Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 3, 1886.djvu/Les Trois Chasseurs

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VIII

les trois chasseurs



Il y avait, une fois, trois chasseurs.


Deux étaient nus. L’autre n’était pas vêtu.

Ils avaient trois fusils.

Deux n’étaient pas chargés. L’autre n’avait rien dedans.

Ils partirent avant le jour, et s’en allèrent loin, loin, loin, encore plus loin.

Proche d’un bois, ils tirèrent trois lièvres, et en manquèrent deux.

Le troisième leur échappa. Ils le mirent dans la poche du chasseur qui n’était pas vêtu.

— « Mon Dieu, disaient-ils, comment donc ferons-nous cuire le lièvre qui nous a échappé ? »

Alors, les trois chasseurs repartirent.

Ils s’en allèrent loin, loin, loin, encore plus loin.

Enfin, ils arrivèrent à une maison, où il n’y avait ni murs, ni toiture, ni portes, ni fenêtres, ni rien.

Les trois chasseurs frappèrent trois grands coups à la porte.

— « Pan ! pan ! pan ! »

Celui qui n’y était pas répondit :

— « Plaît-il ? Que voulez-vous ?

— Ne nous rendriez-vous pas un service ? Ne nous prêteriez-vous pas une marmite, pour faire cuire le lièvre qui nous a échappé ?

— Mon Dieu, Messieurs, nous n’avons que trois marmites. Deux sont défoncées, et l’autre ne vaut rien[1]. »

  1. Fourni par Jean Testas, d’Agen, alors âgé de soixante-quinze ans.