Biographie universelle ancienne et moderne/2e éd., 1843/WOELFL (Joseph)

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P. ot
Texte établi par Michaud, A. Thoisnier Desplaces (Tome 45p. 4).

WOELFL (Joseph), pianiste et compositeur, naquit à Saltzbourg en 1772, et étudia les éléments de la musique dans sa ville natale, où il eut l’avantage de compter parmi ses maîtres Léopold Mozart et Michel Haydn. Au commencement de 1794, il se mit à voyager et dirigea sa course vers la Pologne, dont la capitale l’arrêta quelque temps. Il fit un séjour plus long à Vienne, où, en 1795, il donna son premier opéra (le Hollenberg), et jeta ainsi les fondements de sa réputation. Il parcourut ensuite l’intérieur de l’Allemagne, s’arrêtant de temps en temps dans les villes principales et y donnant des concerts qui bientôt attirèrent une foule extraordinaire. Il avait ainsi visité Prague, Dresde, Leipsick, Berlin et Hambourg, lorsqu’en 1799 il partit pour l’Angleterre, où il reçut encore un accueil plus distingué et où son jeu brillant, léger et suave, excita l’enthousiasme. Venu en France deux ans après, 1801, il passa à Paris pour le pianiste le plus extraordinaire de l’Europe, et entendit ses louanges retentir dans toutes les feuilles publiques ainsi que dans les salons. Il fut placé comme maître de musique auprès de l’impératrice Joséphine. Après la chute de l’empire, il se rendit en Suisse ; mais, y trouvant peu de ressources, il passa en Angleterre, où il ne fut point plus heureux. Habitué longtemps à une existence luxueuse, et doué de cette imprévoyance qui est assez fréquente chez les artistes, il tomba dans la misère et mourut vers la fin de 1814, vivement regretté de tous les amis de l’art musical. En effet, quoique la principale partie de sa gloire, et surtout de ses richesses, fût due à la brillante facilité de son exécution, il avait un talent estimé comme compositeur, et a produit un très-grand nombre de morceaux. Cinq seulement ont été destinés au théâtre, ce sont : 1° le Hollenberg, opéra, Vienne, 1795 ; 2° la Belle Laitière, opéra-comique, Vienne, 1797 ; 3° la Tête sans homme, opéra-comique, Vienne, 1798 ; 4° le Cheval de Troie, opéra-comique ; 5° enfin, l’Amour romanesque, opéra comique, Paris, 1804. La musique de cette bluette fut généralement goûtée : on s’accorda à y trouver des chants purs, des accompagnements riches et de bon effet, de la science et de la grâce dans les modulations. Le reste des œuvres de Woelfl ne se compose, à l’exception d’une bonne méthode de piano (School fort the piano-forte), que de musique de salon ; mais on n’en compte pas moins de cinquante. Les principaux sont des trios, duos, concertos et sonates, parmi lesquels l’œuvre 23 (trois grands trios pour le clavecin, violon et violoncelle), l’œuvre 41 (Non plus ultra, grande sonate pour P.-F.) et l’œuvre 49, dédiée à madame Ferrari, méritent une mention des plus honorables. On entend aussi avec plaisir une foule de variations, riches et élégantes broderies qu’il a jetées sur des chants favoris, tirés d’opéras italiens et allemands, entre autres celle sur deux airs du Labyrinthe et sur l’ariette La stessa, la stessissima.P—ot.