après ses exhortations, quelques jeunes docteurs ou mettre ès arts de Leipsick instituèrent, en 1689, des cours bibliques, dans lesquels ces livres étaient interprétés en allemand, de manière qu’on s’attachait prin- cipalement à la morale qu’ils renferment. Les principaux, parmi ces instituteurs, étaient Aug.-Herm. Frank. (voy. son article), qui par la suite devint célèbre, Paul-Antoine et J.-Gasp. Schaden : le premier avait été commensal de Spener. La jeunesse nombreuse qui fréquenta ses cours se distingua à la vérité par des mœurs régulières et une grande assiduité aux exercices religieux, mais aussi par la sévérité avec laquelle elle se refusait les plaisirs et les amusements, même les plus innocents, et, il faut l’avouer, par une certaine affectation dans le costume et l’extérieur. On les désigna par le sobriquet de piétistes, et ils devinrent un objet de plaisanteries. L’espèce de persécution à laquelle ces disciples de Franke furent exposés en fit une secte qui s’est perpétuée jusqu’à nos jours (1)[1]. Jean-Benoît Carpzov, célèbre professeur de Leipsick, fut le premier qui écrivit contre les piétistes ; il attaqua indirectement Spener, qui avait perdu les bonnes grâces de l’électeur en lui adressant une lettre respectueuse et touchante, mais très-énergique, pour lui reprocher le débordement de ses moeurs. Jean-Georges, prévenu dès lors contre les nouveaux docteurs et contre Franke en particulier, défendit les réunions religieuses, que son ordonnance qualifie de conventicules, et témoigna sa haine contre le piétisme. Dans ces circonstances, Spener, pour manifester d’une manière solennelle son attachement aux principes du luthéranisme, soigna une réimpression de la Rodosophe ou dogmatique de son maître, le rigide Dannhauer, et il y joignit, en forme de préface, une diatribe sur les vices des études théologiques, ouvrage écrit à la fois avec force et avec mesure, dans lequel il approuve la méthode d’enseignement de ses disciples à Leipsick. Depuis ee moment, l’électeur ne lui permit plus de paraître devant lui, et il affecta même de ne pas assister à ses sermons, ce qui décida Spener à accepter, en 1690, la place d’inspecteur et premier pasteur à l’église de St-Nicolas, à Berlin. Son nouveau souverain, l’électeur de Brandebourg, ayant fondé, en 1692, l’université de Halle, la réforme proposée par Spener y fut complètement introduite. Franke, Antoine et Joachim Breithaupt, qui étaient aussi du nombre de ses disciples, y obtinrent des chaires de théologie ; un des plus profonds penseurs de son temps, Christ. Thomasius (voy. THOMASIUS), y fut également appelé. Halle devint alors le centre du piétisme, et tous les luthériens d’Allemagne se partagèrent en deux partis opposés (2)[2]. Les universités de la Saxe, s’arrogeant le titre d’orthodoxes, vouèrent au mépris le parti qui dominait à Halle et était nommé piétiste ou spenerien. Les docteurs de Wittemberg publièrent un ouvrage dans lequel ils dénoncèrent deux cent soixante-quatre thèses hérétiques, extraites des livres de Spener. Celui-ci se justifia avec une grande supériorité de talent par un gros volume in-4o, qu’il publia en 1695, sous le titre d’Accord véritable avec la confession d’Augsbourg. A Berlin, Spener eut le chagrin de voir s’élever une dispute religieuse qui, sans sa modération et sa prudence, aurait peut-être fini par une émeute populaire. Les réformateurs du 16e siècle avaient conservé, avec quelques modifications, la confession auriculaire comme une préparation à la communion et comme un moyen d’entretenir des rapports confidentiels entre les pasteurs et leurs ouailles. Schaden, qui de Leipsick avait été appelé comme prédicateur à Berlin, croyant avoir remarqué que le peuple se faisait illusion sur l’efficacité de l’absolution donnée par les pasteurs à leurs pénitents, se fit conscience de perpétuer cette erreur et refusa d’entendre la confession. Comme il trouva des partisans, il en résulta un schisme et une dispute extrêmement passionnée, à laquelle tout le peuple de Berlin prit part. Spener parvint cependant à calmer les esprits, en faisant décider qu’il serait libre aux fidèles de faire précéder la communion par une confession auriculaire ou de se passer de cette formalité. Cette décision, parfaitement conforme à l’esprit du protestantisme, qui n’admet pas l’absolution dans le sens de l’Eglise, fit successivement tomber la confession en désuétude. Frédéric-Auguste Ier, qui était parvenu, en 1694, à l’électorat de Saxe, pressa vainement Spener de venir reprendre ses anciennes fonctions à Dresde. Il ne voulut plus quitter Berlin, où il mourut le 5 février 1705, laissant une réputation bien établie de bonté, de candeur et de piété, ainsi que celle d’un savant profond, d’un écrivain éloquent et d’un grand théologien. Quelques-unes de ses opinions ne sont pas entièrement conformes aux livres symboliques des luthériens : celle qui, élevant la théologie au-dessus d’une science, en faisait une lumière intérieure, parut conduire au mysticisme, et il sembla