Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 3, 1886.djvu/Le Rat et la Rate

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I

le rat et la rate[1]



Il y avait, une fois, un rat et une rate. Un jour, le Rat dit à la Rate :

— « Rate, fais de la bouillie de maïs. Je m’en vais dehors. Quand la bouillie sera cuite, tu m’appelleras. »

Le Rat s’en va dehors. Il attend longtemps, bien longtemps. Mais la Rate ne l’appelle pas.

— « Mon Dieu ! Que fait donc la Rate ? La Rate achève-t-elle de faire la bouillie ? La Rate est-elle tombée dans le chaudron ? Allons voir. »

Le Rat rentre à la maison. Il cherche, il cherche partout.

— « Mon Dieu ! Où est la Rate ? »

La Rate n’est nulle part.

Il cherche, il cherche partout. Enfin, il trouve la Rate dans le chaudron, où elle était tombée en faisant la bouillie.

Alors, le Rat se met à pleurer.

— « Qu’as-tu, Rat ? dit la quenouille.

— Je pleure parce que la Rate est morte.

— Rat, puisque la rate est morte, je peux bien quenouiller[2].

— Qu’as-tu, Rat ? dit la crémaillère.

— Je pleure parce que la Rate est morte.

— Rat, puisque la rate est morte, je peux bien crémaillèrer.

— Qu’as-tu, Rat ? dit la marmite.

— Je pleure parce que la Rate est morte.

— Rat, puisque la rate est morte, je peux bien marmiter.

— Qu’as-tu, Rat ? dit le banc.

— Je pleure parce que la rate est morte.

— Rat, puisque la Rate est morte, je peux bien banquer.

— Qu’as-tu, Rat ? dit la porte.

— Je pleure parce que la Rate est morte.

— Rat, Puisque la rate est morte, je peux bien porter.

— Qu’as-tu, Rat ? dit la fenêtre.

— Je pleure parce que la Rate est morte.

— Rat, puisque la Rate est morte, je peux bien fenêtrer.

— Qu’as-tu, Rat ? dit le chat.

— Je pleure parce que la rate est morte.

— Rat, puisque la Rate est morte, je peux bien miauler. »

Quand le chat miaula, la Rate, qui n’était pas morte, sauta hors du chaudron.

— « Si la Rate n’est pas morte, je ne puis plus miauler, dit le chat.

— Ni moi fenêtrer, dit la fenêtre.

— Ni moi porter, dit la porte.

— Ni moi banquer, dit le banc.

— Ni moi marmiter, dit la marmite.

— Ni moi crémaillèrer, dit la crémaillère.

— Ni moi quenouiller, dit la quenouille. »

Le Rat et la Rate mangèrent la bouillie de bon appétit[3].

  1. Femelle du rat.
  2. Je suis forcé de forger les verbes, imprimés en italique, pour traduire leurs correspondants en gascon.
  3. Dicté par Catherine Sustrac, de Sainte-Eulalie, commune de Cauzac (Lot-et-Garonne).