se rapprocher de l’Eglise catholique par le mérite qu’il accordait aux bonnes œuvres. Ses idées sur une seconde venue du Christ formèrent tout à fait une nouvelle croyance. Il existe plusieurs biographies de Spener. Lui-même a laissé un précis manuscrit de sa vie, qui servit de base à une notice que son ami le baron de Canstein publia à la tête des Dernières Réponses théologiques de Spener. Cette notice fut réimprimée deux fois en 1740, savoir : à Halle, in-8o, avec des observations de Joachim Lange, et à Magdebourg, in-4o, avec beaucoup d’augmentations, par Jean-Adam Steinmetz. Le docteur Knapp en a inséré un extrait dans le Biographe, recueil qui parut à Berlin au com- mencement de ce siècle. Le tome 5 de la Biographie universelle de Jean-Math. Schroeckh, au volume 5, en contient une plus étendue, à laquelle on a joint le portrait de Spener (1)[3]. Il a laissé un grand nombre d’ouvrages de théologie en langue allemande, oubliés aujourd’hui, quoique plusieurs ne méritent pas ce sort. De ce nombre sont ses Réponses théologiques et consultations, qui parurent à Halle en 1700-1701, 4 vol., in-4o. Après la mort de l’auteur, Canstein y ajouta, en 1715, un cinquième volume, sous le titre de Dernières Réponses théologiques. Il avait aussi paru, en 1709, à Francfort, un volume in-4o, intitulé Consilia et judicia theologica latina. Ces six volumes forment la meilleure casuistique des protestants ; les cas qui y sont examinés ont tous été effectivement proposés à Spener. C’est par la lecture de ce recueil qu’on apprend à connaître la droiture et la bienfaisance de ce réformateur, auquel on a donné le titre de conseiller universel de l’Eglise protestante. Voici le titre de ses ouvrages historiques : 1° Sylloge genealogico-historica, e numero praecipuarum familiarum quibus suos principos Germania nostra debet, 12 exhibens, etc., Francfort, 1665, in-8o. Ces douze familles sont : Autriche, Oldenbourg, Palatine, Saxe, Hohenzollern-Brandebourg, Guelfe, Wurtemberg, Bade, Hesse, Mecklembourg et Poméranie, Ascannienne, Piats de Silésie. 2° Theatrum nobilitatis Europea, tabulis progonologicis praecipuorum in cultiori christiano orbe magnatum et illustrium progenitores 128, 64 aut 32, justo ordine repraesentatibus, Francfort, 1668-1678, 4 vol. in-fol. Spener ne remonte pas, dans cet ouvrage, à l’origine des familles ; il donne, selon les matériaux qu’il avait, ou trente-deux, ou soixante-quatre, ou cent vingt-huit ancêtres des deux sexes des princes ou chefs de famille vivant de son temps ; c’est-à-dire qu’il ne remonte qu’à la cinquième, la sixième ou septième génération. Ses tables sont des arbres généalogiques, ainsi nommées parce que la personne dont on veut prouver la naissance illustre occupe seule la ligne inférieure et forme le tronc d’un arbre dont les rameaux représentent ses ancêtres des deux sexes et les ancêtres de toutes les femmes, jusqu’à un certain degré, de manière qu’à la septième génération on voit, dans une même ligne, cent vingt-huit familles dont le sang circule dans les veines de celui qui est l’objet du travail. 3° Commentarius historicus in insignia serenissimae domus saxonicae, Francfort, 1668,in-4° ; 4° Insignium theoria, seu operis heraldic pars specialis, Francfort, 1680; - Pars generalis, 1690, 2 vol. in-fol., réimprimés en 1717, de manière que la partie générale précède; 5° Illustriores Galliae stirpes tabulis genealogicis comprehensae, ibid., 1689, in-fol. (1)[4]. ― Son fils, Jacques-Charles Spener, a laissé plusieurs ouvrages fort estimés : 1° Historia germanica universalis et pragmatica, 2 vol. in-8o ; 2° Notitia Germaniae antiquae, 1717, in-4o. Il mourut en 1730. S―L.


  1. (1) Le grand Frédéric les appelait les jansénistes du protestantisme, et disait qu’il ne leur manquait qu’un tombeau du diacre Pâris et un abbé Bercherand pour gambader comme ceux du cimetière de St-Médard. Voy. Sur cette secte les Mélanges de philosophie, d’histoire, etc. (suite des Annales catholiques, t. 10, p. 173, et surtout l’Histoire des sectes religieuses, par Grégoire, t. 1er, p. 293.
  2. (2) L’école wolfienne, dit Grégoire, combattit le piétisme et se porta elle-même à un excès contraire en combattant la religion.
  3. (1) Le réveil en Prusse, des doctrines piétistes a amené, depuis une trentaine d’années, la publication de nombreux ouvrages relatifs à Spener. Nous signalerons les livres de W. Hossbach, Spener und seine Zeit (Spener et ses contemporains), Berlin, 1828, 2 vol. in-8o ; 2e édition, 1853, 2 vol. in-8o, augmentée par G. Schweder. Plannenberg, Spener, père de l’Eglise de l’Allemagne évangélique, Berlin, 1853 ; de A. Wildenhahn, Spener, eine Geschichte vergangener Zeiten für die unsere (Spener, histoire des temps passés destinés à l’instruction de l’époque actuelle), Leipsick, 1842, 2 vol. ; 2e édit. Augmentée, 1847, 2 vol. in-8o (trad. En hollandais et en suédois). Nous laissons de côté divers autres écrits moins considérables.
  4. (1) L’auteur de cet article ne connaît le dernier ouvrage que par des catalogues.